Johnny Hallyday est mort dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 74 ans. Enfant de la balle, il a su populariser le rock en France et surfer sur d’autres courants musicaux, devenant le chanteur francophone le plus populaire de sa génération.
On ne l’appellera plus jamais l’idole des jeunes. Jean-Philippe Léo Smet alias Johnny Hallyday s’est éteint, à l’âge de 74 ans, a annoncé son épouse Laeticia dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 décembre. Il succombe à un cancer contre lequel il luttait depuis plus d’un an.
« Johnny Hallyday est parti. J’écris ces mots sans y croire. Et pourtant c’est bien cela. Mon homme n’est plus. Il nous quitte cette nuit comme il aura vécu tout au long de sa vie, avec courage et dignité », écrit-elle dans un communiqué transmis à l’AFP à 2 h 34 du matin. « Jusqu’au dernier instant, il a tenu tête à cette maladie qui le rongeait depuis des mois, nous donnant à tous des leçons de vie extraordinaires. Le cœur battant si fort dans un corps de rocker qui aura vécu toute une vie sans concession pour son public, pour ceux qui l’adulent et ceux qui l’aiment », poursuit-elle à propos de son mari.
Évoquant « le papa » de leurs deux filles adoptées Jade et Joy, de Laura (née de son union avec Nathalie Baye) et de David (né de son union avec Sylvie Vartan), Laeticia Hallyday conclut : « Johnny était un homme hors du commun. Il le restera grâce à vous. Surtout ne l’oubliez pas. Il est et restera avec nous pour toujours. Mon amour je t’aime tant. »
Il n’y avait plus trop d’espoir depuis que Johnny Hallyday, atteint d’un cancer du poumon, avait été hospitalisé il y a un mois pour détresse respiratoire.
Bête de scène
Chanteur, acteur, véritable bête de scène, il su conquérir un public sans cesse renouvelé au fil des années.
Né le 15 juin 1943 à Paris, Johnny Hallyday a baigné très tôt dans le milieu artistique. Élevé par sa tante paternelle, Hélène Mar, ancienne danseuse et actrice de cinéma muet, il accompagne ensuite sa cousine Desta et son époux américain Lee Hallyday dans la tournée de leur spectacle de danse acrobatique. Il prend très vite goût à la scène, goût qui le quittera plus.
Après quelques apparitions dans des spots publicitaires, il décroche un petit rôle dans « Les Diaboliques » de Henri-Georges Clouzot en 1955. Ce n’est que quelques années plus tard, que Johnny Hallyday trouve sa véritable voie. Dans une salle obscure, il assiste à la projection de « Loving You » avec un certain Elvis Presley en tête d’affiche. C’est le déclic. Le rocker est né.
L’idole des jeunes
À partir de 1957, Johnny reprend des morceaux du King, arpente les scènes des temples parisiens du rock’n’roll. Son travail finit par payer. En 1959, Johnny est repéré. La maison de disque Vogue lui signe alors son premier contrat.
Le 14 mars 1960, il sort son premier 45 tours où figurent les titres « Laisse les filles » et « T’aimer follement » mais ce n’est que trois mois plus tard que le succès est au rendez-vous avec « Souvenirs souvenirs ».
Télé-crochets, radio-crochets… Johnny Hallyday devient rapidement l’idole des jeunes. Comme son modèle Elvis Presley, il provoque des scènes d’hystérie collective lors de ses apparitions sur scène. « Retiens la nuit », « Les Parisiennes », « Pas cette chanson », « L’idole des jeunes », « Elle est terrible » et « Da doo ron ron »… les tubes s’enchaînent
En 1965, il épouse Sylvie Vartan, rencontrée sur un tournage deux ans années plus tôt. Cette grande figure des yéyé lui donne un fils, David, l’année suivante. Dans les années 70, Johnny continue à enchaîner les tubes comme « Que je t’aime » ou « Toute la musique que j’aime ».
Mais, en 1980, après 15 ans de vie commune avec Sylvie Vartan, le couple phare du magazine Salut les copains se sépare. La vie amoureuse de l’artiste, quelque peu tumultueuse, passionne alors les médias. Après un mariage express avec le mannequin Élisabeth Étienne, il épouse l’actrice Nathalie Baye, qui lui donnera une fille, Laura. Malgré cette naissance, le divorce est annoncé en 1986.
