Albinos: de l’insulte à la fierté, le miracle de « Plus de Couleurs »

Yan Mambo

L’association « Plus de Couleurs » a organisé la 3ème édition de la campagne « Fièrement Ndundu », du samedi 28 au dimanche 29 octobre 2017, à l’académie des beaux-arts, qui d’ailleurs était partenaire de l’événement. La plus grande particularité de cette troisième édition est l’exposition photos de l’artiste photographe Toujet Ntumba, qui met en valeur la beauté albinos et le bonheur partagé par des couples, des familles composées d’albinos et des non albinos. A côté de cette expo, « Plus de Couleurs » à organisé des ateliers avec des coaches de vie, d’entrepreneuriat en vue d’outiller l’albinos à affronter les défis de la vie.
Après trois éditions de la campagne «Fièrement Ndundu», ce qui frappe le plus c’est l’évolution que connait le mot «Ndundu» dans sa sémantique. Ce mot qui a toujours frisé l’insulte, qui inspirait le dédain dans la conscience plus ou moins collective, est devenu symbole de fierté pour l’Albinos. Aujourd’hui, « Ndundu » est une identité que les Albinos revendiquent la tête haute. Il se tromperait celui qui jugerait ce progrès minime.
En effet, c’est une grande victoire que d’arriver à changer la façon de penser des Albinos, car pour vaincre la marginalisation dont les Albinos ont toujours été victimes et se faire une place  dans la société, le plus grand pas pour l’albinos est de s’accepter comme il est, d’assumer ses forces et ses faiblesses, et finalement d’offrir au monde ce qu’il a de meilleur. Cette vérité est valable pour tout le monde.
Grâce à ce travail de titan,  Yan Mambo et ses collaborateurs, d’un côté des albinos qui étaient reclus dans une sorte d’auto exclusion, sortent de leur carcan, apprennent à se faire confiance et à s’ouvrir aux autres. Et de l’autre côté, les gens commencent progressivement à réaliser la fausseté des idées reçues qui présentaient les albinos comme des Êtres maléfiques ou mystiques. L’on finit par se rendre compte qu’il n’y a qu’une vitamine, la mélanine, qui fait la différence entre albinos et non albinos.
Une femme qui rejette son enfant juste parce qu’il est albinos est-elle digne d’être mère? Méritons-nous l’amour de Dieu lorsqu’on dédaigne un enfant, un homme ou une femme juste parce qu’il/elle manque la mélanine? Sommes-nous encore humains lorsqu’on tue les albinos et l’on vend les parties de leurs corps pour des fins fétichistes? En quoi sommes-nous mieux que des animaux lorsqu’on cautionne tout ce mal par un silence coupable? Voilà des questions que suscite le projet «Plus de Couleurs», interpellant la conscience de chacun des RD-Congolais.
Il fau reconnaître cependant que ce combat contre les préjugés et la marginalisation des albinos est loin d’être gagné. A ce jour, Yan Mambo et ses compagnons d’arme sont juste dans les prémisses d’une mission qui a vocation à dépasser les limites non seulement de la capitale kinoise, mais aussi de la RD-Congo, pour sensibiliser les populations d’autres pays particulièrement de l’Afrique noire, comme l’Ouganda, le Niger, etc., et contribuer à l’émancipation de l’albinos dans son milieu de vie.
Et, un tel travail n’est possible qu’avec l’appui du gouvernement censé protéger tous les citoyens, des organismes nationaux et internationaux de droits de l’homme, ceux de protection de l’enfant et de la femme, et même de la Communauté internationale.
A ce jour, bien que « Plus de Couleurs » ait attiré l’attention de beaucoup des médias nationaux et internationaux, que l’organisation de la campagne ait contacté presque toutes les structures susmentionnées, aucune d’entre elles n’a semblé bouger le petit doigt pour accompagner ce grand projet de lutte contre la discrimination. Est-ce une fois de plus de la marginalisation? En tout cas, on est tenté de le croire.
Hugo ROBERT MABIALA

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