Le centre de santé de Kokola, situé dans le groupement Bambuba-Kisiki, secteur de Beni-Mbau, territoire de Beni (province du Nord-Kivu), traverse une crise sanitaire alarmante. Privé de tout appui du gouvernement et des organisations humanitaires actives dans le domaine de la santé, l’établissement peine à répondre aux besoins urgents de la population locale.
C’est un cri de détresse que lance Ishimari Riperari, président de la société civile locale, dans une interview accordée à la presse le lundi 20 octobre 2025. Il décrit une situation critique dans un contexte sécuritaire encore fragile, où l’accès aux soins est devenu un luxe pour une population éprouvée par des années de violences armées.
« La structure de santé fonctionne difficilement, car la population ne parvient pas à honorer les factures de soins à cause de l’insécurité imposée par les rebelles ADF », explique-t-il.
« D’autant plus que cette population vivait principalement des activités champêtres, aujourd’hui abandonnées ».
Le président de la société civile souligne les conséquences directes de l’instabilité dans la région : déplacements massifs, perte des moyens de subsistance et appauvrissement généralisé. Le centre de santé de Kokola, déjà fragilisé, se retrouve ainsi privé des modestes revenus issus de la contribution communautaire, traditionnellement utilisée pour assurer son fonctionnement.
Si la présence des Forces Armées de la RDC (FARDC) à Kokola est saluée pour leurs efforts de stabilisation, Ishimari Riperari insiste sur l’urgence d’un appui extérieur :
« Nous saluons le travail abattu par les FARDC pour maintenir une situation relativement calme dans notre village, mais nous appelons les ONG partenaires du gouvernement congolais à intervenir en urgence, notamment en fournissant des médicaments et en soutenant le personnel soignant qui se démène pour sauver des vies ».
Ce rappel prend une résonance particulière : lors d’une attaque des rebelles ADF contre le village de Kokola, certaines infrastructures du centre de santé avaient été endommagées. À ce jour, aucune réhabilitation n’a été entreprise, et les infirmiers continuent de travailler dans des conditions précaires, parfois sans pouvoir soigner correctement les malades, faute de matériel et de médicaments.
Face à cette situation, la société civile plaide pour une intervention rapide et concrète du gouvernement congolais et de ses partenaires humanitaires. Sans une aide imminente, la santé de milliers d’habitants de Kokola demeure gravement menacée.
Gloire Tsongo, depuis Beni