Cameroun: enlèvement de 79 élèves dans la partie anglophone

Des soldats patrouillent à Bafut, après l'incendie criminel contre le dortoir la nuit du 15 novembre 2017, dans la région anglophone du nord-ouest du Cameroun.
Des soldats patrouillent à Bafut, après l’incendie criminel contre le dortoir la nuit du 15 novembre 2017, dans la région anglophone du nord-ouest du Cameroun.


 

Au moins 82 personnes, dont 79 élèves, ont été enlevées lundi dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, en proie à un conflit armé entre des séparatistes réclamant l’indépendance des zones anglophones du pays et les forces de sécurité camerounaises.
Le principal de la Presbyterian Secondary School de Bamenda (capitale régionale du Nord-Ouest), un enseignant et un chauffeur ont aussi été enlevés par des hommes armés non identifiés.

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L’enlèvement des élèves a été confirmée à VOA par une source proche de l’établissement. C’est le deuxième acte d’enlèvement signalé en moins de 48 heures, dans le Nord-Ouest du Cameroun.
« 79 élèves et trois encadreurs » de la Presbyterian Secondary School de Bamenda (capitale régionale du Nord-Ouest) ont été enlevés, a indiqué à le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary.
Ces trois « encadreurs » sont le principal de l’établissement, un enseignant et un chauffeur, selon une source gouvernementale camerounaise.
« Les recherches pour retrouver les otages ont été lancées, la mobilisation est totale », a ajouté cette source qui s’exprimait à l’issue d’une réunion de crise en fin de matinée lundi.
« L’établissement est quadrillé par les forces de sécurité. Nous n’y avons pas accès », a précisé une autre source proche de l’établissement.
Depuis samedi dernier, un sous-préfet du nord-ouest est entre les mains des séparatistes anglophones.

Des manifestants ce dimanche à Bafoussam, au Cameroun le 4 novembre 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
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Le président Biya, 85 ans, au pouvoir depuis 1982, a été réélu pour un septième mandat avec 71,28% des votes. Il doit prêter serment mardi.
Dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, une crise socio-politique sans précédent s’est installée fin 2016. Elle s’est transformée fin 2017 en conflit armé.
Des affrontements entre l’armée et des séparatistes, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s’y produisent quasiment tous les jours depuis plusieurs mois.
Les séparatistes ont décrété un boycott des établissements scolaires, estimant que le système scolaire francophone marginalise les étudiants anglophones.
Nombreuses attaques
Les attaques de séparatistes armés sur les écoles sont nombreuses depuis le début du conflit. Mi-octobre, six élèves avaient été enlevés dans une attaque de lycée à Bamenda, selon des sources concordantes. Les autorités avaient démenti.
Le jour de la rentrée scolaire début septembre, un directeur d’école avait été assassiné, un professeur mutilé et plusieurs lycées attaqués.
Le conflit armé a redoublé d’intensité dans la région du Nord-Ouest après plusieurs mois d’accalmie, les affrontements s’étant concentrés durant l’été dans la région du Sud-Ouest.
Le 30 octobre, un missionnaire américain a été tué par balles dans son véhicule à Bambui, en banlieue de Bamenda. Les raisons de son assassinat restent inconnues, mais l’Etat a accusé les « terroristes » d’être à l’origine de sa mort alors que Washington a évoqué des « tirs croisés ».
Plus de 175 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit, ainsi que plus de 400 civils, selon les ONG.
Dans la zone, plus de 300.000 personnes ont fui les violences, pour la grande majorité en brousse et dans les grandes villes des régions voisines, et pour certaines au Nigeria voisin.
Dans les deux régions anglophones, le taux de participation à la présidentielle du 7 octobre a été très faible (5% dans le Nord-Ouest et 15% dans le Sud-Ouest). Paul Biya y a obtenu dans chacune plus de deux tiers des suffrages exprimés
Emmanuel Jules Ntap/VOA

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