Maitriser les notions de la justice transitionnelle, comprendre le bien-fondé de sa mise en œuvre et pouvoir en faire large écho, voilà les principales motivations de l’organisation d’un séminaire à l’intention des journalistes.
En effet, il s’est ouvert ce jeudi 19 août sous la houlette du Bureau Conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) l’atelier de renforcement des capacités de 30 acteurs du secteur médiatique sur la justice transitionnelle en République Démocratique du Congo ( RDC). Béatrice Hôtel dans la commune de la Gombe a servi de cadre à cette activité qui se tiendra durant 2 jours avec des experts de renom.
Pour une meilleure justice transitionnelle
L’instauration d’une bonne justice transitionnelle s’avère capitale dans des situations post conflits. Et ladite justice a le privilège de « permettre en place des mécanismes pouvant permettre de faire face à des exactions massives commises dans le passé en vue d’établir les responsabilités, de rendre la justice et permettre la réconciliation ».
En ce premier jour, plusieurs points ont été abordé.
Dans son exposé, Michele De Aquino, officier des droits au BCNUDH a fait le point sur les 4 piliers sur lesquels se repose la justice transitionnelle. Elle a cité le droit à la justice, le droit à la connaissance de la vérité, le droit aux réparations et le droit à une garantie de réparation. En ce qui concerne la recherche de la vérité Michele a indiqué qu’elle permet d’empêcher les violations de se reproduire.
Au cours de cet atelier, le professeur Luzolo a exposé sur « la justice transitionnelle en RDC: intérêts, défis et opportunités ». A ce sujet, il a indiqué que la peur de la vérité était l’une des causes de l’echec de la Commission Réconciliation et Vérité. « Les différents acteurs qui faisaient partie de la CVR avaient peur d’évoquer le passer au risque de mettre à jour les exactions commises dans le passé », a-t-il rapporté.
Abordant la question de la justice transitionnelle de l »Union Africaine, le professeur Serge Makaya a souligné: »La RDC est dans le besoin de l’activation de la justice transitionnelle. Non seulement que c’est une voie obligée mais parce que le pays doit prêcher par l’exemple étant donné que le président Tshisekedi est aussi président de l’Union Africaine. » Pour cet expert en résolution des conflits, il faut absolument miser sur la contextualisation de la justice transitionnelle en RDC pour que ses mécanismes soient effectifs et efficaces.
La justice transitionnelle, une voie
Parmi les exposés animés ce jeudi, l’expérience de la RDC a été aussi examinée par le professeur Binda Ngoma qui a fait le contour de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) issue de l’accord de Sun-City après les guerres qui ont miné le pays en 1998. A ce sujet, il a relevé quelques freins qui ont empêché l’épanouissement de cette institution. Il a cité notamment le climat malsain au sein de l’équipe dirigeante, manque de leadership, manque d’indépendance et surtout l’absence d’une loi devant régir cette commission.
Parlant des expériences des différentes commissions de vérité et réconciliation à travers l’Afrique, le professeur Luc Mutoy a déclaré que certains pays peuvent nous servir de modèle en la matière, à l’instar de l’afrique du sud, la RCA, le Burundi et le Liberia, la liste n’est pas exhaustive. Par ailleurs, il a conclu ceci : »Nous sommes dans un contexte spécifique qui doit peut-être faire appel à un modèle propre, le modèle congolais ».
En somme, pour le BCNUDH, après l’échec de la CVR issue des accords de Sun-City de 2003, il est évident que le mécanisme de recherche de la vérité demeure encore une grande nécessité pour achever le processus de justice transitionnelle en RDC d’une façon générale et dans les différentes provinces en particulier.
Au Kasaï-Central les résultats des consultations populaires du mois d’août 2019 avec l’appui du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme réconfortent cette thèse. Environ 90% de la population est favorable à la création d’une commission provinciale vérité justice et réconciliation pour établir la lumière principalement sur les violences de Kamuina Nsapu commises de 2016 à 2017, a fait savoir Eric-Aimé du BCNUDH.
Christiane MUNOKI EKAMBO