Le journalisme congolais entre dans une nouvelle ère de réflexion et d’adaptation. Ce jeudi 8 mai 2025, à la salle de conférence de l’Institut national des Arts (INA), le Ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, a donné le coup d’envoi de la deuxième édition des Rencontres Congolaises de Recherches sur le Journalisme, placée sous le thème évocateur : « Le journalisme face à l’intelligence artificielle : entre méfiance et révérence ».

Organisé par le Laboratoire de recherche en sciences de l’information et de la communication (LARSICOM), en partenariat avec l’INA et l’Association des Médias en Ligne de la RDC (MILRDC), ce colloque scientifique se veut un espace de dialogue, d’analyse critique et de propositions concrètes face aux bouleversements technologiques qui redéfinissent les pratiques journalistiques.

Dans un INA récemment modernisé, le Directeur général Félicien Tshimungu Kandolo a exprimé sa fierté d’accueillir cet événement dans des infrastructures neuves, « fruits de la vision du Chef de l’État, Félix Tshisekedi, pour un enseignement artistique tourné vers l’avenir ». Il a annoncé l’ambition de son institution de lancer bientôt une filière en communication culturelle, afin de former les professionnels capables d’évoluer dans cet écosystème technologique en mutation rapide.
Une fête du savoir pour penser l’avenir du journalisme
Le Professeur Pierre Nsana, président du Larsicom, a quant à lui salué la mobilisation autour de ce jeune colloque qui prend de l’ampleur : « Ce colloque, c’est une fête du savoir. Mais une fête exigeante, où l’on pense, où l’on interroge, où l’on écoute… et où l’on rit aussi, même au cœur des complexités de l’intelligence artificielle. »
Un état d’esprit salué et soutenu par le Ministre Patrick Muyaya, parrain de cette édition, qui a souligné l’importance de tels espaces de recherche pour mieux comprendre, maîtriser et encadrer l’usage croissant de l’IA dans le journalisme.
« Nous devons penser ensemble à cet avenir. Pas seulement celui du journalisme, mais de tous les métiers qui en dépendent », a souligné Patrick Muyaya.
Il a insisté sur la nécessité de contextualisation, d’émotion et d’esprit critique, valeurs fondamentales du métier de journaliste que l’intelligence artificielle, à elle seule, ne peut reproduire : « Les données générées par l’IA doivent passer par la main du journaliste pour avoir un sens. »
Dans une déclaration forte, le ministre a rappelé les dangers de l’IA lorsqu’elle est utilisée à des fins malveillantes, notamment dans des contextes de conflit : « Nous avons vu ce que peut faire l’IA lorsqu’elle est utilisée comme arme. Mais nous avons aussi prouvé notre capacité à défendre la vérité, en utilisant les bons outils au bon moment. »
Il a ainsi appelé à une appropriation nationale de cette technologie, au service de la vérité, de la souveraineté et du développement.
Animé notamment par Axel Gontcho, le Professeur Madimba Kadima Nzuji et Félix Malu, le colloque se poursuivra jusqu’au samedi 10 mai. Il offre une tribune unique aux chercheurs, étudiants, journalistes et acteurs des médias, dans une période où la frontière entre innovation et dérive technologique est de plus en plus ténue.
En plaçant la réflexion académique au cœur de l’évolution médiatique, cette initiative soutenue par le ministère s’impose comme un jalon majeur pour penser l’avenir du journalisme congolais à l’ère numérique. Ce forum du haut savoir se tient avec l’appui d’Internews, Centre Wallonie-Bruxelles et de l’ambassade de Suède.
Christiane EKAMBO