Des activistes des droits de l’homme ont lancé lundi 21 février à Goma (Nord-Kivu) une campagne dénommée « Brisons notre silence face à l’injustice ». Cela vise à dénoncer des arrestations arbitraires et récurrentes des civils dont des députés par les autorités de l’état de siège dans la province du Nord-Kivu (RDC).
Le cas qui fait déborder le vase, c’est notamment l’interpellation des députés provinciaux, Jean-Paul Ngaghangondi et Kambale Didier Lukogho respectivement élus du territoire de Beni et de Lubero. Ces derniers sont cloués depuis plusieurs semaines dans la prison centrale de Munzenze à Goma sans aucun procès.
Leur opinion critique sur la gestion de l’état de siège serait l’une des raisons de leur arrestation, déplore Parfait Muhani, militant du mouvement citoyen Lucha, Lutte pour le changement.
« Les autorités de l’état de siège ne devraient vraiment pas s’en prendre aux honorables députés. Ils sont des citoyens Congolais, ils doivent jouir de leur liberté d’expression, ils doivent jouir de leur liberté d’opinion, et ça c’est très important pour ne pas menacer l’état des droits et même les droits humains », indique-t-il à journaldesnations.net.
« Arrêter les honorables uniquement pour avoir exprimé leurs opinions sur la gestion de l’état de siège apparaît très diabolique et même une atteinte aux droits de l’homme », lance pour sa part Muyisa Christophe, du mouvement citoyen Filimbi.
Dans l’ensemble, les initiateurs s’insurgent contre le silence de l’assemblée provinciale face à la situation de leurs collègues. Ce qui traduit « une véritable complicité et trahison aux malheurs du peuple », déclare Muyisa de Filimbi.
C’est pourquoi : « Nous demandons aussi à d’autres honorables de briser leur silence pour qu’ils puissent accompagner et se solidariser avec leurs collègues. Et nous population, nous ne pouvons pas vraiment nous taire face à cette déviation démocratique… », martèle Parfait Muhani.
Début février 2022, le député national Josué Mufula Jive avait été également interpellé par les services de sécurité à l’aéroport international de Goma.
Quatre jours après l’ouverture de son procès, la cour militaire du Nord-Kivu s’était déclarée « incompétente » de le juger à cause de ses immunités parlementaires. Il était poursuivi pour « provocation et incitation à des manquements envers l’autorité publique ainsi que pour outrage à l’armée. »
Djiress BALOKI/ Nord-Kivu/ Journal des Nations