La Journée internationale de la fin de l’impunité des crimes commis contre des journalistes est célébrée le 2 novembre de chaque année. En prélude de cette journée, toute la presse congolaise a eu ce mercredi 1er novembre, une pensée pieuse en mémoire des journalistes assassinés en RDC.
Une initiative de l’Association Congolaise des Femmes de la Presse écrite (ACOFEPE) qui, à travers une mobilisation médiatique sans précédent a obtenu le soutien de la corporation journalistique.
Dans un élan de solidarité et sous l’accompagnement couplé d’Internews et du journal la Référence Plus, Grâce Ngyke, présidente de l’Acofepe a remis officiellement ce mercredi 1er novembre aux ministres Patrick Muyaya de la Communication et Médias, et Albert Puela des droits humains, l’argumentaire du plaidoyer pour la reconnaissance des 22 journalistes assassinés en Rd-Congo entre 1994 et 2021, au rang de Martyr de la liberté de la presse.
L’argumentaire présenté vise entre autres à rendre immortel dans la mémoire collective, ces journalistes assassinés mais aussi à plaider en faveur de la protection des journalistes en RDC.
Ce sceau spécial a été frappé sur les annales de l’histoire de la presse congolaise lors d’une cérémonie solennelle tenue au Musée national de la RDC, à Kinshasa.
Après la réception du document de plaidoyer des mains de la présidente de l’Acofepe, Grace Ngyke, les deux membres du gouvernement ont salué la mémoire de ces journalistes lors de la contemplation de leurs différentes photos en affiches murales.
Recevant ce document de plaidoyer, le patron du secteur des médias, Patrick Muyaya a indiqué que par cet événement met les jalons pour la manifestation de la vérité. Ce, après avoir salué le courage et la bravoure des familles des victimes mais aussi de l’ACOFEPE, pour cette initiative.
« Prendre une journée pour penser à ces confrères qui sont morts dans des conditions tragiques, c’est déjà à mon avis, un début de réponse. Parce que sûrement tous, étaient engagés pour le combat de la vérité. Le fait qu’on garde leurs mémoires dans nos cœurs, c’est aussi une façon de les garder en vie et de poursuivre le combat. Pour nous comme ministère de la communication et de médias, nous recevons ce plaidoyer, non pas seulement parce qu’il faut le recevoir, mais parce que comme vous, nous sommes engagés pour la manifestation de la vérité », a fait savoir Patrick Muyaya.
Et de poursuivre : « Depuis notre avènement à la tête de ce ministère, l’effort a toujours consisté, à recréer les conditions pour exercer de manière professionnelle ce métier, mais aussi à l’entourer des précautions d’usage parce que la sécurité c’est impératif. Mais malheureusement, nous constatons que les journalistes qui sont morts, le sont, surtout ceux de l’Est, dans un contexte général marqué par l’insécurité qui dure plus d’une vingtaine d’années ».
Le ministre Muyaya rassure de la mise en place d’un mécanisme de prévention chapeauté par l’Ong Journaliste en Danger (JED) pour garantir la protection des journalistes. Il s’est engagé à faire parvenir le message à qui de droit au niveau du gouvernement qui donnera une suite le moment venu.
« C’est justement pour prévenir que nous avons mis en place un mécanisme autour de Journaliste en Danger pour nous assurer que de manière permanente, nous apportons l’appuie et le soutien nécessaire pour garantir la protection aux journalistes. Cette protection, c’est aussi cet accompagnement permanent que nous assurons. Cet argumentaire, nous ne le recevons pas pour le ranger dans les tiroirs du ministère, ce n’est pas dans notre tradition. Mais nous allons nous assurer à faire parvenir le message à qui de droit au niveau du gouvernement et nous allons nous assurer de donner une suite le moment venu, à l’argumentaire que nous avons reçu », a-t-il ajouté.
De son côté, son collègue des droits humains a rassuré de porter haut et fort ce combat pour non seulement la reconnaissance de ces journalistes comme Martyrs de la liberté de la presse mais aussi pour que les bourreaux de ces crimes répondent de leurs actes. Et aussi, il a suggéré d’ériger un monument pour ces journalistes assassinés comme c’est le cas pour les artistes.
« En terme des droits humains, toute vie est vie. Combien à plus forte raison pour cette catégorie des personnes qui sont les journalistes. Il faut donc que ceux qui sont impliqués dans des tels crimes répondent de leurs actes. Après la vérité et la justice, il y a la réparation. Avec le Chef de l’État, dans cette quête de réparation, il y aura des cas qui seront répertoriés pour premièrement des réparations collectives mais aussi des cas de réparations individuelles. Nous, nous faisons fort de porter ce combat pour non seulement la reconnaissance mais aussi pour que nous ayions un monument dédié aux journalistes, comme c’est le cas avec les artistes » a-t-il avancé.
Il sied de souligner que la présidente de l’association congolaise des femmes de la presse, Grâce Ngyke est la fille du journaliste Franck Ngyke Kangundu assassiné avec son épouse depuis le 3 novembre 2005.
Christiane EKAMBO