Dialogue Constitutionnel: à l’hôtel Venus, le discours de Bernard Kayumba a mis d’accord!

Le Président du PANECO Bernard Kayumba faisant le discours d’ouverture.

DISCOURS DU PRESIDENT NATIONAL DUPANECO
Honorable Président de lAssemblée Nationale,
Honorable Président du Sénat,
Honorables Députés,
Honorables Sénateurs,
Excellences Messieurs et dames les Ministres,
Messieurs les Diplomates,
Excellence Monsieur le Gouverneur de la Ville de Kinshasa,
Monsieur le bourgmestre de la commune de la Gombe,
Mesdames et Messieurs les présidents des partis politiques,
Mesdames et Messieurs les cadres et militants du PANECO,
Distingués invités,
Mesdames, messieurs,
Chers compatriotes,
Permettez-moi, au nom du Parti du Nouvel Elan du Congo, PANECO, et en ma qualité de Président National, de vous remercier pour votre présence remarquable dans ce beau cadre de lHôtel Venus en ce jour mémorable de notre marche en tant que parti politique en République Démocratique du Congo. Votre présence est un honneur pour le PANECO et revêt une connotation patriotique et diplomatique dune éloquence exemplaire à plus dun titre qui couronne lorganisation de la Conférence-débat lancée par le PANECO sur la Loi Fondamentale du pays, nous citons la Constitution.
En ce grand jour, car grand ce jour lest à plus dun titre, le PANECO, Parti du Nouvel Elan du Congo, a souhaité partager avec vous sa naissance politique autour de la réflexion sur sa conviction politique exprimée dans le Dialogue constitutionnel afin den déceler les articles ou dispositions qui fâchent et autour desquelles toute la classe politique saccorde pour la refonte.
Il est cependant vrai que la constitution actuelle est plus lémanation de lexpertise étrangère que locale ne tenant donc pas suffisamment compte de réalités nationales, de notre culture, de notre passé et sans consultation populaire adéquate, donc un greffon rédigé du point de vue des belligérants et des étrangers, une conspiration des politiciens contre le peuple congolais. Dautres reprochent à notre constitution de nêtre que la petite fille de la constitution française du 4 octobre 1958, ou un texte des compromis des formes mixtes, hybrides, caméléons, parfois ambiguës, une constitution bâtarde issue des croisements impurs. Certaines sommités intellectuelles et constitutionnalistes disent que la RDC na presque pas de Constitution et que celle-ci nexprime rien qui relève de ses réalités locales ou nationales.
A lissue dune analyse approfondie de notre constitution, beaucoup saccordent à dire que les crises récurrentes que connaît la RDC trouvent leur origine dans les textes constitutionnels depuis les textes fondateurs de la nation congolaise dont on déplore le manque didentité et la facilité dêtre violés par les politiques ; doù lurgente nécessité de débattre des questions essentielles afin dextirper de la Constitution actuelle élaborée dans un environnement politique, économique et social post-conflit, les tares et doter ainsi la RDC dun nouveau texte qui intègre les valeurs culturelles locales ainsi que les aspirations profondes du peuple sur fond dun consensus.
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Dans son Nouvel Elan, le PANECO estime quau regard du contexte sociopolitique que traverse le pays, il est bien sage décarter tout dialogue qui se limiterait aux intérêts des individus politiques en mal de positionnement, mais plutôt laménagement à fond de toutes les questions essentielles traitées de manière superficielle, épidermique lors de lélaboration de la constitution en cours et de beaucoup dautres antérieures, celles-ci devant servir de repères et didentités pour le peuple congolais.
Il nous revient de constater que les dialogues, les accords, les consultations et les conciliabules antérieurs se sont déroulés et clôturés sans avoir jamais consulté le peuple de la manière qui puisse intégrer les intérêts du souverain et constituant originaire, seuls les intérêts des politiciens étaient pris en compte au nom du peuple, un peuple réductible aux poches des politiciens. Est-il correct de continuer à parler, sans mandat, au nom du peuple souverain qui ne serait bon que pour la rue, les manifestations, les pillages, la mort?
Cest ainsi quà chaque occasion, il sen suit un gouvernement aux diverses appellations : Gouvernement de salut public, gouvernement des missions, gouvernement de large union nationale, gouvernement de combat, gouvernement de cohésion nationale, gouvernement de cohabitation, etc.
Il savère impérieux de souligner que dans notre système politique, le peuple dit souverain primaire est formellement garanti de ses prérogatives par la Constitution sous le chapitre des droits civils et politiques, à larticle 5. Cest le noyau dur des dispositions constitutionnelles avant toute chose.
Chers compatriotes,
Bien que sa valeur intrinsèque soit indiscutable, le pouvoir constituant doit prévaloir sur les justifications de la démocratie. Dès lors que son exercice peut affecter la stabilité, la continuité, la culture constitutionnelle, tout est fait dans lintérêt du peuple.
Lenjeu politique et social du dialogue constitutionnel, cest de parvenir à cet objectif. Mais, comment ?
Chers compatriotes,
Au-delà dêtre un autre dialogue pour le partage de pouvoir, quel est lintérêt dêtre ou le bien-fondé du dialogue constitutionnel?
Pour dire la chose en deux mots, le droit du peuple est dabord un outil de correction des imperfections de la démocratie représentative. Le dialogue constitutionnel permet au peuple souverain dexprimer son approbation ou sa réprobation des dispositions constitutionnelles après plus 10 ans dexercice.
Lon retiendra de ce fait que le dialogue constitutionnel contribue à la structuration du jeu politique en République Démocratique du Congo.
Dans une démocratie, le peuple a le droit de penser, le peuple a le droit de réfléchir pour partager ses opinions et les défendre. Le peuple a le droit de trancher par lexpression de son suffrage; le peuple doit conserver le droit de contester ou dapprouver la conduite constitutionnelle. Le peuple a même le droit dassurer, par tout moyen, la défense de tous ses droits.
Chers compatriotes,
