Le Sahara marocain, où le commerce interafricain fleurit via le poste frontalier El Guerguerat et les investissements internationaux vont crescendo, connaît un essor économique grandissant et une cadence soutenue d’ouverture de représentations diplomatiques et consulaires de pays frères ainsi que d’organisations internationales.
Ratification par le Sultan Mohammed IV du système judiciaire coutumier saharien
Le Sultan Mohammed IV (1859-1873) ratifia en y posant le seau sultanien , le code coutumier saharien des Rgueibat, soumis par le Cadi des Rgueibat Abd Al-Hay Al- Berbouchi Rgueibi, suite au recours à l’autorité suprême du Sultan au sujet d’un contentieux opposant les tribus des Rgueibat et Tajakant sur la jouissance et la répartition des aires de pâturage de Oued Sakia El Hamra.
Pour signifier la centralité accordée par le Sultan à l’exercice de sa souveraineté, le Sultan Mohammed IV convoqua et présida, en personne, une Haute Cour, composée de 70 juges de Fès et de Marrakech, pour statuer sur ce contentieux de répartition des aires de pâturage de Oued Sakia El Hamra.
Les Sultans, meneurs de la résistance anticoloniale au Sahara marocain
Suite à la proclamation espagnole, en 1884, de l’instauration du système de protectorat dans la région du Sahara, en violation du traité maroco-espagnol du 28 mai 1767, le Sultan Hassan Ier rejette, dans une protestation adressée le 18 mai 1886 aux représentants des puissances européennes à Tanger, l’occupation du sud du Maroc et rappelle, un mois après, à l’Espagne que Rio de Oro est «habité par les Ouled Delim et la tribu des Aroussiyine qui sont nos fidèles serviteurs qui se sont installés aux environs de Marrakech et de Fès».
Le Saint-fondateur de la tribu, Cheikh Ma El Aïnin, qui prêta allégeance aux Sultans Moulay Abderrahmane (1860), Hassan Ier (1890) et Moulay Abdelaziz (1904), conféra, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe plus d’envergure et d’écho à la résistance marocaine dans les terres sahariennes.
Pour maintenir vif l’attachement du Maroc à son Sahara, en dépit des clauses contraignantes imposées par le système du protectorat, le Sultan Moulay Abdelaziz avait nommé, en 1905, son oncle Moulay Idriss Ben Abderrahman Ben Souleiman, en qualité d’envoyé du Souverain pour diriger la résistance nationale dans les terres sahariennes.
Le combat du Sultan Mohammed V du parachèvement de l’intégrité territoriale du Maroc
Dès son retour de l’exil forcé, le 16 novembre 1955, le Sultan Mohammed V s’attelle au parachèvement de l’intégrité territoriale ; la proclamation de l’indépendance ne concernait que les zones nord et centre.
Ainsi, l’Armée de Libération Nationale du Sud, créée, en 1956, sous les auspices du Sultan Mohammed V, réussit à forcer l’armée coloniale espagnole à se retrancher dans ses casernes et à administrer, au nom du Sultan, une grande partie du territoire – des rives de Oued Sakia El Hamra aux confins du Rio de Oro -, où elle s’attela à rétablir les signes de l’exercice effectif de la souveraineté du Maroc sur son Sahara (levée des emblèmes du Royaume, maintien de l’ordre public et accomplissement de la justice).
En parallèle, le Sultan Mohammed V reprit les traditions souveraines des liens éternels d’allégeance des tribus sahariennes, en effectuant une tournée au Sud du pays, qui le mènera à M’Hamid el-Ghizlane, le 25 février 1959, où le Père de l’Indépendance tient à exprimer sa fierté de voir «des Regueibat, des Teknas, des Ouled Delim et d’autres tribus Chenguit, et de les entendre, accompagnés de leurs hommes de loi et de leurs lettrés, nous réaffirmer – comme leurs pères l’ont fait à notre aïeul, leur attachement au Trône Alaouite et leur appartenance au Maroc par des liens étroits indéfectibles. »
Hassan II, la Marche Verte pour le parachèvement de l’intégrité territoriale du Royaume
Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu ait Son âme, scella, définitivement, le parachèvement, ad vitam æternam, de l’intégrité territoriale et l’unité nationale du Royaume, par la Marche Verte pacifique du 6 novembre 1975, à laquelle ont participé 350.000 citoyennes et citoyens marocains, et ce suivant l’Avis consultatif de la Cour internationale de justice du 16 octobre 1975, qui confirme que le Sahara marocain n’a jamais été «Terra Nullius» et l’existence de liens juridiques et d’allégeance entre les Sultans du Maroc et les tribus sahariennes.
La Marche Verte se révèle un acte fondateur de l’histoire marocaine contemporaine, de par sa reconfiguration de la place géostratégique du Maroc et ses prolongements continus sur la vie sociale, politique, économique et culturelle, … de la Nation.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la vocation sahélienne, africaine et atlantique du Sahara marocain
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’assiste, qui «veille à ce que les potentialités du Sahara marocain soient utilisées de la manière la plus judicieuse » confère aux Provinces du sud une nouvelle vocation, plus vaste et plus audacieuse, être un point de jonction sahélien, sub-saharien et atlantique.
Nouveau modèle de Développement des Provinces du Sud
En fait, le Nouveau modèle de développement des provinces du Sud, d’un investissement de plus de 9 milliards de dollars, lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu Le glorifie, en 2015, a propulsé les provinces du Sud en une région émergente (Facultés polydisciplinaires, Cités des métiers, Technopoles, Autoroute Tiznit-Dakhla, Ports Atlantique de Dakhla et d’Amheiriz, zones industrielles, …).
Le Sahara marocain, où le commerce interafricain fleurit via le poste frontalier El Guerguerat et les investissements internationaux vont crescendo, connaît un essor économique grandissant et une cadence soutenue d’ouverture de représentations diplomatiques et consulaires de pays frères ainsi que d’organisations internationales. Depuis décembre 2019, une trentaine de Consulats arabes, africains, latinoaméricains ont été établis à Laâyoune et Dakhla.
Vocation sahélienne, africaine et atlantique du Sahara marocain
Dans Son discours du 6 novembre 2023, à l’occasion du 48ème anniversaire de la Marche Verte, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a fait part de la volonté royale de faire du Sahara marocain un haut lieu de communion humaine, un pôle d’intégration économique régionale et une plateforme de rayonnement sahélien, africain et atlantique.
Les chantiers ambitieux du Sahara marocain, tracés par l’Auguste Souverain, portant sur l’économie du futur (énergie renouvelable, dessalement de l’eau, infrastructure publique, économie maritime, économie bleue, flotte nationale de marine marchande, plan ferroviaire, …), s’inscrivent dans cette vision royale de la reconfiguration de l’espace géopolitique du Royaume, dans laquelle s’insère le projet du gazoduc Maroc-Nigeria et les mécanismes institutionnels des 23 Etats africains atlantiques.
La vocation sahélienne et atlantique du Sahara marocain portera une dimension de désenclavement des pays du Sahel, dans le cadre de l’Initiative royale de facilitation de l’accès des Etats du Sahel à l’Océan Atlantique, qui «transformera substantiellement l’économie sahélo-saharienne».
D’ailleurs, au terme de la première réunion ministérielle de coordination sur l’« Initiative Internationale de Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, pour favoriser l’accès des pays du Sahel à l’Atlantique », tenue à Marrakech le 23 décembre 2023, les pays du Sahel participants ont fait part de leur adhésion à l’Initiative royale.
Par Sidi Mohamed Biedallah Diplomate marocain