La population du quartier Minibo, dans la localité d’Eringeti, en territoire de Beni, a vécu dans la terreur le samedi 3 mars dernier, suite à l’attaque des présumés rebelles ADF. Au total, sept personnes tuées et d’autres portées disparues. Après deux jours de psychose totale, la victime identifiée par notre Rédaction sous pseudo « Sifa Kwetu » pour des raisons sécuritaires, aurait été kidnappée avec ses deux enfants, selon le récit de son périple vers l’inconnu, retracé ce lundi 5 mars 2018, à travers les ondes d’une des radios locales de la place. Grâce aux pleurs de son bébé, ses kidnappeurs l’ont relâché. Sur son chemin de retour dans son village, elle rencontre les forces loyalistes qui la rassurent. Journal des Nations a traduit ce témoignage livré en swahili.
« Sifa Kwetu » est encore sous le choc. Avec une voix vacillante, la jeune femme relâchée par les présumés ADF raconte: <<J’étais à la maison, dans la soirée, au moment de l’attaque. Je n’ai pas su quand ces assaillants sont venus. Ils venaient d’assassiner le Père de l’enfant avec qui nous sommes ici sans que je le sache. Juste au moment où je voulait prendre la fuite avec mes enfants, des détonnations d’armes se sont faites entendre et je suis prise au piège par les tirs qui retentissaient de partout. Ces assaillants, composés d’enfants et des grandes personnes, nous ont poursuivis au point de mettre la main sur nous ».
Elle poursuit: « un des assaillants, m’a promis la mort si je résistais à ses ordres ».
Après cette ménace de mort, Sifa reste impuissante. Soudain, un autre assaillant lui dira:<<Donnez ce pagne à cette dame afin qu’elle porte bien son bébé>>.
« Sans tarder, le pagne m’a été offert. J’ai mis un autre enfant au dos et mon neveu au cou. En poursuivant le chemin avec ces rebelles, nous avons rencontré quatre corps des personnes sans vie ».
Elle a également indiqué à la radio que les assaillants étaient habillés en tenue militaire tachetée et tous étaient porteurs d’armes à feu. Au passage, ils ont emporté des chèvres et des vêtements. En cours de route, elle est témoin de la prise en otage d’une fille et d’un homme qui a été ligoté par ces mêmes assaillants.
Arrivés tard dans la soirée près d’une rivière, les assaillants disent à la femme :<<Maman, ton enfant nous dérange avec ses pleurs, rentrez avec lui>>. c’est ainsi qu’elle a été rélachée avec ses deux enfants .
Sur le chemin de retour, des coups de balles n’ont cessé de crépiter. « Nous nous sommes au pied d’un palmier à huile sous une forte pluie, et nous n’avoions rien mis sous la dent. sans toutefois mettre quelque chose sous la dent », indique « Sifa Kwetu ».
« En rébroussant chemin, nous sommes heurtés aux forces armées de la RD-Congo, alors là nous avons voulu prendre fuite. Eux-même, m’ont appelé en me disant :<<Nous sommes vos militaires, n’ayez pas peur>>. Ils nous ont rassuré en affirmant que nous n’avions rien à craindre et que nous étions hors de danger, car tout le périmètre est sous contrôle des militaires RD-congolais », a-t-elle chuté.
Djiress BALOKI(correspondant à Butembo)