Devant les membres de la Fédération des Entreprises du Congo réunis jeudi 16 février pour le rituel des échanges des voeux, le Président de la république, Son Excellence Félix-Antoine Tshilombo a rappelé son voeu de voir renforcé le dialogue public-privé et d’effectuer une meilleure orientation des réformes compatibles avec les préoccupations réelles des opérateurs économiques. Il a réitéré son annonce du lancement d’un Baromètre National sur le Climat des Affaires dont le premier rapport est attendu au premier trimestre de l’année en cours. Voici le dicours dans son intégralité.
ALLOCUTION DU CHEF DE L’ETAT, SON EXCELLENCE MONSIEUR FELIX-ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, A L’OCCASION DE LA CEREMONIE D’ECHANGE DE VOEUX DE LA FEC
Monsieur le Président de la Fédération des Entreprises du Congo,
Mesdames et Messieurs les membres de la Fédération des Entreprises
du Congo,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de me retrouver parmi vous pour la première fois depuis le début de ce quinquennat à l’occasion de cette cérémonie d’échanges des voeux, généralement organisée par votre corporation pour ses membres. J’exprime ma gratitude aux dirigeants de la FEC qui ont eu l’idée de m’inviter à cette édition spéciale non sans raison.
D’abord, parce que c’est à mon sens une marque de confiance et d’attachement des entreprises oeuvrant en République Démocratique du Congo aux institutions de la République.
Ensuite, parce que, c’est une opportunité pour le secteur privé que vous représentez, d’exprimer directement ses préoccupations les plus légitimes à la Première institution du pays, que je représente.
Enfin, parce que cette initiative anticipe, et je vous en félicite, la mise en oeuvre de mon voeux exprimé lors de la 66ème réunion du Conseil des Ministres tenue le vendredi 26 août 2022 et rappelé à l’occasion de mon discours sur l’état de la Nation le 10 décembre 2022 à savoir, celui de renforcer le dialogue public-privé et d’effectuer une meilleure orientation des réformes compatibles avec les préoccupations réelles des opérateurs économiques. J’annonçais alors le lancement d’un Baromètre National sur le Climat des Affaires dont le premier rapport est attendu au premier trimestre de l’année en cours.
Je note avec satisfaction que la présentation officielle de ce Baromètre a été réalisée par la Cellule Climat des Affaires lors d’une conférence de presse tenue ce mercredi 15 février 2023 et que les enquêtes y relatives sont en cours ; je profite donc de cette occasion pour encourager l’ensemble des opérateurs consultés sur cette initiative à réagir promptement afin de permettre aux pouvoirs publics d’avoir un retour d’appréciation du secteur privé et, le cas échéant, d’apporter les ajustements de politique qui s’imposent.
Vous pouvez compter sur moi pour que vos préoccupations qui seront mises en avant soient prises en charge de manière diligente.
Mesdames et Messieurs,
Les opérateurs économiques et investisseurs que vous êtes, contribuez par vos activités à la création d’emplois, à la création des richesses, à la croissance économique de notre pays, et, par conséquent, au développement de la République Démocratique du Congo, votre seconde patrie pour les opérateurs économiques expatriés, et votre mère-Patrie vous les filles et fils du pays.
Le Gouvernement a toujours compté sur vous pour relever les défis majeurs précités.
C’est pourquoi, je voudrais vous exprimer ma gratitude pour le courage dont vous avez fait montre en maintenant dans notre pays vos investissements et vos activités dans un contexte difficile, marqué au niveau mondial par la crise sanitaire de la COVID-19 à laquelle s’invite la crise Russo-Ukrainienne et dont les conséquences dévastatrices des économies du monde entier ne sont plus à démontrer. Ce courage a permis de préserver les emplois, de contribuer à la résilience de notre économie et de bâtir les fondements d’un avenir confiant pour notre pays en termes notamment de taux de croissance de 6.2% en 2022 avec de belles perspectives d’amélioration dans les années à venir, bien au-dessus de la moyenne de l’Afrique subsaharienne qui tourne autour de 4,5%.
Ma gratitude, c’est aussi et surtout en raison de la solidarité que vous n’avez cessé de témoigner au Gouvernement en ce moment particulier où il s’évertue à apporter des réponses adéquates à la question vitale qui touche à la marche et à la survie de notre Nation. Il s’agit de la paix et de la sécurité menacées par l’agression injuste et barbare de notre pays par le Rwanda sous couvert du Mouvement terroriste dit M23.
Ces deux facteurs n’ont pas ébranlé votre foi en la République Démocratique du Congo, ni votre confiance aux institutions qui ne ménagent aucun effort pour restaurer l’autorité de l’Etat dans les zones convoitées et occupées par les ennemis de notre développement dans le seul but de piller nos ressources naturelles tout en commettant des massacres, des viols et toutes autres formes d’actes lâches, ignobles et barbares.
