Manque-t-il a faire? Ou ignore-t-il ce qu’on attend clairement de lui? Le premier ministre Bruno Tshibala a brillé le vendredi 10 novembre par une prétention démesurée. Au lieu de rassurer les partisans du Rassemblement/Kasa-Vubu, et le peuple -si on peut généraliser-sur les mécanismes qui l’aideraient à mettre à la disposition de la CENI les moyens nécessaires à la tenue effective des élections professionnelles, crédibles et apaisées, le PM Tshibala, qui n’aura pas attendu longtemps pour ressembler aux gens qu’il critiquait pendant ses années de militantisme radical à l’UDPS, a versé dans la démagogie. «J’offrirai au pays des meilleures élections de l’histoire récente du pays, c’est-à-dire élections exemptées de violences, contestations, tueries et affrontements», promet-il.
Représente-t-il l’organe de gestion des élections qu’est la Centrale électorale? Non.
Mais pourquoi, lors de cette communication faite au siège des Fonus, à la suite de la publication du calendrier électoral par la CENI, Tshibala ne parle pas de la tâche qui lui revient. Où sont passées les mesures économiques urgentes du gouvernement? S’il n’en parle pas, ce qu’il n’y a rien à dire sur ce point.
A ce niveau, il devra éviter de faire des déclarations sensationnelles juste pour se faire applaudir devant les caméras, et s’appliquer, s’il le peut, à mobiliser et maximiser les recettes dans cet environnement infesté par le coulage, la corruption, le clientelisme, …et l’impunité.
Dans le même message, le PM fait fi du malaise déjà existant et davantage attisé par la publication du calendrier. Par contre, il appelle la population à la paix. «Aucun pays ne se developpe dans la violence. Ce calendrier électoral est une feuille de route réaliste pour aller aux élections. Comme le dit l’Accord, nous sommes dans une gestion concertée et consensuelle avant d’aller aux élections, c’est-à-dire, il n’y a pas la majorité ni l’opposition pour aboutir aux élections « , a-t-il indiqué. Puis:
« Toute personne qui viendra vous dire qu’il faut chasser telle ou telle autre personne est menteur et ne vise que ses propres intérêts ». Et d’ajouter, « nous, disciples de Tshisekedi, nous privilégions plus l’intérêt général ».
Dans la forme, ce message du PM pourrait paraître bon. Mais seulement, comment aller à des élections apaisées si l’on ne prend pas en compte les points de vue des opposants qui visiblement ont plus d’encrage dans l’opinion. Entendez par là le Rassemblement Limete et les plates-formes qui gravitent autour de lui, le Centre qui réclame une table ronde,…
Le jeu politique est régi par le rapport des forces. Et les forces en présence sont bien connues.
Plutôt que de jouer au président de la CENI, Tshibala a tout intérêt à penser aux enjeux de l’heure.
Matshi Darnell/journaliste et analyste politique