Le Ministre de l’Industrie, Julien Paluku Kahongya dénonce « l’impunité » dont bénéficie depuis des décennies des seigneurs de guerre, auteurs des tueries de millions de personnes dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) essentiellement dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il sollicite, à cet effet, une enquête internationale en vue de porter les choses au clair en donnant la vraie information relative aux crimes documentés.
Julien Paluku a pris la parole lundi 5 décembre 2022 comme ancien gouverneur du Nord-Kivu lors du briefing de la presse co-animé avec le Ministre de la Communication, Patrick Muyaya. Ce rendez-vous hebdomadaire portait sur les massacres des centaines de civils à Kishishe dans le territoire de Rutshuru orchestrés par le M23 aux côtés de l’armée rwandaise, selon des rapports de la société civile et des autorités nationales.
En réponse aux questions des journalistes, Julien Paluku insiste sur l’apport de tous les congolais pour « briser » ce qu’il qualifie « d’hypocrisie et de complicité internationale » face à ces atrocités commises à Kasika, Kakobola, Tingitingi, à Tamugenga, Rugari, Bunagana.
« Au niveau du ministère de la justice, on est en train de documenter tout cela pour qu’il y ait un dossier solide qui soit envoyé à la cour pénale internationale », fait savoir le ministre jadis à la tête du Nord-Kivu pendant près de 12 ans.
Malgré des rapports établis par des organisations de défense des droits humains et du gouvernement congolais, des principaux acteurs cités dans le désastre sécuritaire dans le Kivu jouissent toujours de leur liberté. Ce qui choque Julien Paluku à ces termes :
Pour lui, c’est cette impunité qui fait « qu’il y ait des guerres cycliques qui reviennent, parce que ce sont les mêmes acteurs.» Ce qui explique alors son plaidoyer : « Nous devons davantage, pour cette enquête internationale, amener à ce que la cour pénale internationale commence à arrêter les gens sur les crimes commis particulièrement au Nord-Kivu ».
Qui est Bosco Ntaganda ?
En novembre 2019, pour un rappel, Bosco Ntaganda avait été condamné par la Cour pénale internationale (CPI) à 30 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité en 2002 et 2003 dans la Province de l’Ituri écumée également par plusieurs milices, actuellement.
« Les chefs d’inculpation étaient nombreux : assassinats et tentatives d’assassinat, viols, esclavagisme sexuel, attaques de civils, pillages, déplacements de civils, attaques de biens protégés et recrutement et utilisation d’enfants soldats », selon Human Rights Watch.
A l’époque, Bosco Ntaganda était chef des opérations militaires au compte de l’Union des Patriotes Congolais (UPC), une milice dirigée par Thomas Lubanga, également condamné par la CPI en 2012 pour avoir utilisé des enfants soldats.
Djiress BALOKI/ Nord-Kivu/ journaldesnations.net