Je vous invite donc à poursuivre cet élan de solidarité avec le peuple congolais et les institutions de la République, en regardant cette terre bénie et terre d’investissement avec beaucoup d’espérance. Toutefois, en dépit de ces perspectives prometteuses pour notre économie, cette conjoncture mondiale générale nous interpelle et nous ne devrions pas perdre de vue que la croissance mise en exergue ci-dessus reste encore non inclusive et est fortement portée par le secteur minier, raison pour laquelle il est impératif, et vous l’avez souligner, de diversifier notre économie et de la rendre plus résiliente afin de réduire sa vulnérabilité aux chocs extérieurs susceptibles d’éroder les perspectives de croissance économique à long terme.
C’est dans ce contexte que le Gouvernement, à travers son Plan National Stratégique de Développement, s’est engagé à entreprendre une série d’initiatives et de réformes afin de soutenir l’émergence d’une économie diversifiée, durable et à croissance inclusive. Une diversification qui ne se fera pas sans une augmentation conséquente des investissements stratégiques nationaux et étrangers dans les secteurs importants de l’économie nationale, tels que l’agriculture, l’industrialisation, les infrastructures et l’énergie pour n’en citer que quelques-uns.
Les réformes structurelles initiées et qui visent, entre autres, l’amélioration du cadre macroéconomique dans son ensemble, le renforcement de la transparence et la bonne gouvernance, la solidité institutionnelle afin de bâtir des institutions pérennes, et l’amélioration du climat des affaires, révèlent que la République Démocratique du Congo est dans une dynamique de changement vers des horizons positifs.
Ces réformes seront aussi accompagnées par la mise en oeuvre de projets prioritaires stratégiques, de manière à catalyser et à accélérer la croissance et le développement durable. A titre d’exemple, je cite, notamment :
Les projets visant à réindustrialiser l’économie congolaise à travers le développement de Zones Economiques Spéciales et Parcs-Agro Industriels dans 6 zones industrielles, de manière à doter le tissu économique local, d’infrastructures et d’outils nécessaires à la production et à la transformation afin de générer plus de valeur ajoutée ;
Le développement du secteur agricole à travers la relance des filières porteuses en vue de répondre aux besoins de sécurité alimentaire, de lutte contre la pauvreté, de réduction des importations des produits de première nécessité ;
La mise en oeuvre des projets visant la préservation de la biodiversité, des tourbières, ainsi que d’autres secteurs additionnels émetteurs tels que l’énergie, les déchets et le transport multimodal ;
Le Programme de développement local des 145 territoires visant à corriger les disparités de développement humain durable entre les milieux urbains et ruraux, à lutter contre la pauvreté, à transformer les conditions de vie des populations et à renforcer l’efficacité de l’action administrative ;
Le développement de projets intra-africains permettant l’accroissement des échanges commerciaux tels que la construction d’une Zone Economique Spéciale pour la production des précurseurs de batterie électrique en partenariat avec la Zambie.
Le secteur privé est bien évidemment invité à accompagner activement l’Etat dans le développement ces projets, et le Gouvernement est instruit de demeurer ouvert dans le cadre de ce partenariat que j’ai toujours souhaité être « gagnant-gagnant ».
Mesdames et Messieurs,
Je suis conscient des défis qui sont les vôtres et de l’environnement dans lequel vous exercez vos activités. L’interaction que j’ai voulue entre le secteur privé et les pouvoirs publics m’a poussé, au lendemain de mon accession à la magistrature suprême, à créer au sein de mon Cabinet depuis 2020, un service spécialisé dénommé « Cellule Climat des Affaires » et placé sous mon autorité directe, dont la mission est notamment de jouer le rôle d’interface avec le monde des affaires.
Je ne doute pas que ce cadre direct et permanent de mon impulsion a permis de faciliter le rapprochement que j’ai souhaité et que sa collaboration étroite avec le secteur privé a permis de décanter un certain nombre de problèmes majeurs liés au climat des affaires et qu’il permettra davantage de consolider le dialogue public-privé.
Mesdames et Messieurs,
J’avais réitéré au Gouvernement, depuis l’an passé, ma volonté de prendre en charge avec efficacité la problématique du climat des affaires par une approche de suivi-évaluation jamais encore expérimentée dans notre système de gouvernance afin de rassurer les investisseurs.
J’ai, en effet, pris avec la plus grande considération, les préoccupations des opérateurs économiques ainsi que les recommandations de la « représentation internationale » (le collectif des ambassadeurs), en m’impliquant personnellement pour leur inscription au Plan d’action du Gouvernement. C’est ainsi que l’amélioration du climat des affaires constitue un pilier phare du programme du Gouvernement.
