L’opposante rwandaise Diane Rwigara, qui avait tenté de se présenter à la dernière présidentielle face à l’homme fort du pays Paul Kagame, était interrogée lundi par la police, tout comme sa mère et sa soeur, après leur arrestation samedi, selon une source policière.
« Lors de l’enquête en cours, la police a découvert des preuves crédibles liant le trio à des infractions contre la sécurité de l’Etat », d’après un communiqué du porte-parole de la police rwandaise Theos Badege, que l’AFP a pu consulter lundi.
Mme Rwigara, sa mère et sa soeur, avaient déjà été interpellées début septembre avant d’être relâchées, après une semaine d’interrogatoire selon sa famille. Elles étaient alors entendues pour des faits présumés d’évasion fiscale tandis que Diane Rwigara était également soupçonnée de contrefaçon de documents dans le cadre de sa tentative de candidature à la présidentielle du mois d’août.
La police dispose de cinq jours à compter de leur arrestation pour les déférer au parquet en vue d’une éventuelle inculpation.
Dans une interview accordée à l’AFP la veille de son arrestation, Diane Rwigara avait dénoncé le caractère politique selon elle de ses ennuis judiciaires, ajoutant que la police lui avait confisqué ses papiers d’identité, ordinateurs et autres téléphones.
« Je suis punie pour m’être levée contre l’oppression et dire ce que je pense », avait-elle déclaré.
Le rejet de la candidature de Mme Rwigara par la Commission électorale, pour une question de procédure, avait été critiquée par des gouvernements occidentaux et des groupes de défense des droits de l’Homme.
M. Kagame, crédité de l’important développement d’un pays exsangue au sortir du génocide, est régulièrement accusé de bafouer la liberté d’expression et de museler toute opposition. Il a été réélu le 4 août pour un nouveau mandat de sept ans avec près de 99% des voix.
Diane Rwigara est la fille d’Assinapol Rwigara, un important entrepreneur rwandais qui avait fait fortune dans l’industrie et l’immobilier.
Dans les années 1990, il avait largement financé le Front patriotique rwandais (FPR) de M. Kagame avant que celui-ci ne renverse le pouvoir extrémiste hutu en juillet 1994, mettant fin au génocide.
Diane Rwigara avait pris ses distances avec le FPR après le décès de son père en février 2015, dans un accident de la route, selon la police. Elle avait contesté cette version et dénoncé un « assassinat ». Selon son frère installé aux Etats-Unis, Aristide Rwigara, le gouvernement tente en s’en prenant à sa famille de mettre la main sur la fortune de son père.
Avec AFP