Le nouvel homme fort du Niger, président de la transition, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema porté au pouvoir par ses frères d’armes après le coup d’état du 30 août au Gabon, a été investi le dimanche 3 septembre et a prêté serment devant les officiels du pays.
Lors de son discours d’investiture, il a rendu grâce à Dieu et légitimé son pouvoir en citant l’ancien Président Ghanéen, Jerry John Rawlings. Ce dernier a dit: ‘’Quand le peuple est écrasé par ses dirigeants, avec la complicité des juges, c’est à l’armée de lui rendre sa liberté’’.
Voici l’intégralité de son discours dans les lignes qui suivent.
· Mesdames et Messieurs de la presse ;
· Chers ainés, Chers amis ;
· Messieurs les officiers généraux ;
· Officiers ;
· Sous-officiers et militaires du rang
· Mesdames et Messieurs, vos grades, rangs et qualités respectés.
Gabonaises, Gabonais,
Mes chers compatriotes
Je voudrais commencer cette allocution en adressant d’un cœur reconnaissant, une action de grâce au Dieu tout Puissant.
C’est grâce à ses bontés sans cesse renouvelées pour notre pays le Gabon que nous pouvons fièrement nous tenir ici ce matin dans cette Hémicycle du palais de la rénovation. Ce même Dieu, qui nous a parlé le matin du 30 août 2023, et qui continue de nous parler, est celui qui a conduit nos pas jusqu’ici.
Permettez-moi de rappeler à votre souvenir, les paroles prononcées par Feu le président Omar BONGO dans cette salle, au terme de 42 ans de règne après Feu le Président Léon MBA, premier Président du Gabon : ‘’Dieu ne nous a pas donné le droit de faire du Gabon ce que nous sommes en train de faire, il nous observe. Il dit : amusez-vous. Le jour où il voudra aussi nous sanctionner, il le fera’’.
Cette phrase remplie de sagesse, était en réalité la voix de Dieu qui a fini par accomplir sa volonté pour le peuple Gabonais aujourd’hui.
Gabonaises, Gabonais, mes chers compatriotes
Permettez-moi d’exprimer mes sincères remerciements à tous ceux qui, nombreux, très nombreux, ont
effectué le déplacement pour prendre part à cette cérémonie d’investiture.
J’ai une pensée particulière pour tous les gabonais de la Diaspora qui suivent cette cérémonie de là où ils sont.
Mais j’ai surtout une pensée spéciale pour tous nos compatriotes qui auraient rêvé vivre ce jour mais nous ont précédé dans l’au-delà. Je pense à tous les partisans du changement et de l’alternance : Simon Oyono Aba’a, Martine Oulabou, Pierre Louis Agondjo Okawè, Pierre Mamboundou Mamboundou, André Mba Obame pour ne citer que ceux-là.
Comme disait l’ancien Président Ghanéen, Jerry John Rawlings ‘’Quand le peuple est écrasé par ses dirigeants, avec la complicité des juges, c’est à l’armée de lui rendre sa liberté’’.
C’est fort de cet esprit que le 30 août 2023, telle une météorite dans la nuit noire, les Forces de Défense et de Sécurité de notre pays ont pris leurs responsabilités en refusant le coup d’état électoral qui venait d’être annoncé par le Centre Gabonais des Élections à la suite d’un processus électoral outrageusement biaisé.
C’est sans aucune violence, sans heurts et sans effusion de sang que le Comité pour la Transition et la Restauration des institutions (CTRI) a changé le régime en place, qui confisquait le pouvoir des institutions de la République depuis quelques années, au mépris flagrant des règles démocratiques.
Cette action patriotique inédite, restera sans aucun doute, un ‘’cas école’’ dans les annales de l’histoire.
L’armée républicaine s’est inscrite dans le refus de cautionner une forfaiture qui aurait, une fois de trop, coûté la vie à de nombreux citoyens. Le peuple demande tout simplement que ses droits soient, garantis à travers des institutions fonctionnelles.
Les forces de défense et de sécurité avaient un double choix : soit tuer des gabonais, qui auraient légitimement manifesté, soit mettre fin à un processus électoral pipé, dont les conditions du déroulement ne permettaient d’ailleurs pas l’expression démocratique.