Cest pour ces raisons que, depuis la naissance du PANECO, aucune démarche politique engagée na emporté notre conviction républicaine autant que celle que nous avons lavantage de porter par le dialogue constitutionnel.
A la lumière de ce qui précède, la dimension du pouvoir constituant, dune part, confère, au dialogue constitutionnel, sa place parmi les valeurs qui fondent la démocratie et dautre part, sa charge historique dans la consolidation de notre constitution en fait une exigence permanente inaliénable.
Et par la voie de conséquence, la population ne peut solder ni bazarder son pouvoir, à vil prix, et sa participation à la gestion de la République à cause des caprices politiques et du dictat de quelques individus en mal de positionnement. Elle ne peut pas non plus abandonner ses prérogatives constitutionnelles au profit de seuls professionnels de la politique ou des élus du peuple. Ceux et celles qui le font naviguent à contre courant des aspirations profondes du peuple, méprisent et foulent au pied, non seulement la constitution mais également les intérêts légitimes du peuple et gênent, la paix, bloquent les investissements ainsi que les opportunités demploi pour la jeunesse et la bonne marche du pays vers le progrès.
Chers compatriotes,
Lon comprendra que lenjeu constitutionnel et le positionnement politique se mesurent depuis lindépendance en 1960 à la crise constitutionnelle actuelle en 2017.
Il se fait malheureusement que chaque constitution antérieure a eu une fin tragique dans le sang. Serait-il politiquement et moralement sage pour les politiques congolais de retarder le traitement dune tumeur cancéreuse constitutionnelle et la soumettre au départ dune personne exposant ipso facto le peuple au suicide national ? Et de quel droit le feraient-ils si ce nest le produit hétérogène des intrusions dont souffre notre pays ?
Il existe cependant une catégorie dhommes politiques qui se travaillent à torpiller tous les efforts du processus démocratique et sarrogent le droit dune singularité insultante à légard du peuple souverain pour rejeter tout ce qui relève de la Constitution du pays au profit de leur dictat et des intrusions et ingérences intempestives des maîtres extérieurs.
Tantôt ils instrumentalisent le peuple à combattre la constitution comme en 2005, tantôt ils lincitent à défendre la même constitution au prix de la mort avec les slogans : touche pas à ma constitution, touche pas à mon article 220. Les politiques qui dictent pareille position au peuple en ont-ils reçu mandat ? Et aujourdhui encore, en dépit de la Constitution dont le pouvoir constituant est lélément fondamental, il est toujours difficile de lexercer en République Démocratique du Congo. Comment alors pense-t-on diriger le pays demain lorsque lon a eu le toupet singulier den saboter tout larsenal constitutionnel  et planter ainsi le décor du désordre par des propos comminatoires ou menaces, des manques dégards, des incartades, des écarts de langage, des injures?
Chers compatriotes,
Nous voulons bien vous assurer, au nom du PANECO, que cest un véritable combat politique que de reconnaître au peuple son pouvoir sur les questions politiques sensibles et essentielles de son existence, et ce, sans atermoiements ni subterfuges, loin de toute ingérence ni calculs politiques des geôliers du souverain primaire qui doit trouver son intérêt dans la refonte de la constitution actuelle afin que lon tienne compte de lui et de ses aspirations pour taire les crises à répétition.
Il est bien vrai que le pouvoir du peuple confié aux députés et sénateurs se transforme de plus en plus en une épée de Damoclès suspendue sur la tête du même peuple soucieux d’évaluer sa propre constitution mais qui sen trouve interdit par une frange de la population sans mandat et au mépris des dispositions constitutionnelles.
Chers compatriotes,
Le PANECO prend la responsabilité civique et politique dinitier le dialogue constitutionnel pour répondre aux défis que soulève la situation déplorable de la démocratie représentative dans notre pays et dont le dictat et les gesticulations politiques effacent le peuple souverain désormais pris en otage par sa classe politique. Il sagit de traduire ici, plus que jamais, la proclamation constitutionnelle du pouvoir constituant comme parent de la constitution.
Cest également une source dabus de pouvoir, car, dans la pratique, contrairement à la volonté des acteurs politiques, le pouvoir constituant ne connaît pas dobstacle dans la révision des matières, intangibles soient-elles dans la constitution. Il peut se prononcer sur le contenu de toute la constitution, à tout moment, sans que personne ne sarroge le droit singulier de len interdire.
Le peuple souverain, auteur naturel et légitime de sa constitution, ne devrait donc pas se laisser prendre en otage par ceux ou celles qui règlent le monde sur eux au point de névoquer la constitution que dans les dispositions qui répondent à leurs appétits gloutons et de lui substituer aux accords et conciliabules politiques sans aucun fondement juridique et aux objectifs malencontreusement tournés contre le peuple pourtant souverain.
Chers compatriotes,
Lidée du dialogue constitutionnel vise six objectifs majeurs :
Démontrer le manque de consensus sur la constitution actuelle ;
Reconnaître le besoin urgent de la révision constitutionnelle pour sauver la nation du dictat des politiciens;.
Faire remarquer la division entre acteurs sur la démarche à suivre ;
Indiquer les voies de sortie de crise ;
Etablir la différence avec les autres dialogues et accords;
Identifier les dispositions constitutionnelles faibles, ambiguës et conflictuelles pour éviter linsécurité constitutionnelle exploitée par les acteurs pour leur positionnement politique égoïste et égocentrique charriant les injustices sociales, lexploitation et limpunité.
En plus de lobligation à garantir les intérêts du peuple souverain longtemps marginalisé dans nos villages et qui naccède à aucun dividende de la paix, la constitution de la RDC devrait intégrer les accords régionaux, les engagements internationaux au regard des enjeux majeurs inhérents à la fondation même de la nation congolaise et aux mutations multiformes en cours dans le monde pour une paix durable et de nouvelles formes de coopération internationale mutuellement avantageuses dans des partenariats plutôt responsables..
 
