Avec «No tabou», Félicité Luwungu donne un autre usage à la capote

Félicité Luwungu.

Styliste, modéliste, couturière et designer, Félicité Luwungu est une professionnelle de la mode. Dans une société RD-congolaise où le sexe est un sujet encore tabou, elle a fait preuve d’imagination plutôt osée. Dans sa collection dénommée «No tabou», les préservatifs neufs sont utilisés comme matériaux associés aux tissus.
Une grande première! Lors d’une interview exclusive au Journal des Nations, cette transfuge de l’Institut supérieur des arts et métiers -ISAM- a précisé que cette collection qui date de 2015 a pour but de véhiculer le message de prudence à l’endroit de toute la population RD-congolaise, tant dans le domaine de santé que de la vie courante.
Aussi, cette dernière vise à redonner l’espoir aux personnes vivant avec le VIH/Sida se considérant comme des parias. Pour Félicité, sa création n’est pas encore finie: «Cette collection a été officieusement lancée en 2015 lors du Festival A, mais pas au grand complet. Elle sera officiellement présentée dans les prochains jours».

«No tabou» est une œuvre propre à la modéliste professionnelle Félicité Luwungu, présidente de l’association « Les défenseurs de la mode ». A l’en croire, «No tabou» veut dire «sans tabou». Depuis sa création, cette collection «made in Congo» compte des robes et des gilets homme à base de condoms. Couturière très inspirée, elle ne va pas trop loin pour imaginer des merveilles.

«Je me suis inspirée de personnes vivant avec le Sida. Je me suis également dit qu’avec les préservatifs, je pourrai faire quelque chose pour faire passer un message qui me tenait à l’esprit.
En tant que styliste professionnelle, j’ai vu qu’il était possible que je parle ou transmette un message à la population, aux gens qui nous entourent, à travers ma création. Parce que quand on crée, il y a toujours un message qu’on véhicule. J’ai utilisé les préservatifs pour lancer un message fort, afin d’appeler les gens à être prudents, non seulement dans le domaine de santé, mais aussi dans la vie courante», a-t-elle expliqué.

Et de poursuivre: «imaginez que vous portez quelqu’un dans le cœur, alors que de son côté, il vous hait. Pour moi, c’est aussi un virus. Donc, quand j’ai créé cette collection, c’était pour appeler la population toute entière à la prudence tant dans le domaine de santé que sociale ou la vie courante. C’était en même temps un message d’espoir pour les personnes vivant avec le VIH/Sida, se sentant dans la peau de parias. Pour y aboutir, en 2015, j’ai présenté une partie de cette collection à travers un défilé de mode, j’avais associé ces personnes atteintes, elles ont mis mes vêtements, on a défilé ensemble, pour leur faire voir qu’elles sont encore utiles dans la société et que leur réinsertion sociale est possible».

Bientôt la présentation officielle
Pour compléter le look, la génitrice de «No tabou» a promis de réaliser encore plus dans les prochains jours. «Cette collection a été officieusement lancée en 2015. Je n’ai pas encore sorti toute la collection, il y a des tenues que je suis en train d’ajouter. Notamment, des pantalons, culottes et chemises. C’est un grand travail. Une robe, par exemple, peut te prendre tout un mois. Déjà, il y a un événement en gestation qui est en train de se peaufiner, celui-ci occasionnera la présentation officielle de toute la collection ‘No tabou’. La date vous sera fixée au moment opportun. J’ai créé des gilets pour les hommes, les robes pour les dames. J’ai les ai présentés pour la première fois, en avant-première, au Palm Beach lors de l’une des éditions du Festival A en 2015. Les gilets se sont ajoutés en 2016», a-t-elle souligné.

Et de conclure: «parmi toutes mes collections déjà réalisées, j’en compte également une dénommée ‘Angélique’ que j’avais fait en hommage à ma mère, déjà décédée. C’était pour la remercier, car c’est grâce à elle que j’avais embrassé ce métier. Pour d’autres collections, je suis en train de pousser encore plus loin, mon imagination pour mieux servir mes fidèles clients et potentiels. Je suis ouverte à tout le monde. J’en profite pour appeler le peuple congolais à consommer congolais».
René KANZUKU

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