La ville de Butembo perd petit à petit la beauté de ses routes asphaltées. Sont incriminés : des jeunes qui allument des foyers de feu sur le macadam lors des manifestations de colère. Une approche « d’expression populaire » désavouée par des acteurs sociaux qui prêchent le respect des biens communs acquis après des années de calvaire.
Butembo est l’une des grandes villes situées dans la partie Est de la République Démocratique du Congo, au Nord-Kivu, une Province en proie aux violences armées et des conflits depuis des années. Son économie dépend en partie des échanges avec les pays Est-africains et asiatiques, ce qui permet à Butembo d’être réputée « ville commerciale ».
En juillet dernier, cette entité d’environ un million d’habitants, a été émaillée des violents mouvements de protestation des civils « pour exiger le retrait des casques bleus de la Monusco sur le sol congolais ». Lesvforces onusiennes sont pointées du doigt suite à leur passivité dans la restauration de la sécurité et la paix dans les zones écumées par des groupes armés locaux et étrangers dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Au-delà des revendications populaires, ces actions entraînent la paralysie des activités socio-économiques, déplore une femme vendeuse des tomates au marché central.
« Les manifestations ne sont pas du tout une mauvaise chose. Mais le caractère violent qui les caractérisent est à condamner. Nos perdons beaucoup d’argent. Au mois de juillet, j’ai jeté des tomates parce qu’elles étaient déjà pourries », raconte la femme à la soixantaine.
Et les routes ne sont pas épargnées !
Des routes barricadées, des foyers de feu sur le macadam… illustrent ces actions initiées pour la plupart par des groupes de pression essentiellement constitués de la jeunesse. Les artères les plus touchées sont entre autres : le boulevard principal traversant le centre-ville et la rue Julien Paluku localement appelée « rue Kinshasa ».
Actuellement, des traces laissées par le feu y sont visibles. « Partout où le feu a déjà été allumé, dans les jours avenirs, il y aura des trous. Et cela à notre défaveur », explique un ingénieur bâtisseur à journaldesnations.net sous anonymat. Une situation décriée impuissamment par des acteurs sociaux.
« Quand nous manifestons, c’est pour tenter de chercher une solution à un problème donné. Et il est illogique et anormal que nous puissions manifester en créant d’autres problèmes. C’est toujours déplorant et décevant de voir des gens se mettre à démolir les biens communs notamment le macadam par exemple sur les artères principales de la ville. Ça c’est vraiment anormal, ça doit être combattu », indique Jean-Pierre Kasma du mouvement citoyen Lucha, Lutte pour le changement.Au cours des récentes mobilisations anti-Monusco, la ville de Butembo a enregistré une dizaine de morts et des blessés du côté des manifestants visés par des tirs des soldats onusiens lors des échauffourées. « En dépit des revendications légitimes, la colère ne devrait pas prendre le dessus sur le patriotisme », estime pour sa part Pierrot Bongama, un des défenseurs judiciaires de la place.
« Nous devons respecter notre patrimoine pour éviter un recul. Cette façon d’allumer le feu sur le goudron est à condamner. Il faut renforcer également le cadre conscient de la citoyenneté d’une jeunesse. Nous devons rester vigilants dans nos actions pour que l’ennemi de la paix ne profite de notre énergie pour réaliser ses forfaits », ajoute-t-il.Dans la série des messages d’indignation, notons également celui de l’administration locale. Samedi antérieur, le Maire policier, Commissaire supérieur principal Mowa Baeky Telly Roger a, dans un communiqué, appelé la jeunesse à s’abstenir de ces genres d’actes en défaveur de la ville.
Djiress BALOKI/ Nord-Kivu/ journaldesnations.net