Le Festival « Amani 2024 », en français « Paix », marquant sa dixième édition, a été clôturé dans la ville de Goma, au Nord-Kivu, une des provinces en proie aux violences armées et des conflits dans l’Est de la RDC. Annulé trois jours avant sa tenue par le Maire de Goma, Faustin Kapend, puis autorisé, l’événement étalé sur deux jours soit samedi 16 et dimanche 17 novembre 2024, a accueilli des milliers de festivaliers dans l’objectif de chanter, danser et lancer des messages pour la paix et le vivre-ensemble.
A l’esplanade Village Ihusi, au bord du prestigieux lac Kivu, des talents artistiques ainsi que la richesse culturelle locale ont été à l’honneur.
Véritable symbole de paix dans la région des Grands Lacs, la messe culturelle a connu la participation des dizaines de milliers de festivaliers du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Kinshasa et des pays voisins, transcendant les frontières ethniques et nationales.
« À travers le Festival Amani, nous démontrons la capacité de notre région et ses talents. Le Festival Amani incarne le vivre-ensemble, transcendant les divergences ethniques, religieux et politiques », a déclaré Guillaume Bisimwa, directeur du festival.
Pinochet Kasay, un des musiciens montés au podium a fait sien ce message à travers sa prestation.
« Les autorités doivent encourager ce genre d’événement car ce festival nous rassemble. C’est vraiment un plaidoyer pour la paix. Ce festival a fait passer un message, et le gouvernement doit nous écouter », a-t-il indiqué en réponse aux questions des journalistes.
Masika Aline, 26 ans, a pris part pour la toute première fois aux festivités. Dans cet espace plein à craquer sous une pluie battante, la jeune fille pense que ce festival est une voie pour renforcer la réconciliation et promouvoir le vivre-ensemble dans cette région déchirée par des conflits ethniques.
« Je suis de la tribu Nande, mais j’étais assise à côté d’un hutu. Et nous avons dansé à une même musique. En écoutant ensemble les messages en rapport avec la paix, je me suis dit que ce festival est vraiment une arme pour nous ramener la paix, car chacun a été interpellé », s’est ainsi exprimé M. Aline.
Malgré les perturbations liées à l’annulation brusque de l’événement culturel avant d’être autorisé suite à l’implication de plusieurs personnalités provinciales, nationales et internationales, l’esprit de résilience des habitants de Goma a raisonné au village Ihusi, a déclaré pour sa part Augustin Mosange, point focal de la presse au sein du Festival.
« La population de Goma a montré qu’elle avait besoin du Festival pour appeler le monde entier a tourné les regards vers Goma afin de s’imprégner de la situation sécuritaire et précaire à laquelle nous faisons face », a indiqué Mosange.
Lancé depuis 2014, le Festival Amani s’est imposé dans cette partie du pays comme un événement culturel majeur, porteur d’espoir et de résilience dans une région marquée par trois décennies de conflits. À travers la musique, la danse et l’art, il continue de promouvoir la paix et l’unité.
Djiress BALOKI/ Nord-Kivu