Beni : des jeunes manifestent contre l’insécurité, routes barricadées et écoles perturbées

La ville de Beni, chef-lieu provisoire de la province du Nord-Kivu, a connu une matinée tendue ce lundi 13 octobre 2025. Dès l’aube, plusieurs axes routiers, dont la route principale du boulevard Nyamwisi, ont été barricadés par des jeunes manifestants en colère, protestant contre la persistance de l’insécurité dans la région.

Les barricades ont été érigées vers 4 heures du matin, au niveau de points stratégiques, notamment le rond-point du 30 Juin, le centre du quartier Matonge et plusieurs autres quartiers de la ville. Les manifestants dénoncent les tuéries récurrentes de civils attribuées aux rebelles ADF, ainsi qu’une insécurité urbaine grandissante.

Alertées, les forces de l’ordre sont intervenues rapidement. Des tirs de sommation ont été entendus dans plusieurs quartiers. Selon des témoins, il s’agissait de balles tirées en l’air pour disperser les manifestants. Aucun blessé n’a été signalé jusqu’à présent.

Activités scolaires et économiques paralysées

La situation a provoqué une paralysie totale des activités scolaires et économiques. Par mesure de sécurité, plusieurs établissements ont renvoyé les élèves à la maison dès les premières heures de la matinée. Dans certains quartiers, les commerces sont restés fermés, les propriétaires craignant des débordements.

« Nous avons préféré ne pas ouvrir aujourd’hui. La situation était confuse et on entendait des coups de feu. On ne peut pas risquer nos vies pour vendre quelques articles », confie un commerçant du quartier Matonge.

Les jeunes manifestants accusent les autorités de laxisme face aux massacres répétés qui endeuillent la région. Pour eux, il est urgent que le gouvernement prenne des mesures concrètes pour restaurer la sécurité et protéger les civils.

« On en a assez des promesses. Chaque semaine, on enterre des proches. Nous sommes jeunes, nous voulons vivre, pas mourir dans l’indifférence », lance un manifestant rencontré à Matonge.

Vers la mi-journée, un calme précaire semblait revenir dans la ville, bien que la peur reste palpable parmi la population. Des appels au dialogue et à l’apaisement ont été lancés par des leaders communautaires et des acteurs de la société civile.

La région de Beni est régulièrement la cible d’attaques attribuées aux ADF (Forces démocratiques alliées), un groupe armé d’origine ougandaise. Malgré la présence des FARDC et de la MONUSCO, les violences persistent, alimentant la colère et le désespoir d’une population déjà éprouvée.

Gloire Tsongo / Beni

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