À cette époque, Johnny Hallyday se lance dans la variété. Il collabore avec des figures de la chanson française comme Michel Berger. Et le succès est toujours au rendez-vous.
En 1990, il épouse Adeline Blondiau, la fille de son ami Long Chris. Il divorce quelques années plus tard pour se marier à nouveau, en 1996, avec le mannequin Laeticia. Il multiplie les compilations et les concerts évènements. En 1993, il s’offre le Parc des Princes pour ses cinquante ans. En 1995, Bercy, puis Las Vegas en 1996, le Stade de France en 1998 et la Tour Eiffel en 2000. Ce concert gratuit réunit 400 000 spectateurs.
Premier artiste chevalier de la Légion d’honneur
La « success story » continue. En 1997, le président Jacques Chirac le fait chevalier de la Légion d’honneur. Une première pour un artiste. En 1999, Johnny Hallyday sort « Sang pour sang », un album écrit par son fils David. Un carton. Mais, au début des années 2000, le chanteur décide de faire une courte pause pour se consacrer au cinéma. L’artiste tourne notamment dans « Love me », où il donne la réplique à Sandrine Kiberlain. Pour son retour à la musique, le chanteur sort le double album « À la vie à la mort » et fait la tournée des stades.
JOHNNY HALLYDAY, BÊTE DE SCÈNE MAIS AUSSI DE CINÉMA
>> À lire aussi : Johnny Hallyday, l’idole des politiques… surtout de droite
En 2006, après 43 ans de collaboration, il claque la porte d’Universal et signe avec la Warner. Il participe même au film de Laurent Tuel « Jean-Philippe » dans lequel il s’offre le luxe de camper son propre rôle, aux côtés de Fabrice Luchini. Une année faste qu’il clôt avec le « Flashback Tour 2006 », célébration de ses 46 ans de carrière.
Dès lors, il annonce qu’en 2009 il entamera sa dernière tournée baptisée « M’arrêter là ». Johnny, désormais père de deux petites filles adoptées avec Laeticia, souhaite se consacrer à sa famille.
En mai 2009, la bête de scène entame sa « Route 66 ». La tournée, hommage à la célèbre route américaine mais aussi à son âge, reprend tous ses plus grands titres. Johnny fait salle comble.
Santé faiblissante
Mais bientôt le showman montre des signes de fatigue. Pendant l’été 2009, Johnny est guéri d’un cancer du colon. Puis, le 26 novembre, le chanteur est opéré d’une hernie discale à l’hôpital Monceau, à Paris. Le 7 décembre, il est hospitalisé au Cedars-Sinaï de Los Angeles, aux États-Unis. Dans la nuit du 9 au 10, il est plongé dans un coma artificiel. Il souffre d’une grave infection. Ses fans retiennent leur souffle. Le 14 décembre, Johnny est finalement tiré d’affaire. Sa tournée d’adieu est annulée.
Commence alors une longue bataille judiciairepour prouver l’erreur médicale de son chirurgien, le docteur Delajoux. Au même moment, Johnny Hallyday décide de se séparer de son manager historique Jean-Claude Camus pour Gilbert Coullier. Le chanteur retrouve néanmoins le chemin des studios pour enregistrer son 47e album, « Jamais Seul ». Conçu par Matthieu Chedid, le disque, sorti le 28 mars 2011, déçoit. Les ventes ne décollent pas.
En août, Johnny revient sur le devant de la scène, de théâtre cette fois. Il interprète le rôle phare dans la pièce « Le Paradis sur terre » de Tennessee Williams.
Le 24 avril 2012, à 70 ans, Johnny entame sa 181e tournée, à Los Angeles. En France, il enchaîne les dates, dont trois Stade de France en juin. Le 27 août, en vacances à Saint-Barthélemy, Johnny est hospitalisé pour une mauvaise bronchite. Cette tournée devait reprendre le 11 octobre à Épernay. Vingt-deux dates étaient programmées jusqu’au 22 décembre.
En plus de 50 ans de carrière, il a vendu plus de 100 millions de disques, obtenu 40 disques d’or, 22 de platine, 3 de diamant et 8 Victoires de la musique.