RDC : 16 000 survivants de violences sexuelles soignés dans le Kasaï-Central (MSF)

En RDC, Médecins Sans Frontières (MSF) affirme avoir soigné plus de 16 000 survivants de violences sexuelles en six ans soit de 2017 à 2023 dans la Province du Kasaï-Central. Ces chiffres alarmants ont été rendus publics lors d’un échange mardi 26 septembre 2023 entre l’équipe MSF et des journalistes autour de son désengagement dans le projet de prise en charge des victimes de violences sexuelles dans la même Province.

Contexte de la crise

D’après MSF, dans ce communiqué exploité jeudi 28 septembre 2023 par Journaldesnations.net, la flambée des cas de violences résulte d’un conflit sanglant entre les milices Kamuina Nsapu et les forces de l’ordre congolaises en août 2016. Une situation qui avait rapidement embrasé l’ensemble du grand Kasaï, plongeant ainsi la région dans un contexte humanitaire sans précédent, entre autres ‘’les massacres et opérations de représailles’’.

Conséquences : « plus de 1,5 million de personnes sont déplacées et des dizaines de milliers trouvent refuge en Angola, des familles entières sont divisées tandis que des filles, des femmes et des hommes sont violés ou forcés de violer », explique Médecins Sans Frontières dans ce document. C’est alors que l’organisation se lance dans ‘’la prise en charge des victimes de traumas (violences physiques) à l’hôpital provincial de référence de Kananga (HPRK), ensuite mettre en place des cliniques mobiles dans lesquelles 206 cas ont été soignés’’, lit-on dans le communiqué.

« Quand nous sommes arrivés sur place, les patients affluaient en très grand nombre », se souvient Jimmy Matumona, Chef de Mission adjoint de MSF en RDC. « Beaucoup de structures de soins avaient été pillées. Les besoins étaient partout. Mais rapidement, nous avons compris que l’ampleur des violences sexuelles nous appelait à en faire une priorité, tant dans la prise en charge médicale que psychologique. ».

Début 2018, note MSF, l’appropriation communautaire de ce projet était en berne. Ceci s’expliquait notamment par le nombre des patients qui se rendaient mensuellement aux soins, car, variant entre 25 à 30.  Aujourd’hui, MSF se félicite des efforts de sensibilisation qui ont permis ‘’d’accroître l’information et la confiance dans la prise en charge, d’une part et de permettre à davantage de patients d’être soignés, d’une autre’’.

Des victimes confrontées au rejet et à la stigmatisation

A ces jours, un défi majeur est décrié dans la région, pourtant MSF annonce son retrait dans l’espace Kasaï. Les survivants sont encore rejetés et stigmatisés par la communauté alors qu’ils ont besoin d’un appui socio-économique, alerte MSF. Elle rappelle que leur prise en charge doit être  »disponible, gratuite et de qualité ».

« Nous appelons à une couverture efficiente des formations sanitaires via l’approvisionnement en intrants qui correspond aux besoins réels. Cela passe notamment par la couverture géographique équitable des acteurs humanitaires dans la zone en matière des violences sexuelles.», apprend-t-on de la même organisation.

Au cours de ces années, MSF indique, toujours dans le même document, que 7422 femmes ont également bénéficié de services de planification familiale, 70 prestataires du ministère de la santé, formés à la prise en charge des violences sexuelles, 8 centres de santé et 1hôpital de référence soutenus. Sur le volet nutritionnel, plus de 2600 patients atteints de la malnutrition ont été traités. 

Djiress Baloki