Année 1986. Une bande de copains joyeux habitant la commune de Bandalungwa et tous fanatiques de Papa Wemba et de son Viva La Musica, décident de créer un orchestre qu’ils dénommeront Wenge Musica 4×4 Tout Terrain. Il s’agit de Didier Massela, Alain Makaba, Jean-Bedel Mpiana, Ngiama Makanda Werrason, Au début, ils vont se produire régulièrement dans un bar du quartier du nom de l’Olympia. Très vite, le succès arrive. Cela s’entend dans la mesure où ces jeunes premiers ont amené un nouveau son et ils séduisent les ados de génération par leurs mines de beaux gendres sans problème par leur look Bon Chic Bon Genre. Ils accoucheront de leur tout premier album « Mulolo » qui achèvera de consolider leur aura en faisant d’eux, les leaders naturels de la troisième génération de la musique congolaise moderne. A la suite d’une première tournée européenne suivie d’une super production au Parking du grand Hôtel Kinshasa en 1997, juste après l’avènement du pouvoir AFDL, les signes de dissension apparaissent et menacent de fissurer le groupe avec la sortie de l’album « Feu de l’amour » par J.B Mpiana. Dès lors, il commence à se prendre pour le tout puissant président du groupe. Les autres ne veulent pas l’entendre de cette oreille, le ministre AFDL de l’Information,Raphaël Ghenda prend l’affaire à bras le corps et joue au sapeur-pompier à la faveur d’une réunion ad hoc tenue dans son cabinet de travail. J’ai eu l’opportunité d’être associé avec quelques chroniqueurs de musique à cette rencontre où, toutes les têtes couronnées de l’orchestre sont conviés ainsi que le doyen Tabu Ley. Malgré tous les efforts menés par Ghenda, le crash ne sera pas évité. L’orchestre se disloque en 2 ailes. JB Mpiana a, à ses côtés, Alain Mpela, Alain Makaba… et ils optent pour le nom de Wenge Musica BCBG. Tandis que Werrason garde Adolphe Dominguez, Ferré Gola, Blaise Bula… avec pour dénomination : Wenga Musica Maison Mère. 7 mois après cet épisode triste, je me trouverai avec Werra et Tshala Muana en tournée à travers toutes les provinces du pays. Ces artistes remercient les populations au nom de M’zee Laurent-Désiré Kabila pour l’accueil chaleureux lui réservé avec ses troupes. J’aurai également l’avantage de modérer les productions de JB Mpiana au Grand Hôtel Kinshasa où je pilotais la communication. Le moins que l’on puisse dire, c’est que, 20 ans après, les deux orchestres issus de la dislocation se sont imposés sur l’échiquier musical du pays en devenant des écoles qui ont produit des stars dont les noms brillent dans le firmament. Autant les groupes ont fait sensation, autant leurs patrons respectifs sont devenus de vrais leaders incontestables.
Jean-Pierre Eale Ikabe