La représentante spéciale du secrétaire général des nations unies en RD-Congo, Leila Zerrougui a tenu ce jeudi 31 mai 2018 son premier point de presse au quartier général de la mission de la paix à Kinshasa, devant un parterre des journalistes nationaux et internationaux.
Ce point de presse extraordinaire rentre dans le cadre de l’évaluation du travail abattu au courant de plus des 100 premiers jours, depuis sa nomination.
Leila Zerrougui est à la tête de la mission onusienne de la RD-Congo-Monusco- dans un contexte difficile, avec le tiraillement entre le camp de l’Opposition et celle de la Majorité présidentielle. Au lendemain de sa prise des fonctions, le 12 février 2018, la diplomate algérienne a fait la ronde des autorités RD-congolaises, le Chef de l’État, les responsables de l’Opposition et les acteurs des sociétés civiles pour concilier les uns et les autres.
Elle s’est également rendue dans plusieurs coins du pays ciblés par les groupes armés pour consoler et écouter les doléances des populations meurtries par les exactions des bandits et groupes armés principalement à l’Est du pays.
Au cours de cette conférence de presse extraordinaire, Leila Zerrougui a centré son résumé sur 3 principaux sujets d’actualité à savoir: Les priorités de la Monusco, la situation sécuritaire et le processus électoral.
De prime à bord, la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU a indiqué que son organisation a reçu la confiance du Conseil de sécurité par le renouvellement de son mandat à travers la résolution 2409 qui résume les priorités de la Monusco: la protection des civils et l’appui à la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016 et le processus électoral. A cela s’ajoute la stabilisation du pays, renforcée des capacités, monitoring sur les violations des droits humains, a-t-elle indiqué.
Pas des moyens pour couvrir toutes les élections
Répondant à la question sur sa position à l’organisation des élections en RD-Congo, Leila Zerrougui a indiqué que la Monusco à travers son rôle de bureau pour les bons offices milite pour des élections inclusives, crédibles et apaisées.
Leila a souligné qu’on est dans une année difficile, car l’organisation des élections pour un pays immense de 2.345.000 km2 environ 80 millions d’habitants, est une entreprise énorme a-t-elle déclaré. Toutefois, elle a souligné : » Je ne spécule pas sur la tenue des élections, car elles sont un moyen pour le transfert de pouvoir dans un pays, mais non une fin en soi ».
La Monusco n’a encore reçu une demande claire des autorités RD-congolaises pour sa contribution à l’organisation des scrutins à la fin de cette année. Mais, son apport est connu. « On ne peut pas couvrir tous les besoins des élections, mais, si on a un accord, on apportera un appui de qui est moins de 50%, parce que nous n’avons ni le budget nécessaire » a-t-elle martelé.
L’organisation onusienne en RD-Congo apporte un appui technique et logistique, dont les navettes pour le transport du matériel sensible interviendra du 26 juillet au 3 octobre. Le transfert du matériel non sensible va s’effectuer du 3 octobre au 3 décembre dans les différents sites de scrutins. Elle compte couvrir 129 centres d’élections sur 232 répertoriés par la commission électorale nationale indépendante -CENI-. Quant à la question sur la polémique et les suspicions sur la machine à voter, le N° 1 de la Monusco estime qu’elle sera toujours au cœur de la controverse, si les partis politiques ne sont pas convaincus.
Il faut redynamiser la chaîne pénale
A propos des tensions entre la Majorité présidentielle et l’Opposition, Leila a noté des avancées sur les décrispations. Il faut noter que la monusco a pesé de tout son poids sur le problème de duplication des partis politiques. Il y a également un plaidoyer auprès des autorités pour l’organisation pacifique des manifestations par les partis de l’Opposition.
La Mission des nations unies pour la stabilisation de la RD-Congo entend multiplier les stratégies pour lutter contre les groupes armés. Leila a haussé le ton et a plaidé pour des sanctions sévères à l’endroit des preneurs d’otages qui exigent la rançon. Elle a invité la justice de faire son travail par la redynamisation de la chaîne pénale. Pour conclure, elle a indiqué: » « La dynamique des miliciens va changer, si la justice met aux arrêts les ténors des groupes armés ». Et pour terminer, elle a ajouté: » C’est l’impunité qui généralise les crimes « .
Christiane EKAMBO