Un ajustement du prix du lait au niveau de la production sera opéré prochainement en Tunisie pour garantir la pérennité de la filière laitière locale confrontée à une hausse des coûts de production, exacerbée par un stress hydrique persistant.
Selon le ministre tunisien de l’Agriculture, Abdelmonem Belati, qui s’exprimait lors d’une rencontre avec les agriculteurs à Mahdia (centre-est de la Tunisie), cette mesure vise à soutenir les professionnels de la filière face aux défis de la sécheresse et l’inflation et préserver le cheptel bovin dans le pays.
Et d’ajouter que les autorités œuvrent actuellement à l’importation des fourrages afin de couvrir la demande sur le marché local, expliquant que la pénurie à ce niveau est due essentiellement à la baisse de la récolte dans les régions tunisiennes productrices.
Pour les professionnels de la filière laitière, cet ajustement devrait être opéré d’urgence pour aider les agriculteurs à rétablir la rentabilité de leurs activités et éviter l’effondrement de la filière laitière.
Dans une déclaration à la presse, le vice-président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Chokri Rezgui, a fait remarquer que les demandes des agriculteurs sont dues à plusieurs raisons, notamment la situation de la sécheresse qui a entraîné une hausse des prix des produits fourragers ainsi que ceux allouées à l’engraissement.
Les éleveurs des vaches vendent un litre de lait aux collecteurs et aux industriels à 1,35 dinars (1 euro = 3,3 dinars), ce qui peut menacer la filière de l’effondrement à cause de la hausse du coût de production et conduire ainsi à la faillite des éleveurs, a-t-il mis en garde.
Selon Rezgui, la filière de vaches laitières compte 450 mille têtes, selon les dernières données, contre 670 mille têtes, enregistrés au cours des trois dernières années, ce qui est de nature de perturber la filière laitière.
Les Tunisiens ont vécu récemment au rythme de pénuries tous azimuts touchant de nombreux produits de grande consommation, dont le lait qui a quasiment disparu des grandes surfaces durant certaines périodes, sur fond de ruptures d’approvisionnement et de production.
La Tunisie subit sa cinquième année consécutive de sécheresse, ce qui s’est traduit par une baisse inquiétante des niveaux de remplissage des barrages (30% en mai) à travers le pays.
L’indicateur de stress hydrique dans le pays est passé de 66% en 2000 à 109% en 2020 alors que la disponibilité de l’eau poursuit sa baisse depuis plusieurs années pour atteindre 355 m3/habitant/an en 2021, soit le tiers de la norme internationale d’aridité (1000m3/habitant/an).
Les autorités tunisiennes ont annoncé, en mars dernier, des restrictions dans l’approvisionnement et l’utilisation de l’eau potable destiné aux activités agricoles et les particuliers pour faire face aux effets de la sécheresse et un déficit pluviométrique alarmant.
Avec MAP