Lon ne saurait nullement perdre de vue que les Congolais de létranger, entendez, Congolais de la diaspora, sont victimes de nos textes constitutionnels, dune discrimination intolérable dans leur propre pays mais quils sont cependant mieux reconnus et traités dans les pays daccueil au prix de la naturalisation. La RDC ne perdelle pas ainsi des sources de financement qui proviendraient de ses citoyens pour contribuer efficacement au développement du pays à linstar dautres nations, lorsque lon sait que la naturalisation est le plus souvent circonstancielle ?
Il y a donc autant de dispositions à revisiter pour motiver davantage la diaspora congolaise et lui permettre de contribuer activement au développement de notre pays à linstar de la diaspora dautres pays du monde. Il est donc temps, grand temps, vraiment grand temps pour revoir le statut de nos frères et surs congolais qui sont traités comme des étrangers sur leur propre territoire, la terre de leurs ancêtres. Ces Congolais seraient-ils des poissons qui auraient soif dans leau ? Et si les Noirs américains se déterminaient à regagner le bercail, quel serait leur sort : la discrimination ou lintégration?
Et pour conclure, nous faut-il désormais que nous comprenions que le pouvoir du peuple traduit par le dialogue constitutionnel nest pas un cadeau de la part des acteurs politiques, ni une offrande attendue des députés nationaux. Cest plutôt un droit fondamental au même titre que le droit à la vie que doit garantir le rôle stabilisateur de lEtat dans la préservation des valeurs éthiques et démocratiques indispensables à assurer un avenir radieux à notre pays.
Le peuple congolais et les partenaires bilatéraux, multilatéraux seraient-ils plus motivés dans un système unitariste ou dans un système fédéral, un régime présidentiel, semi-présidentiel ou parlementaire et lequel garantirait le mieux les intérêts du peuple à la base et le respect des engagements internationaux?
Puisse lhistoire du pays nous inspirer pour construire notre propre avenir, aujourdhui et non demain. Cest la raison majeure de lorganisation de cette conférence-débat qui va à coup sûr susciter des échanges qui puissent contribuer à doter la nation dune bonne constitution et dont les conclusions seront portées à la connaissance des autorités compétentes pour la suite.
 
Que vive la République Démocratique du Congo !
Que vivent les dirigeants du pays !
Que vive le Parti du Nouvel Elan du Congo !
Je vous remercie
Bernard KAYUMBA
PRESIDENT NATIONAL

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