Le patron de Facebook estime aujourd’hui que son entreprise est la cible d’une campagne de désinformation de la part des médias. Un situation plutôt ironique, pour une firme régulièrement accusée de jouer le jeu des fake news.
Depuis quelques semaines maintenant, les Facebook Files révélés par la lanceuse d’alerte France Haugen constituent sans doute l’une des plus importantes crises que l’entreprise ait jamais eu à gérer. Alors même qu’il est déjà accusé d’avoir plusieurs fois influencé les élections présidentielles – non seulement aux États-Unis, mais aussi à l’international – Mark Zuckerberg doit aujourd’hui répondre de l’impact nocif de ses réseaux sociaux sur les plus jeunes.
Le désinformateur désinformé
Malgré les critiques qui affluent et les enquêtes menées par la plupart des régulateurs internationaux, Mark Zuckerberg entend bien faire entendre sa voix. Pendant la diffusion de son dernier bilan trimestriel, qui enregistre cette année des bénéfices en hausse pour l’empire Facebook, le géant des réseaux sociaux a expliqué que si “les critiques de bonne foi” aidaient l’entreprise à s’améliorer, il existait aussi “un effort coordonné pour utiliser de manière sélective les documents divulgués pour brosser une fausse image de [Facebook]”.
Évidemment, les médias ont toujours utilisé leur visibilité pour informer les lecteurs de manière subjective. Difficile de croire encore aujourd’hui qu’une publication puisse être parfaitement objective, surtout à l’heure où les algorithmes font la pluie et le beau temps pour mettre en avant, ou au contraire masquer un article selon son titre ou sa popularité. Pour autant, Facebook se plaint là d’un phénomène qu’il a lui-même largement contribué à démocratiser.
Depuis des années, le réseau social est pointé du doigt pour sa propension à la désinformation, qu’il s’agisse d’affaires politiques avec Cambridge Analytica, d’abus de position dominante ou de phénomène sociétaux, comme le révélaient récemment les Facebook Files. Si la prise de position de Mark Zuckerberg au sujet de la campagne de désinformation “subie” par Facebook n’est donc pas totalement erronée, elle sonne malgré tout comme une franche ironie.
Par Amandine Jonniaux/JournalduGeek