Plus de six semaines après l’éviction d’Omar el-Béchir, une grève générale de deux jours a commencé mardi au Soudan, pour accentuer la pression sur l’armée, qui refuse de transférer le pouvoir aux civils.
Les fonctionnaires, employés des banques et d’entreprises du privé ont répondu à cet appel d’une grève générale de deux jours, insistant sur le fait que seul un gouvernement civil est en mesure de sortir le pays de la crise politique.
« Désobéissance civile »
« Cette grève est la première étape. Si nos revendications ne sont pas satisfaites, nous irons vers une désobéissance civile », a averti un employé de banque, Youssef Mohamed, alors qu’il scandait des slogans avec ses collègues devant un établissement bancaire de Khartoum. « Nous avons essayé un gouvernement militaire, mais cela n’a pas fonctionné », a-t-il ajouté.
Dans différents secteurs de Khartoum, des employés grévistes ont protesté en pleine rue, des voitures klaxonnant en solidarité avec eux. Des centaines de travailleurs de Port-Soudan, pôle économique vital du pays, ont aussi rejoint la grève de 48 heures.
Des centaines de passagers ont été bloqués à l’aéroport de Khartoum. Beaucoup d’employés ont porté des insignes sur lesquels était écrit : « Nous sommes en grève », a rapporté un correspondant de l’AFP.
Des passagers bloqués
Les compagnies soudanaises Badr, Tarco et Nova ont suspendu leurs vols mardi. EgyptAir a également annulé ses liaisons avec Khartoum pour la journée, tandis que FlyDubai a dit qu’il « surveillait » la situation.
Des centaines de passagers ont également été bloqués à la gare routière de Khartoum, où les employés ont indiqué qu’ils étaient en grève mardi et mercredi et qu’il n’y aurait donc pas de bus.
Après avoir demandé le soutien de l’armée contre le président Omar el-Béchir, les manifestants réclament désormais le départ des généraux qui ont pris le pouvoir après avoir évincé le chef de l’État le 11 avril.
Des discussions ont été lancées pour trouver un accord sur une instance de transition entre le Conseil militaire et les civils de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), qui mènent depuis plus de cinq mois le mouvement.
« Message clair au monde »
Mais des divergences persistent, notamment sur la composition d’un futur Conseil souverain censé assurer une transition post-Béchir de trois ans, chaque camp réclamant une majorité des sièges.
Face au refus persistant des militaires de céder le pouvoir, l’ALC a décidé d’utiliser l' »arme devenue inévitable » de la grève générale.
En cas d’absence de réaction des militaires, Wajdi Saleh, membre de l’ALC, a menacé lundi soir de faire « monter la pression d’un cran vers une grève générale indéfinie ». « Nous espérons ne pas en arriver là », a-t-il ajouté.
« La grève de deux jours a pour objectif d’envoyer un message clair au monde entier : le peuple soudanais souhaite un changement réel et n’acceptera pas de laisser le pouvoir aux mains des militaires », a déclaré à l’AFP Siddiq Farouk, un des leaders de l’ALC.
Avec AFP