Tribune-Loi Tshiani: ÉTATS-UNIS, TUNISIE, comparaisons impropres ( Wina Lokondo)

Pour Wina Lokondo, analyste des sujets d’actualité, la raison de la loi Tshiani n’est pas du tout sécuritaire. Selon lui, cette loi ne protège en rien le pays. Wina Lokondo place des mots forts et conclut que la loi Tshiani est tout simplement identitaire, raciste, xénophobe et élaborée pour un seul objectif politique : barrer la route de l’élection présidentielle à Moïse Katumbi.



Les « tshianistes » citent de plus en plus les États-Unis et la Tunisie comme exemples-arguments pour faire accepter leur thèse à l’opinion. Impropres comparaisons. Ils doivent savoir :

Impropres comparaisons

Les fondateurs des États-Unis, depuis la création du pays, ont souhaité que les gens viennent nombreux s’y installer. Cette politique d’accueil continue à travers le lotto pour l’obtention de la carte verte, sésame qui permet d’aller vivre au pays de Joe Biden.

C’est ainsi que, stratégiquement, pour marquer cette volonté de peupler la terre américaine, ils ont mis la naissance aux États-Unis parmi les conditions pour être candidat à l’élection présidentielle.

C’est historiquement une invite à y émigrer lancée aux gens de tout pays, de toute race, de toute religion. Le territoire américain est grand et a besoin de mains et de cerveaux pour son essor économique.

Telle fut d’ailleurs la principale cause de la traite négrière, de « l’exportation des Noirs » qui y sont allés travailler dans les champs de coton et de canne à sucre.

Il n’est ainsi pas question, par cette condition électorale américaine, contrairement à la proposition de loi Tshiani, de « loyauté », de « fidélité » à la nation sur base des origines familiales du candidat. Si tel était le cas, la candidature de Barack Obama n’aurait pas été acceptée.

Enfermement identitaire

La Tunisie – comme la majorité des pays du Maghreb est dans l’enfermement identitaire, dans l’islam et l’arabité. Le pays tient, en exigeant que le candidat président soit musulman et arabe de père et mère, à préserver ces spécificités sociologiques de la société tunisienne, non sans relent raciste.

L’actualité nous en donne la preuve par la récente déclaration xénophobe du président tunisien et les agressions qu’elle a occasionnées et que subissent les Noirs africains de la part de la population tunisienne, lesquels quittent aujourd’hui en masse ce pays. La raison du « verrouillage » de la fonction présidentielle y est identitaire, raciste.

Pas du tout sécuritaire

La proposition de Tshiani l’est aussi. Elle ne sécurise rien. Les grands services de renseignement (Cia, Kgb, Mossad et autres) sont au courant de tout ce qui se fait au Congo, dans toutes les institutions, du sommet à la base du pays. Ils y ont, c’est connu, leurs « agents » congolais. Un exemple : quand Laurent-Désiré Kabila est abattu le 16 janvier 2001, et devant les « cachotteries » des gens du régime qui continuent à faire croire, durant toute la journée, qu’il est en vie, Louis Michel, alors ministre des Affaires étrangères, déclare le soir sur la Rtbf (télévision francophone belge) : « Le président Laurent-Désiré Kabila est mort. Cinq sources me l’ont confirmé ». Ses sources…congolaises. Il y en a certainement eu, parmi elles – si pas toutes, qui furent de « mères et pères congolais ».

François Mitterrand a dit : « Il n’y a pas de secret d’État qui puisse durer. Tout finit par se savoir », d’une façon ou d’une autre, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Pour être au courant de tout ce qui se pensait et se faisait en haut lieu en Allemagne, le Kgb russe était parvenu à recruter comme « informatrice » la secrétaire du chancelier allemand Willy Brandt. Celui-ci avait politiquement dû démissionner, aussitôt que ce fait fut connu, pour n’avoir pas pu s’entourer d’une personne de confiance.

Imagine-t-on combien de « collaborateurs » la Cia a au Congo, pour ne parler que d’elle ? Aurait-elle difficile, avec l’efficacité de ses satellites (ses grands « yeux » et ses grandes « oreilles ») et sans recourir aux espions humains, à mettre Félix Tshisekedi sous écoute téléphonique ou toute autre autorité politique ou militaire congolaise quand elle le fait avec des dirigeants européens ?

La raison de la loi Tshiani n’est pas du tout sécuritaire. Elle ne protège en rien le pays. Elle est identitaire, raciste, xénophobe et élaborée pour un seul objectif politique : barrer la route de l’élection présidentielle à Moïse Katumbi.

Wina LOKONDO

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