C’est aussi à cet effet que j’ai eu le plaisir de porter, par le truchement de la Cellule Climat des Affaires, la mise sur pied d’un dispositif qui permet désormais, en temps réel, à moi-même, au Premier Ministre ainsi qu’à chacun des membres du Gouvernement concerné, de suivre méticuleusement le rythme de mise en oeuvre des réformes et assignations relatives au climat des affaires.
En outre, ayant mis, en première priorité de mon mandat, l’instauration d’un Etat de droit, la sécurité juridique et judiciaire des investissements et des investisseurs se trouve en ligne de mire des réformes visant l’amélioration du climat des affaires.
C’est pour cette raison que je n’ai cessé d’interpeller le Conseil Supérieur de la Magistrature de faire jouer à la justice son rôle traditionnel de rétablissement de l’équilibre dans la société tout en vidant la magistrature, cette profession noble, des brebis galeuses qui ternissent l’image de ce corps.
C’est à cette condition que l’on peut espérer consolider les avancées significatives et l’évolution apportées par la synergie que j’ai créée et dédiée expressément à cette problématique ; j’entends ici la Présidence de la République, la Primature ainsi que les différents ministères réformateurs concernés.
Pour rappel, les quatre axes principaux de réformes portées sur l’amélioration du climat des affaires en République Démocratique du Congo sont totalement alignés aux problématiques qui ont été soulevées ici. Il s’agit entre autres :
Du renforcement sécurité juridique et judiciaire des investissements ;
De la rationalisation de la fiscalité ;
De la facilitation de l’accès au crédit ;
Et de la simplification des procédures administratives.
Mesdames et Messieurs,
Je suis conscient que les efforts fournis jusqu’ici n’ont pas purgé toutes vos préoccupations relatives au climat des affaires. Ces préoccupations font partie des défis auxquels notre pays est confronté. Il ne s’agit pas de nouveaux défis mais des situations qu’on a vu s’enraciner depuis des décennies.
Ce que je fais à l’occasion de cette cérémonie d’échange des voeux, c’est de vous rendre compte des efforts que le Gouvernement, sous mon impulsion, ne cesse de faire pour relever ces défis.
En effet, lors de la présentation du tableau de bord numérique de suivi-évaluation des réformes du climat des affaires au Conseil des Ministres j’avais annoncé une évaluation trimestrielle de l’état de la mise en œuvre des réformes et assignations ministérielles dans le secteur du climat des affaires qui se fera en réunion restreinte.
A ce jour, j’ai déjà présidé deux réunions restreintes d’évaluation, à l’issue desquelles j’ai encore exprimé ma ferme volonté d’améliorer l’image de la République Démocratique du Congo en matière de climat des affaires et j’ai mis un point d’honneur à instruire le Premier Ministre ainsi que les ministres réformateurs d’atteindre les résultats escomptés dans la mise en œuvre de leurs assignations respectives.
A l’issue de ces réunions, l’action gouvernementale a atteint un taux de réalisation des réformes d’environ 40%, bien que cela ne soit pas encore le point optimal et que la réalité sur terrain ne rejoint pas encore totalement celle des reformes finalisées. Néanmoins, les membres du Gouvernement concernés savent à quel point je tiens à ce que toutes les assignations soient réalisées dans l’intérêt de notre environnement des affaires.
C’est dans ce cadre que je compte, dans les prochains jours, mettre sur pied un plan d’urgence du climat des affaires, notamment en me basant sur les résultats du Baromètre que j’ai initié afin de régler les questions préoccupantes de l’heure et les problèmes opérationnels qui constituent une pesanteur pour le développement socio-économique du pays.
Ce plan sera élaboré dans le cadre d’une nouvelle approche d’interaction, Secteur Public / Secteur Privé, impulsée par moi-même et implémentée par le Premier Ministre, les Ministres réformateurs, la Cellule climat des affaires et les services concernés par la problématique du climat des affaires.
Il permettra aussi de motiver et de fédérer les différentes parties prenantes autour de ma vision, en ce qui concerne l’amélioration du climat des affaires et l’environnement économique en général.
Mesdames et Messieurs du secteur privé,
Le Gouvernement a manifesté sa volonté politique de bien faire les choses. Le challenge est maintenant de les amplifier et de les pérenniser. Pour réussir ce pari, votre concours et votre étroite collaboration sont indispensables.
Je tenais à partager avec vous ces quelques idées et actions au coeur de l’action gouvernementale et pour la réalisation desquelles je ne ménagerai aucune énergie pour vous démontrer que vos préoccupations sont en train de trouver des solutions durables.
Mon souhait est que vous réussissiez dans vos entreprises et que par votre entremise, d’autres investisseurs à travers le monde affluent aux portillons de la République Démocratique du Congo, ce beau pays qui porte à lui-seul les enjeux du monde d’aujourd’hui et de demain.
Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo,
Que vive le dialogue public-privé en République Démocratique du Congo,
Je vous remercie.