La commune de Mulekera, dans la ville de Beni (Nord-Kivu), traverse une période de forte instabilité sécuritaire. En l’espace de deux semaines, trois personnes ont été tuées dans des circonstances violentes, suscitant colère et inquiétude au sein de la population locale.
Le premier drame s’est produit lors d’une manifestation citoyenne, au cours de laquelle un jeune garçon a été abattu par balle, selon plusieurs témoins.
Quelques jours plus tard, un autre jeune homme a été fusillé dans le quartier Matonge, toujours dans la même commune.
Le dernier cas, découvert vendredi 24 octobre 2025, concerne un militaire des FARDC retrouvé sans vie à Boikene-centre, dans le quartier Masiani, une arme à feu à ses côtés. Selon les premières constatations de la police scientifique, la victime aurait été tuée ailleurs avant d’être déposée sur les lieux par des individus non identifiés. Les circonstances exactes de ce meurtre demeurent floues, mais une enquête a été ouverte.
Face à cette série de meurtres, Joseph Sabuni, président de la société civile forces vives de Mulekera, a exprimé sa profonde préoccupation :
« C’est une réaction de regret, parce que, en deux semaines, nous venons d’enregistrer au moins trois corps. La fois passée, on avait fusillé un jeune garçon parmi les manifestants. Jeudi, un autre jeune a été abattu à Matonge. Et aujourd’hui, c’est un militaire qu’on retrouve mort. Nous condamnons fermement ces actes, car nous ne savons pas ce qui peut arriver demain ».
Le président de la société civile déplore également la montée de la peur dans la population et appelle les autorités à assumer leurs responsabilités : « Cela devient plus grave de part et d’autre. Ce ne sont plus seulement les civils qui meurent, mais aussi les militaires. Que les services sécuritaires mènent des enquêtes sérieuses pour identifier les auteurs ».
Le chef du quartier Masiani appelle, pour sa part, les habitants à ne pas céder à la panique et à collaborer avec les services de sécurité, afin de permettre une meilleure maîtrise de la situation.
Sur le terrain, pourtant, la peur demeure. Plusieurs témoignages évoquent des patrouilles irrégulières, des coupures d’électricité nocturnes et un sentiment d’abandon face à la recrudescence des violences.
Ces nouveaux drames viennent s’ajouter à une longue série d’incidents violents qui minent la stabilité de Beni depuis plusieurs années. Entre criminalité urbaine, infiltration d’éléments armés et méfiance envers les forces de l’ordre, la commune de Mulekera apparaît aujourd’hui comme l’un des épicentres de l’insécurité dans la région.
Les habitants, eux, réclament des réponses concrètes et des actions fortes. Trois morts en deux semaines : pour beaucoup, le seuil du tolérable est franchi.
Gloire Tsongo, Beni