Répression des manifestations du CLC: Le musicien et militant d’opposition Jules Mapumba introuvable

Les droits et les libertés de manifestation, pourtant consacrés dans la Constitution du pays, sont totalement bafoués en République démocratique du Congo. Le régime du président Joseph Kabila s’illustre de plus en plus dans la violence et la répression, alors que les élections approchent et son deuxième mandat tend inexorablement à son terme, et qu’il ne pourra pas être candidat à sa propre succession.

Le pays est plongé dans une tension politique intense, les accrochages se multiplient sur terrain entre policiers et population.
Les marches pacifiques des chrétiens, organisées par le Comité laïc de coordination (CLC) de l’Eglise catholique à travers le pays, le 21 janvier et le 25 février 2018, sont réprimées dans le sang.
Ce 25 février à la paroisse catholique Saint-Benoît dans la commune de Lemba à Kinshasa, l’enseignant assistant à l’Université pédagogique nationale et militant pro-démocratie catholique Rossy Mukendi Tshimanga, perd la vie, fauché par les balles réelles des policiers. Plusieurs autres manifestants sont portés disparus depuis. C’est le cas du chantre Jules-Benoît Mapumba Kubula qui est introuvable jusqu’à ce jour.
Musicien au sein du groupe gospel Tumbishay et aussi membre du parti politique d’opposition Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECIDé), Jules Mampuba participe le 25 fevrier à la marche pacifique à partir de la paroisse catholique Saint-Benoît dans la commune de Lemba, avec d’autres militants pro-démocratie qui réclament au président Joseph Kabila de respecter l’accord politique de la Saint-Sylvestre conclu au Centre interdiocésain, et de déclarer publiquement qu’il ne se présentera pas pour un troisième mandat à la tête du pays. Les manifestants sont violemment dispersés à coup des grenades lacrymogènes et de balles réelles, et ainsi Rossy Tshimanga perd la vie. Et depuis, Jules Mapumba, sensibilisateur des jeunes au sein de l’ECIDé, est introuvable. Et sa famille est inquiète, connaissant sa ferveur de mobilisateur.
Selon des proches, Jules Mapumba a été ciblé par les services de renseignements du pays. Il a été appréhendé quelques jours plutôt, le dimanche 21 janvier, lors de la marche des chrétiens organisée déjà par le CLC après l’homélie du jour à la cathédrale Notre-Dame de Lingwala. Ce dimanche-là aussi, la répression a été violente, des grenades lacrymogènes ont été balancées par les policiers, plusieurs manifestants pro-démocratie ont été arrêtés. Et le jeune sensibilisateur des jeunes de l’ECIDé a été enlevé par des agents non autrement identifiés et habillés en civile. Battu, torturé et même violé, il a été relâché et vraisemblablement fiché par les services. Ses proches craignent pour sa vie, ne sachant s’il est encore entre les mains de ses tortionnaires ou plongé dans la clandestinité.

CN