Clôture de la formation de BCNUDH sur la justice transitionnelle, les journalistes appelés à faire dire la « vérité »

Abdoul Aziz Thioye, Directeur du Bureau conjoint des Nations unies en RDC (au centre) lors de la clôture à Kinshasa de l'atelier de formation des acteurs de médias sur la justice transitionnelle

« L’instauration d’une justice transitionnelle en République Démocratique du Congo demeure un impératif », c’est ce qui ressort de la table ronde initiée par le Bureau Conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH). Une activité centrée sur la formation des journalistes par des professeurs de renom, d’éminents avocats, le Club des Amis du Droit ainsi que l’équipe du Groupe de Tavail sur la Justice Transitionnelle.

Durant deux jours, réunis du 19 au 20 août 2021 dans le somptueux Hôtel Béatrice, des hommes et femmes des médias étaient confiés à une formation sur le bien-fondé de la justice transitionnelle et de leur rôle pour une large sensibilisation de la population.

Une vue des experts à l’atelier de formation des journalistes sur la justice transitionnelle, ( de droite à gauche, le Pr Luzolo Bambi,  Pr Ngoma Binda, et le Pr. Luc Mutoy)

Les affres de la guerre ne peuvent restés impunis, ni demeurés dans les oubliettes. Les bourreaux doivent être sanctionnés, les victimes doivent avoir droit à la réparation et la vérité doit être connu, voilà les objectfs poursuivis par la justice transitionnelle.

Lecture du rapport du panel « Justice et Vérité » par une journaliste lors de l’atelier sur la justice transitionnelle

Louant les poids techniques et académiques des formateurs ainsi que l’assiduité des journalistes, le Directeur du BCNUDH, Abdoul Aziz Thioye a déclaré:« Vous avez traduit en acte concret l’intérêt que vous témoignez à la question de la justice en général et à la justice transitionnelle en particulier ». Pour lui, la presse en tant que 4ème pouvoir doit forger la conscience des citoyens à travers l’accès à l’information. Et de poursuivre: « la presse doit permettre à chaque citoyen d’être informé sur les questions qui les concernent ».

Le devoir d’informer

Pour conscientiser la population sur la question de la justice transitionnelle, Abdoul Aziz insiste sur l’implication dans la vulgarisation et la sensibilisation. « Un citoyen mal informé devient un danger pour lui-même et l’ensemble de la communauté », a-t-il renchérit.
Le directeur du BCNUDH en RDC insiste sur le fait que toutes les violences commises en RDC devraient faire objet de la recherche de la vérité, une position que soutien une grande frange de la population.

Renforcement des capacités des journalistes de Kinshasa sur la justice transitionnelle en RDC

Il a ainsi informé que les résultats des consultations populaires menées au Kasaï-Central révèlent que presque 90% de la population est favorable à la création d’une commission provinciale vérité justice et réconciliation pour établir la lumière surtout sur les violences de Kamuina Nsapu de 2016 à 2017.

Invité en qualité de formateur durant cet atelier, le professeur Luzolo Bambi a martelé:

« La justice transitionnelle en RDC est une panacée ».

Luzolo Bambi souligne que la RDC ne peut rester inactive au regard de 6 millions des morts affectés par les crimes de toutes sortes en RDC. Pour ce dernier, la RDC doit faire sienne le principe fondamental de la JT: « affronter le passé en recherchant les responsabilités des crimes des masses pour rendre la justice aux victimes et prévenir des violations futures ».

De son coté, reconnaissant l’echec de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) issue des accords de Sun-City, le professeur Ngoma Binda donne une solution capitale pour remédier aux insuffisances du passé:  » Il est évident que l’effectivité d’une loi organique sera une préalable à la création d’une meilleure justice transitionnelle en RDC « , a-t-il indiqué.

En outre, les journalistes ont exprimé leur inquiétude quant aux exactions dont ils sont victimes dans l’exercice de leur profession. Ils ont de ce fait demander l’implication du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme dans la protection des journalistes afin que ces derniers s’investissent dans la recherche de la vérité sans porter préjudice à la liberté d’expression.

Christiane MUNOKI EKAMBO