Le monde a célébré ce lundi 12 février, la journée internationale des enfants soldats. Le recrutement d’enfants au sein des forces est de plus en plus récurrent dans des pays post conflits et ceux minés par les guerres. La RDCongo n’a pas échappé à ce phénomène. Dans une interview exclusive livrée au journaldesnations.net, Jeanine Mabunda, représentante du chef de l’état en charge de lutte contre les violences sexuelles et le recrutement d’enfants depuis juillet 2014, a présenté les efforts du gouvernement RD-Congolais pour soulager les enfants utilisés par les forces des supplices qu’ils endurent. Le programme national de Désarmement, Démobilisation et réinsertion-DDR- d’enfants des rangs des groupes armés et l’instauration du système de vigilance pour détecter les enfants intégrés au sein des forces armées ont donné des résultats satisfaisants. La RD-congo a été radié de la liste noire des pays recruteurs d’enfants soldats depuis peu, en octobre 2017. Depuis 1998, le pays s’est vu indexé, avec l’arrivée des Kadogos, enfants soldats qui ont accompagné le mouvement de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo –AFDL– de feu Laurent Kabila pour la prise de pouvoir le 17 mai 1997. Le nombre exact des enfants utilisés dans les forces en RD-Congo n’est pas déterminé. Les multiples affrontements des groupes armés à l’est et au centre favorisent l’utilisation de nombreux enfants comme combattants, porteurs, espions, cuisiniers ou esclaves sexuels. L’Unicef et ses partenaires estiment que dans la seule région du Kasaï, entre 5.000 et 10.000 enfants ont été associés aux milices. A ce jour, plus 3.000 enfants seraient utilisés au sein des milices au Tanganyika et Sud-Kivu. Beaucoup des progrès ont été réalisé dans la lutte contre le recrutement d’enfants dans les forces.
JDN. Depuis quand date la célébration de la journée des enfants soldats ?
Avant toute chose, définissons le terme « enfant soldat » : Un enfant soldat est un enfant combattant, fille ou garçon, âgé de moins de 18 ans, et parfois dès 16 ans, selon le protocole facultatif à la Convention internationale des droits de l’enfant, concernant l’implication des enfants dans les conflits armés. L’enrôlement des enfants de moins de 15 ans dans des forces armées est un crime de guerre qualifié. Les adolescent(e)s de 15 à 17 ans ressortissent d’un statut intermédiaire mal défini. Enrôlés de gré ou de force, des enfants soldats ont été utilisés à de nombreuses époques et par de nombreuses cultures lors de l’histoire militaire. Ainsi, c’est depuis l’année 2002 que la journée internationale des enfants soldats est célébrée le 12 février de chaque année. Pour l’année 2018, il s’agit donc célébration de la 16ème journée internationale des enfants soldats.
JDN. Quel est le bilan à ce jour de la lutte contre le recrutement des enfants soldats en RDCongo?
En effet, listé comme Etat recruteur d’enfants depuis 1998, la RDC a pris plusieurs mesures législatives et réglementaires pour renforcer la lutte contre le recrutement des enfants, en vue d’une meilleure réponse à ce phénomène. Il s’agit principalement des décrets, ordonnance, et loi suivants : Décret-loi n°066/2000 du 09 juin 2000 portant démobilisation et réinsertion des groupes vulnérables présents au sein des forces combattantes ; Décret de 2003, portant création du Comité Interministériel de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (CIDDR) ; Ordonnance n°07/056 du 14 juillet 2007 portant création de l’UEPNDDR; loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant. Il y a aussi la signature en date du 04/10/2012 du plan d’action pour la lutte contre le recrutement et l’utilisation d’enfant ainsi que les autres violations graves des droits de l’enfant par les forces armées et les services de sécurité de la RDC. L’application stricte de ce dispositif légal et réglementaire par la RDC a permis de sortir des Forces et groupes armés, depuis 2003 à 2016 par le Programme National DDR, 53.548 enfants dont 9.485 filles, d’appuyer 208 écoles en matériel divers et 417 structures d’apprentissage professionnel (Voir annexe 1 Evaluation Finale Indépendante, p .65-99). De plus, la mise sur pied des standards opérationnels de détermination et évaluation de l’âge des enfants a évité d’admettre au sein des FARDC des personnes mineures au moment de recrutement. Le recours à un processus technologique éprouvé d’enregistrement biométrique des éléments des FARDC assorti de leur bancarisation formelle et obligatoire renforce ce dispositif. Ainsi, la mise en place des standards opérationnels de détermination de l’âge facilite les vérifications et a permis de séparer pour la période juillet 2015 à mai 2016, 453 enfants (parmi les recrues) dont 330 ont été retournés dans leurs familles et 123 séparés à la Base militaire de Kamina et qui ont été réunifiés dans leurs familles dans les anciennes provinces du Kasaï via la ville de Lubumbashi avec l’appui logistique du Gouvernement congolais et de ses partenaires (UNICEF et CICR). Au vu de ces efforts, les FARDC ont été rayées de la liste des forces qui recrutent et utilisent les enfants, le 05 octobre 2017.
JDN. Qui sont les auteurs de ce recrutement d’enfants soldats ?
A ce jour, ce sont les groupes armés essentiellement localisés dans la partie orientale de la RDC (Nord Kivu, Su Kivu et Ituri). Ce même constat vient d’être observé au moment des événements de Kamuena Nsampu au Kasaï où la majeure partie des miliciens étaient des personnes n’ayant pas encore totalisé 18 ans d’âge.
JDN. Que sont devenus les enfants (Kadogos) qui ont accompagné l’AFDL pour le renversement du régime de Mobutu en 1997 ?
Le 05 octobre 2017, avec le délistage récent de la RDC par les Nations Unies, il est prouvé que la RDC est un pays post conflit devenu exemplaire. Depuis plus de dix ans, sur base du décret-loi susmentionné et d’une instruction stricte du Ministre de la Défense et du Chef de l’État-major Général des FARDC aux commandants militaires (accès ouvert de l’Unicef aux corps et prisons pour vérification), les FARDC ont séparé de leurs seins les Kadogos qui ont été réinsérés dans les communautés.
Propos recueillis par Christiane Munoki