Après avoir été lâché par l’armée, le Rassemblement national démocratique (RND), parti allié à Abdelaziz Bouteflika, a réclamé mercredi la démission de l’actuel président.
Après que le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah a proposé mardi 26 mars de déclarer le président Abdelaziz Bouteflika inapte, c’est au tour du Rassemblement national démocratique (RND), principal parti allié du Front de libération nationale (FLN) d’Abdelaziz Bouteflika, de demander sa démission.
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Dans un communiqué reçu par l’AFP et signé par son secrétaire général, l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia récemment limogé, le RND « recommande la démission du président de la République […] dans le but de faciliter la période de transition ».
Gaïd Salah, un fidèle de Bouteflika
Pour sortir le pays pétrolier de la crise, ce fidèle d’Abdelaziz Bouteflika a prôné le lancement de la procédure prévue par l’article 102 de la Constitution, applicable quand le président de la République « pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions » ou en cas de démission.
« Il devient nécessaire, voire impératif, d’adopter une solution pour sortir de la crise », a déclaré le général Gaïd Salah, nommé en 2004 par le chef de l’État à la tête de cette puissante institution. Il a prôné une solution répondant aux « revendications légitimes du peuple », conforme à la Constitution et garantissant la « stabilité de l’État ».
Cette « solution à même d’aboutir à un consensus […] et de faire l’unanimité de toutes les parties, est celle stipulée par la Constitution, dans son article 102 », a poursuivi le chef d’état-major dans un discours prononcé lors d’une de ses régulières visites auprès d’unités sur le terrain et diffusé à la télévision nationale.
« Empêchement »
L’article 102 de la Constitution stipule que le président du Conseil de la Nation [chambre haute] exerce l’intérim en cas « d’empêchement » du chef de l’État quand, « pour cause de maladie grave et durable », il « se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions ».
Ce sont les deux Chambres du Parlement, qui sur proposition du Conseil constitutionnel, votent à la majorité des deux tiers « l’état d’empêchement ».
Si « l’empêchement » se poursuit au-delà de 45 jours, le pouvoir est déclaré vacant. L’intérim se poursuit alors pendant 90 jours maximum, durant lesquels une présidentielle est organisée.
L’article 102 prévoit également cette procédure de « vacance » en cas de démission du président de la République.
La pression de la rue
Âgé de 82 ans et au pouvoir depuis 1999, le président Bouteflika est affaibli par les séquelles d’un accident vasculaire cérébral qui, depuis 2013, l’empêchent de s’adresser de vive voix aux Algériens et rendent rares ses apparitions publiques.
Désormais, la décision revient au président lui-même, s’il choisit de démissionner, ou au président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaiz, un autre proche du président à qui il revient de lancer la procédure permettant de déclarer le chef de l’État inapte à exercer ses fonctions.
La contestation en Algérie, pays membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a été déclenchée le 22 février par des manifestations massives contre l’annonce de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat.
Face à la pression de la rue, le président algérien a renoncé à cette candidature, mais a reporté la présidentielle prévue le 18 avril 2019, prolongeant son actuel mandat jusqu’à un scrutin devant être organisé à une date incertaine, après une « Conférence nationale » chargée notamment d’élaborer une nouvelle Constitution. Une solution totalement rejetée par les manifestants.