Cet article explique les déboires de l’Alliance des États du Sahel (AES) ou précisément, met en relief le dilemme des regimes militaires de cette région. L’Alliance des États du Sahel est une alliance militaire interétatique de défense mutuelle conclu entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso le 16 septembre 20233. L’accord est signé à la suite du coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger, contre lequel la CEDEAO menace alors d’intervenir militairement. En observateur averti, l’auteur donne des détails sur le vécu quotidien de la population du Sahel. Voici l’intégralité de ce document.
Les milices Wagner occupent depuis près de deux ans une place importante dans la lutte contre le terrorisme dans la zone de l’AES. Invitées et payées par la junte au pouvoir, Wagner est bien installé dans de nombreuses bases militaires du pays et observé dans les rues de Bamako avec la confiance du gouvernement font objet de polémique du coté des populations qui subissent régulièrement des exactions de la milice. Le 16 août, le village de Diabal, dans le cercle de Nionor a été le théâtre d’une opération de terreur menée par des mercenaires de Wagner. Ces derniers ont fouillé systématiquement les maisons, arrêtant trois hommes, dont ‘un, handicapé rnental, a été abattu d’une balle dans la tête pour avoir tenté de résister.
Les russes ont également incendié des habitations et magasins, laissant les villageois dans un état de terreur et de peur intensive. Cette opération ferait partie d’une stratégie plus large de désorganisation et de terreur menée par les mercenaires de Wagner, sous un silence complice du président malien Assimi Goita. Ce dernier aurait obtenu l’autorisation de Vladimir Poutine pour utiliser les subventions russes afin de financer son approvisionnement en engrais et carburant, dans le but de se préparer pour I ‘élection présidentielle de 2025.
Les atrocités commises par les mercenaires de Wagner sont multiples et variées. Le même jour, une patrouille de FAMa a assassiné au moins une dizaine de personnes qui assistaient à un baptême dans le village de Marnaribougougou Torobe. Les militaires ont également découpé en morceaux un agriculteur qui travaillait dans son champ. Le pire s’est déroulé à Moura ou la milice a exécuté près de 470 personnes. Des éléments sont restés sur place pour protéger leurs intérêts économiques dans l’exploitation de l’or.
Les russes ont également tué le président des éleveurs de Sikaro, Afourou Birgui Cissé, devant son épouse, ainsi que leurs deux fils. Ils ont également arrêté un jeune peul qui transportait sa mère malade au centre de santé cornunautaire, I’ont bâillonné, tué et démembré, laissant la mère à son propre sort. Leur présence au Mali est perçue comme une menace pour la stabilité du pays et pour la vie des citoyens.
Les motivations des mercenaires de Wagner au Mali sont questionnées, car leur salaire est très faible, à peine 2 500 dollars par mois, alors qu ils sont déployés à des milliers de kilomètres de chez eux et font face à des risques importants.
Cependant, il faut noter une différence de pratique entre les Wagner du Mali et ceux du Burkina Faso ; ces derniers sont logés aux alentours du palais présidentiel au centre de Ouagadougou avec la protection de Ibrahim TRAORE comme Objectif. La junte qui ne cesse d’évoquer des tentatives de coup d’État a désormais une milice qui serait sans pitié pour un Burkinabé qui tenterait de mettre fin au régime Ibrahim Traore.
Recrudescence des attaques terroristes: Une dégradation consommée
Des populations qui avaient cru aux capacités des régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et Niger a éradiqué le terrorisme dans un bref délai seraient confrontées à un doute entre incompétence de ces régimes et volonté a perduré au pouvoir. Au Burkina Faso, la junte comptabilise plus de 11 000 morts avec 10 régions sur 13 sous de graves menaces terroristes. Il est de très loin le record non égalé de tous les régimes. Avec ce bilan, l’Indice Mondial sur le Terrorisme (IMT) classe le Burkina au premier touché par le terrorisme au Monde suivi de l’Afghanistan et le Mali.
Échouant dans la lutte contre l’insécurité avec une stratégie d’opacité communicationnelle, Ibrahim Traore s’est résolu à un combat contre l’impérialisme.
Une première place qui se rivalise entre les pays amis, Global Terrorism Index classe le Mali sanctuaire et épicentre de l’extrémisme islamique violent. L’insécurité persiste au Mali, où les attaques Djihadistes se multiplient dans toutes les localités.
Le 21 juillet, le village de Dernbo a été attaqué par des islamistes du JNIM, causant 25 morts et un blessé. Deux jours plus tôt, une patrouille de l’armée a encerclé un hameau peul, accusant les habitants de détention d t armes. Les soldats ont incendié le hameau, tuant trois hommes et un garçon de 14 ans, et blessant grièvement une vieille femme et son fils. Une centaine de jihadistes ont également attaqué le village de Sandaré, tuant soldats et un civil.
Deux jours plus tôt, le 18 juillet, une centaine de jihadistes ont attaqué le village de Sandaré, tuant 7 soldats et un civil, avant de fuir vers Nioro.
Le Niger, lui aussi connait une période difficile, marquée par la hausse du coût de la vie, du chômage et de L’insécurité. Une précarité des prix et des difficultés d’approvisionnement. Les forces de défense et de sécurité (FDS) sont dépassées face aux attaques incessantes des islamistes, notamment dans la zone des trois frontières où l’État Islamique amique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM) imposent leur loi.
Les attaques meurtrières se multiplient, y compris celles du JNIM près de la frontière nigéro— burkinabé. Les Forces de Défense et de Sécurité nigériennes sont débordées, subissant de nombreuses pertes face aux attaques djihadistes. Les mois de mai et juin ont été particulièrement meurtriers, avec des attaques massives du JNIM à la frontière nigéro—burkinabée, causant de nombreuses victimes parmi les militaires et Les civils. Les groupes armés sévissent également dans la région de Maradi, où des enlèvements et des rannçons sont devenus courants.
A I ‘est du pays, Boko Haram et L’État islamique en Afrique de I’ Ouest (I SWAP) mènent des embuscades et posent des engins explosifs improvisés, menaçant la population civile. Pendant ce temps, les prisonniers de Koutakalé s’évadent. Le 11 juillet, une révolte a éclaté dans la prison de Koutakalé, permettant à de nombreux prisonniers, dont des terroristes et des criminels, de s’évader. Les détenus affiliés à I’ État Islamique au Grand Sahara (E IGS) ont maitrisé une sentinelle, s ’emparant de son arme et semant la panique parmi les gardiens.
Malgré les efforts des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), de nombreux détenus ont réussi à s ‘ échapper. Des pratiques résultantes de plusieurs incompréhensions entre les autorités militaires. Nombreux d’entre elles reprochent au General Tiani d’être de la solde de l’ancien président Mamadou Issoufou. Il serait impliqué dans toutes les grandes décisions de l’État jusqu’aux nominations. Cela crée des tensions au sein d’armée, occasionnant ainsi des groupes d’oppositions surtout avec la rumeur selon laquelle le colonel major Salissou s’est acheté une villa avec des pots de vin.
Amadou Samba KONE/ au Niger