Au terme de la crise, le gouvernement leur avait promis une compensation financière et une réinsertion professionnelle contre leur démobilisation. Ils n’en ont jamais bénéficié et avaient décidé de rester dans les cités universitaires. Ces dernières années, ils ont progressivement quitté ces bâtiments, qui depuis sont restés à l’abandon.
>> Lire aussi sur les Observateurs de France 24 (2015) : Les cités universitaires d’Abidjan, toujours squattées par des « hommes en tenue »
« Ceux qui ne peuvent pas se loger à Abidjan dorment dans les amphis et attendent le week-end pour rentrer dans leur famille »
Cela fait longtemps que les étudiants attendent la réhabilitation des anciennes cités universitaires. Pour ma part, je suis en médecine et le tronc commun, avant le concours de première année, se fait uniquement à l’université Nangui Abrogoua. Les étudiants viennent donc d’un peu partout dans le pays. Mais face à l’absence de cités universitaires pour loger tout le monde, chacun doit faire en fonction de ces moyens. Ceux qui ne peuvent pas se loger à Abidjan dorment dans les amphis et attendent le week-end pour rentrer dans leur famille. On les appelle les « Kosso ».
D’autres habitent à Abidjan et aux alentours, mais ne peuvent pas se permettre de faire le trajet, long et coûteux, tous les jours. C’est mon cas. Depuis mon quartier, je peux mettre jusqu’à deux heures pour aller à l’université avec les embouteillages dans la ville. Parfois, je dois même finir le chemin à pied à cause des bouchons. On part à 6 h du matin pour un cours à 9 h, et en plus on doit payer chaque fois pour le trajet : en bus ou en voitures partagées.Photos envoyées par notre Observateur dans un amphi de l’université Nangui Abrogoua (mai 2019).Et sur place, les conditions ne sont pas très bonnes. On a du mal à travailler. On mange et on dort dans les mêmes salles que celles où on a cours le lendemain. On essaie de nettoyer pour ne pas laisser traîner de la nourriture, mais l’hygiène reste minimale. Il est interdit de ramener des matelas car il n’y a pas où les stocker après.
Donc on dort par terre, sur les bancs… Pour aller se laver, c’est aussi compliqué. Les toilettes sont insalubres, impraticables, à mon avis on peut y attraper des maladies ! Parfois, on attend la tombée de la nuit pour aller se rincer dehors un peu. D’autres se lavent dans les lavabos, ou ne se lavent pas.
Nos affaires sont entassées devant les toilettes, parce qu’on n’a pas où les mettre. On est censés être les futurs cadres de la santé, on nous fait croire que tout ira mieux, mais j’ai juste l’impression que cela gâche notre scolarité. Heureusement, entre nous, l’ambiance est solidaire.
Le même mois, le directeur général du Centre régional des œuvres universitaires d’Abidjan (Crou-A), Jean Blé Guirao, avait également annoncé la livraison au mois de juin 2019 de quatre cités universitaires en réhabilitation dans le district d’Abidjan. Notre rédaction a contacté le Crou-A pour plus de précisions. Nous publierons leur réponse dès qu’elle nous parvient.
En 2015, des images d’étudiants en train de dormir dans les amphis à l’université Houphouët-Boigny, anciennement appelée université de Cocody, étaient déjà parvenues aux Observateurs de France 24. Dans le cadre de notre émission « Ligne Directe », un de nos journalistes s’était également rendu dans la cité U d’Abobo 1 avec l’accord des anciens combattants qui y vivaient.