Des journalistes tués, des journalistes en clandestinité à l’est de la RDC, « le chef du gouvernement congolais Sama Lukonde, n’a pipé mot », s’exclame JED

A l’est de la RDC, la situation sécuritaire des journalistes ne  cesse de se détériorer. Dans cette partie du pays en proie à la violence des groupes rebelles et des milices armés, les journalistes deviennent « des cibles ».  La situation ne fait que se dégrader au su et au vu du gouvernement congolais, estime l’association journaliste en danger en sigle JED.

Cette organisation de défense des droits journalistes établit une liste des professionnels des médias tués depuis 2020, en clandestinité ou qui vivent au quotidien sous des menaces de mort.  Au moins 3 journalistes ont été tués au cours des trois derniers mois alors que ces provinces sont sous l’état de siège, et un journaliste porté disparu depuis décembre 2020, après avoir été enlevé par des miliciens, signale l’organisation de défense des droits des journalistes. Jed poursuit qu’au cours de la même période de l’état de siège,  plusieurs autres journalistes et professionnels des médias ont reçu des appels et des messages des menaces persistantes qui les ont contraints à abandonner leur travail ou leurs familles, et à vivre dans la clandestinité pour échapper à la mort.

Voici l’intégralité du communiqué

A la suite d’une nouvelle prorogation, par le Parlement, de l’état de siège décrété sur une partie du territoire national, Journaliste en Danger (JED) appelle urgemment le gouvernement congolais à sortir de sa léthargie face à la dégradation de la situation sécuritaire des journalistes en RDC , et plus particulièrement dans les provinces de l’Est du pays en proie à des violences armées et communautaires.

Dans ces provinces en proie à la violence des groupes rebelles et des miliciens armés, au moins 3 journalistes ont été tués au cours des trois derniers mois, et un journaliste porté disparu depuis décembre 2020, après avoir été enlevé par des miliciens

Au cours de la même période de l’état de siège, plusieurs autres journalistes et professionnels des médias ont reçu des appels et des messages des menaces persistantes qui les ont contraints à abandonner leur travail ou leurs familles, et à vivre dans la clandestinité pour échapper à la mort.

Alors que le Premier ministre Jean Michel Sama Lukonde, à la tête d’une délégation gouvernementale, venait d’effectuer une mission officielle dans les deux provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, JED dénonce l’indifférence affichée par le chef du gouvernement congolais, qui n’a pipé mot, face à la multiplication des cas d’attaques et des meurtres des journalistes enregistrés depuis la proclamation de cet état de siège.

Dans ces provinces en proie à la violence des groupes rebelles et des miliciens armés, au moins 3 journalistes ont été tués au cours des trois derniers mois, et un journaliste porté disparu depuis décembre 2020, après avoir été enlevé par des miliciens.  Il s’agit de

  • Héritier Magayane, journaliste de la RTNC, station locale de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, qui a été tué, le 8 août 2021, à l’arme blanche par un groupe d’hommes non autrement identifiés.
  • Barthelemy Kubanabandu Changamuka, journaliste de la Radio Communautaire de Kitshanga (CORAKI FM) émettant à Kitshanga, une localité de la province du Nord-Kivu, assassiné, le 9 mai 2021, dans l’enclos de son domicile par deux hommes armés en tenue civile.
  • Joel Mumbere Musavuli, directeur de la Radio Communautaire Babombi, émettant Biakato, chefferie de Babombi, territoire de Mambasa, dans la province de l’Ituri, ainsi que son épouse qui ont été attaqués à l’arme blanche, le 14 août 2021, par un groupe d’hommes non autrement identifiés. Le journaliste a succombé de ses blessures tandis que sa femme était grièvement blessée.
  • Pius Manzikala, journaliste à Ruwenzori Voice Radio (RVR) émettant à Mutwanga dans le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu (Est de la RD Congo), qui a été enlevé, samedi 11 décembre 2020, ensemble avec plusieurs autres personnes par des hommes appartenant à un groupe rebelle dénommé Forces Démocrates et Alliés (ADF/MTM). Plusieurs corps sans vie des victimes ont été retrouvés sauf celui du journaliste.

Au cours de la même période de l’état de siège, plusieurs autres journalistes et professionnels des médias ont reçu des appels et des messages des menaces persistantes qui les ont contraints à abandonner leur travail ou leurs familles, et à vivre dans la clandestinité pour échapper à la mort.

Il s’agit à titre indicatif de :

  • Thomson Undji Batangalwa, journaliste-correspondant de la radio sud-africaine « Chanel Africa » à l’est de la RDC et journaliste-reporter de la Radio Tanganyika Espoirs des Opprimés (RTEO), station basée à Fizi, dans la province du Sud-Kivu, qui fait l’objet depuis le 13 juillet 2021, d’une série de menaces de mort émises par des personnes se réclamant de la « communauté Banyamulenge » pour avoir diffusé une information sur l’attaque de la base des FARDC dans la localité de Minembwe par les rebelles Ngumino et Twirwaneo issues de la communautés Banyamulenge.
  • Vianney Watsongo, journaliste à la Radiotélévision Evangélique et de Développement Hermon (RTDEH), station émettant à Rutshuru, est depuis plusieurs semaines objet d’une série de menaces de mort téléphoniques et des tracts. Des personnes non autrement identifiées protestent contre la diffusion par le journaliste des informations concernant les tracasseries dont seraient victimes les agriculteurs de la part des miliciens opérant dans cette partie du pays.
  • Parfait Kasereka Katoto, directeur de la radio communautaire Amkeni Biakato, station émettant à Biakato, dans la province de l’Ituri, a été victime d’une tentative d’assassinat, le 29 mai 2021 vers 22 heures, à son domicile. Le journaliste revenait de sa rédaction au moment où il a été attaqué par un homme porteur d’une arme à feu qui l’a menacé et accusé d’avoir dénoncé les tracasseries dont seraient victimes la population locale. Le journaliste continue à recevoir des menaces de mort au téléphone. Craignant pour sa vie, le journaliste vit actuellement en clandestinité.
  • Martin Luther King Kambale, journaliste de la Radio RCVT TV, station émettant dans la cité de Kasindi en territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu, était entré en clandestinité, le 19 août 2021, après avoir réalisé une interview avec une femme de la société civile locale qui a rejeté les accusations tendant à assimiler la jeunesse de Lume aux miliciens maï maï.
  • Kennedy Muhindo Wema, journaliste de Radio Soleil, station émettant à Butembo, dans la province du Nord-Kivu, est la cible des menaces et intimidations, depuis le 14 août 2021, de la part d’un homme qui se revendique maï maï qui reproche au journaliste d’avoir qualifié les maï maï des analphabètes au cours d’une émission.

Depuis le début de cette année 2021, JED a répertorié sur l’ensemble du territoire national congolais au moins 92 divers cas d’atteintes à la liberté de la presse dont 36 cas répertoriés à l’est du pays et 17 cas dans les deux provinces mises sous état de siège.

Aux regards de ce tableau inquiétant de la situation de la liberté de la presse, JED demande instamment au gouvernement de Kinshasa et à toutes les instances sécuritaires dans les provinces actuellement sous état de siège de briser le mur du silence qui entoure tous ces cas graves d’atteintes au travail des journalistes, et d’instituer un mécanisme d’alerte rapide pour lutter contre ces attaques.

Journal des Nations