L’habituel message Pascal de l’Archevêque de Kinshasa Fridolin Cardinal Ambongo divise l’opinion. Ce message adressé aux fidèles de son Archidiocèse, aux hommes politiques du pays et aux hommes et femmes de bonne volonté, a suscité l’image d’un pasteur prophète ôté de toute peur pour dire des vérités devant le Roi.
Exultet! La joie de Pâques, de cette nuit où Dieu s’unit aux hommes, rappelle tout aussi notre condition humaine en tant que peuple, en tant que Congolais. Contextualisé comme un diagnostic critique sur l’état actuel du pays, le Cardinal a tiré à boulets rouges sur toutes les parties prenantes nationales et internationales.
De l’agonie à l’Exultet: vivre la joie de Pâques au Congo
« Nous savons très bien que notre pays est aujourd’hui un pays en agonie, un grand malade dans un état comateux… »
Pour ce membre du Conseil des 9 Cardinaux, l’état actuel de la RDC dérange. Il en veut pour premier problème son appareil judiciaire, longtemps critiqué pour corruption, monnayage, etc. À ses yeux, « la justice est la première instance à bafouer les droits de simples citoyens » alors que les discours fusent comme « si nous étions forts », s’est-il inquiété.
Connu pour son franc parlé, le Cardinal a aussi affirmé, pince sans rire que » le Congo n’a pas d’armée ». Des vérités qu’il n’est pas le seul à dire. Le président de la République, Félix Tshisekedi, les hommes politiques comme Martin Fayulu ou encore des analyses congolais s’accordent à ce sujet.
Malmené de toutes parts à l’issue de ce message à la nation, l’Archevêque de Kinshasa doit-il réciter cette parole de l’évangile: » Si je n’ai rien dit de mal, pourquoi me frappes-tu? »!
Refonder l’armée, rééquilibrer le partage des ressources, et les yeux des multinationales: véritable casse-tête
L’Est de la RDC continue d’être occupé tandis que le pays « n’a aucune force pour défendre l’intégrité de son pays. Un éléphant aux pieds d’argile, c’est très grave pour une nation comme la nôtre ». C’est par ces mots de prophète qui dénonce dans un élan de cohésion nationale, que Fridolin Ambongo a tenu à réveiller la nation toute entière.
Pour réduire la pauvreté et mieux répartir les richesses nationales, le Cardinal n’a pas hésité d’appeler les autorités à bannir des actes qui fragilisent la cohésion nationale des actes qui pousseraient certains compatriotes à rejoindre le Camp de l’ennemi.
« Nous pouvons les traiter de traîtres, ils ont pris la cause de l’ennemi, mais la question de fond, c’est pourquoi ces gens ont-ils agi de cette manière-là ? C’est parce qu’au niveau d’ici, nous continuons à poser des gestes qui blessent les autres, qui fragilisent la communion nationale, qui excluent les autres ».
C’est à ce sujet que les réseaux et les médias tombent dans la controverse. Certains ont carrément ignoré le message fédérateur du pasteur de Kinshasa pour l’accuser de mobiliser en faveur de l’ennemi.
Par ailleurs, le Cardinal a dénoncé l’indifférence des autorités, qui selon lui, s’occupent d’autres choses, au lieu de se pencher sur les vraies questions prioritaires de la population.
Lors de cette même communication, le prélat catholique a critiqué les visées expansionnistes de certains États voisins et la complicité de certaines entreprises minières par rapport à la dégradation de l’état sécuritaire dans l’Est du pays et a appelé à la vigilance.
Comme il l’a dit Monsieur le Cardinal, l’heure n’est pas au discours qui divisent et qui ne promeuvent pas la cohésion nationale et le débat d’idées nationales. Le message de Pâques qui veut résonner comme une hymne d’espoir pour le Congo passe par la réponse à ces préoccupations soulevées.
Le Cardinal a-t-il menti ?
La rédaction