Tanzanie: 20 personnes arrêtées pour homosexualité à Zanzibar

En Tanzanie, 20 personnes accusées d’homosexualité ont été arrêtées à Zanzibar par la police alors qu’elles suivaient un atelier de sensibilisation sur le sida organisé par une ONG dûment accréditée, a-t-on appris ce week-end. L’archipel semi-autonome fait partie de la Tanzanie où l’homosexualité est sévèrement réprimée.

Vingt personnes accusées d’homosexualité, dont douze femmes, ont été arrêtées à Zanzibar, a annoncé samedi la police de cet archipel semi-autonome qui fait partie de la Tanzanie, où l’homosexualité est sévèrement réprimée.
« Ces personnes sont impliquées dans des activités homosexuelles. Nous les avons arrêtées et nous sommes en train de les interroger. La police ne peut pas fermer les yeux sur cette pratique », a déclaré samedi sur la télévision gouvernementale tanzanienne TBC1, le commandant régional de la police, Hassan Ali Nasri. Le responsable n’a pas précisé la date de ces arrestations, mais il a indiqué que douze femmes et huit hommes étaient concernés.
Selon la chaîne de télévision nationale, les interpellations ont eu lieu dans un hôtel où les personnes arrêtées suivaient une formation de l’ONG internationale Bridge Initiative, officiellement enregistrée par le gouvernement de Zanzibar pour dispenser des programmes d’éducation à la lutte contre le sida.
Durcissement
L’homosexualité masculine est sévèrement réprimée en Tanzanie et peut conduire parfois la prison à vie. Et si, jusque-là, il y avait une relative tolérance, depuis un an les autorités ont adopté une farouche rhétorique antigay.
Au début de l’année, la ministre de la Santé Ummy Mwalimu avait menacé de livrer à la vindicte populaire une liste de personnalités et d’artistes supposées pratiquer l’homosexualité.
A la même époque, des descentes de police dans des night-clubs de Dar Es-Salaam avaient visé des membres de la communauté LGBT, relâchés peu après, faute de preuves.
Dans la foulée, les autorités tanzaniennes ont été jusqu’à interdire l’importation et la vente des gels lubrifiants, pourtant utiles comme complément de prévention de lutte contre la transmission du VIH, que ce soient dans les rapports hétéro ou homosexuels.
Puis en février, la ministre de la Santé a ordonné la fermeture d’une quarantaine de centres de santé, spécialisés dans la lutte contre le sida, accusés de promouvoir l’homosexualité. Cette décision avait été critiquée ouvertement par les Etats-Unis.
Le vice-ministre tanzanien de la Santé, Hamisi Kingwangalla, a assuré vendredi 15 septembre devant le Parlement que le pays allait poursuivre sa lutte contre l’homosexualité. « Nous luttons de toutes nos forces contre tous les groupes soutenant l’homosexualité dans notre pays », a assuré le vice-ministre.
Le nombre de personnes infectées par le VIH en hausse
Le gouvernement tanzanien a aussi promis ces derniers mois que les étrangers défendant les droits des homosexuels seraient expulsés du pays.
Cette répression au nom de la morale inquiète les agences internationales de santé publique. Un récent rapport, publié la semaine dernière, fait état d’une remontée très inquiétante du nombre de personnes infectées par le VIH en Tanzanie, soit plus 35 % ces deux dernières années.
Rappelons que l’homosexualité est illégale dans 38 des 54 pays d’Afrique et est passible de la peine de mort en Mauritanie, Soudan et Somalie, selon Amnesty International.
Avec AFP

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