« Le gouvernement congolais ne s’inquiète pas pour nous » : c’est cette phrase qui décrit le désespoir des chauffeurs rencontrés à Butembo (Nord-Kivu), au lendemain de l’attaque des présumés ADF contre des voitures des civils escortées par l’armée congolaise et les casques bleus de la Monusco.
L’ incident sécuritaire est survenu le mercredi 1ier septembre 2021 sur la route Komanda-Luna en Ituri. La soirée du même mercredi, des dizaines de rescapés sont arrivées en ville de Butembo.
C’est à l’instar de ce jeune qui s’est exprimé sous anonymat. Voix cassée, visage fondu, ce chauffeur de voiture taxi s’est frayé passage lors des tirs intenses à ses risques et périls. Au vu du danger permanent sur cet axe routier, il suspend, comme ses collègues, le trafic vers l’Ituri.
« Les chauffeurs qui étaient devant moi ont commencé à prendre fuite à cause du feu produit par des voitures brûlées. J’ai essayé de me débrouiller dans la brousse et voilà, je suis arrivé à Butembo. Je ne peux plus emprunter cette route », a-t-on appris de ce rescapé.
Méfiance à l’égard des forces armées
Le porte-parole de la plateforme de la cellule des agences de l’avenue Butembo, affirme avoir comptabilisé plus de 20 voitures brûlées par l’ennemi depuis l’activisme des rebelles dans cette zone, sans toutefois compter des dizaines d’autres appartenant à l’ACCO (association des chauffeurs du Congo) et de différentes corporations du secteur de transport.
Une situation qui les pousse à désavouer l’escorte militaire instaurée sur plusieurs axes routiers suite à la flambée des attaques. Au stade actuel, rien ne rassure.
« Nous sommes totalement écœurés et on en a marre, trop c’est trop! Qui peut le comprendre? Chaque jour nous sommes en train d’enterrer nos chauffeurs, nos passagers », s’est indigné Raisa Shauri, porte-parole de cette plateforme.
Et ce qui nous étonne de plus : « Comment un ennemi peut parvenir à décharger même un camion, partir avec les marchandises. C’est dire qu’il y a une complicité au sein de l’armée. Que chacun prenne ses responsabilités, que ça soit nos députés, que ça soit nos soi-disant leaders », a-t-il lancé.
Au cours de cette attaque, une dizaine des voitures et 2 véhicules ont été calcinés par des assaillants assimilés aux ADF, également des civils tués et d’autres pris en otage. Le soir de mercredi, l’armée congolaise a annoncé avoir libéré plus de 60 personnes après les opérations de poursuite des assaillants.
Djiress BALOKI ( correspondant au Nord-Kivu)