C’est en toute responsabilité que nous avons dit : « NON. Plus jamais ça dans notre beau pays le Gabon ! ». C’est l’occasion pour nous de remercier le soutien du peuple qui, de manière spontanée a adhéré à cet acte patriotique.
Notre étonnement est grand lorsqu’on entend certaines institutions internationales condamnent l’acte posé par des soldats qui n’ont fait que respecter leur serment sous le drapeau : sauver la Patrie au prix de leur vie.
Desmond Tutu disait, je le cite « si vous êtes neutres, devant une situation d’injustice, c’est que vous
avez choisi d’être du côté de l’oppresseur ». Nous, Forces de Défense et de sécurité, nous avons choisi d’être du côté du peuple et de la liberté. Comme le Général De Gaulle jadis.
Mes Chers Compatriotes,
La constitution est le texte fondateur d’un Etat. Elle consacre ses institutions, ses procédures particulières et les mécanismes de représentation n’arrivaient plus à mettre notre société, en situation de suivre. Il est donc important que les Gabonais de toutes les couches s’accordent pour adopter, par
référendum une nouvelle constitution ainsi qu’un code électoral et un code pénal fiable, qui garantit à tous les mêmes chances.
Notre pays mérite des institutions fortes, crédibles, une gouvernance assainie, plus en phase avec les normes internationales en matière de respect des droits humains des libertés fondamentales, de la démocratie, de l’Etat de droit.
Je souligne par ailleurs que le Gabon est un pays indivisible, dans la diversité de ses cultures, sa complexité ethnique et sa géographie. L’unité de notre peuple
doit toujours être la condition essentielle pour l’exercice de nos libertés fondamentales. J’y veillerai personnellement durant toute la période de transition.
De même que je m’engage à ce que les relations séculaires entre les Gabonais et nos frères étrangers soient toujours des relations de grande amitié, de tolérance et de concorde.
La politique et l’administration dans un pays, sont des domaines de souveraineté nationale, le dire n’est nullement de la xénophobie.
Mes Chers Compatriotes
Depuis quelques jours, le Comité pour la transition et la restauration des institutions a entrepris des consultations avec toutes les forces vives de la Nation.
Les préoccupations soulevées sont légitimes et limpides. Aussi, avec le gouvernement qui va être mis en place dans quelques jours,
composé de gens expérimentés et de personnes à la compétence avérée, nous allons nous atteler à donner à tous, des raisons d’espérer à une vie meilleure.
Ici et maintenant, je m’engage solennellement à ne ménager aucun effort pour qu’a l’issue de cette transition notre pays soit doté d’institutions fortes, démocratiques et crédibles.
Chers compatriotes,
En droit international on dit que les relations entre les états sont au-dessus des personnes. Autrement dit, les hommes passent et l’Etat demeure. Le Gabon a été un des membres fondateurs de nombreuses organisations régionales et sous régionales, il entend à ce titre, jouer pleinement son rôle dans le concert des nations.
Peuple gabonais,
Aujourd’hui, les temps heureux rêvés par nos ancêtres arrivent enfin chez nous. Il faut donc des changements profonds, issus de notre réflexion commune. C’est pourquoi j’instruis déjà le futur gouvernement à réfléchir sans délais sur les mécanismes à mettre en place afin de :
– Faciliter le retour au pays de tous les exilés politiques ;
– Rétablir la bourse pour les élèves du secondaire ;
– Amnistier les prisonniers d’opinions ;
– Financer l’économie nationale avec les partenaires locaux et les institutions financières locales ;
– Créer une synergie, avec l’accompagnement des banques locales, pour le paiement des pensions des retraités ;
– Réviser les conditions d’attribution de la Nationalité Gabonaise ;
– Réviser les lois du foncier en république Gabonaise.
À l’issue de cette transition, avec l’apport de tous les gabonais partenaires au développement, nous
entendons remettre le pouvoir aux civils en organisant de nouvelles élections libres, transparentes et crédibles dans la paix.
Hommage aux pères fondateurs de notre belle Nation.
Peuple Gabonais, c’est enfin notre essor vers la félicité.
Honneur et fidélité à la patrie.
Je vous remercie.