Une messe de prière a été organisée vendredi à Butembo, en mémoire de toutes les victimes tuées par les rebelles de l’ADF, puis enterrées dans le non-respect des us et coutumes, voire les normes religieuses. Il s’agit de 119 civils massacrés, fauchées en l’intervalle de près de deux semaines, respectivement dans les villages de Kirindera, Mabuku, Makusa, Mukondi pour ne citer que ces entités du territoire de Beni, Nord-Kivu, en l’Est de la République Démocratique du Congo.
Des chants de deuil ont été entonnés dans le temple de la paroisse catholique de Lyambo, à l’extrême Est de la Ville, pour la circonstance. Des centaines de fidèles parmi lesquels les rescapés et des ressortissants de ces agglomérations ont pris part à la célébration centrée sur la prière pour le repos des âmes de leurs proches, et co-villageois.
« Et nous comptons organiser d’autres messes dans les villages pour bénir aussi les tombes dans lesquels, nos frères et sœurs ont été inhumés. Au gouvernement congolais, de tout faire pour restaurer la paix pour que la population y rentre, et y vive pour garantir leur survie », a expliqué Jean de Dieu Kayitula, ressortissant du groupement Malio.
Ces tueries ont laissé de profondes cicatrices dans les agglomérations ciblées, pourtant la plupart abandonnées depuis 2019 aux miliciens Maï-Maï du groupe UPLC, Union des Patriotes pour la Libération du Congo, favorables au processus de désarmement, démobilisation et réinsertion communautaire.
Dans un mémo lu et signé à l’issue de la messe par des participants dont des hommes et des femmes, la société civile a, à cet effet, sollicité le relèvement des combattants toujours « armés », afin de mettre un terme au flou qui perdure à propos de l’identité des vrais auteurs derrières les récents massacres orchestrés dans le périmètre son contrôle.
Muhindo, une quarantaine s’est approprié le message pour la cause de ses frères rescapés.
« On les appelle des démobilisés alors qu’ils se promènent avec des armes au milieu de la population, et là il n’y a ni la police ni ANR ni l’armée. C’est comme si la population est délaissée en eux, alors qu’ils n’ont pas su la protéger. Le groupe UPLC doit quitter à Kalungutha, Mabuku, Kyavisogho pour savoir d’où vient l’ennemi », a déclaré ce fils de Mabuku, à Butembo depuis des années.
Suite à l’activisme de l’ADF dans les agglomérations de Mabuku, Makusa, Mukondi, plusieurs ménages du coin affluent dans les villes de Butembo et de Beni. La plupart vivent dans des familles d’accueil, sans aucune assistance, à ce stade, de la part du gouvernement ni des organisations humanitaires.
Djiress BALOKI/Nord-Kivu/journaldesnations.net