Irak: un tribunal de Bagdad a condamné deux Français à mort ce dimanche

 
Un tribunal antiterroriste de Bagdad a condamné à mort dimanche 02 juin 2019 deux Français de plus pour appartenance au groupe jihadiste État islamique. L’un d’entre eux a affirmé pendant le procès avoir été torturé, des allégations rejetées par le juge.
Fodil Tahar Aouidate et Vianney Ouraghi sont devenus respectivement le huitième et le neuvième Français à être condamnés à mort pour appartenance au groupe jihadiste État islamique par un tribunal antiterroriste de la capitale irakienne, dimanche 2 juin.
Vianney Ouraghi, âgé de 28 ans, a vu son audience, initialement prévue lundi 3 juin, avancée à dimanche. Ce Français d’origine algérienne a reconnu devant le juge avoir « travaillé avec Daech ». « Mais je n’ai pas participé aux combats, ni en Syrie, ni en Irak », a-t-il ajouté.
Il avait dit aux enquêteurs irakiens avoir abandonné ses études de psychologie en France puis s’être radicalisé en ligne. Toujours selon ses « aveux », rendus publics par la justice irakienne, il avait suivi « des formations religieuses et militaires », puis fait allégeance à l’OEI à Mossoul (nord) en 2014.
Le procès de Fodil Tahar Aouidate, un homme de 32 ans, décrit comme autoritaire, violent et prêt à mourir pour l’idéologie radicale de l’OEI, s’était ouvert le 27 mai. Présent à l’audience, il n’a pas réagi à l’annonce de la sentence, a constaté une journaliste de l’AFP.
Comme dix autres Français et un Tunisien, il avait été transféré début janvier de Syrie, où il était détenu par les Forces démocratiques syriennes (FDS), l’alliance rebelle arabo-kurde soutenue par les États-Unis, vers l’Irak. Il avait ensuite été interrogé pendant quatre mois, d’abord par le renseignement puis par un juge d’instruction. À l’ouverture de son procès, il avait affirmé avoir été frappé au cours de ces interrogatoires.
Depuis le 26 mai, neuf Français et le Tunisien ont été condamnés à mort pour appartenance à l’OEI.
Allégations de torture
Au début de l’audience de Fodil Tahar Aouidate, le juge a rejeté les allégations de torture qu’il avait formulées à l’ouverture de son procès. « Selon le rapport médical, il n’y a pas de traces de torture sur son corps », a affirmé le juge Ahmad Mohammad.
Lors de sa première audience, celui qui se faisait appeler Abou Mariam al-Faranssi depuis qu’il avait rejoint la Syrie en 2014 avec 22 membres de sa famille avait assuré que ses interrogateurs l’avaient frappé pour qu’il « avoue ce qu’ils réclamaient ».
Il avait montré des marques sur son dos au juge qui avait réclamé un examen et un rapport de la médecine légale.
Recours à la torture selon HRW
Pour Human Rights Watch (HRW), les procès irakiens présentent de « graves lacunes, dont la torture » et Paris ne devrait pas « sous-traiter la gestion » de ses ressortissants « à des systèmes judiciaires abusifs ». HRW assure en outre avoir « les preuves que les interrogateurs (irakiens) recourent à diverses techniques de torture qui ne laissent pas de marques durables, comme frapper les suspects sur la plante des pieds et les simulacres de noyade ».
Paris, qui dit ne pas vouloir s’ingérer dans les décisions de la justice irakienne, affirme avoir réitéré auprès de Bagdad son opposition à la peine de mort.
Dimanche matin, après les deux nouvelles condamnations, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a réaffirmé que la France intervenait « au plus haut niveau ». « La position de la France a toujours été constante. (…) Dès lors que nos concitoyens à travers le monde sont, après une condamnation, potentiellement soumis à la peine de mort, nous intervenons au plus haut niveau de l’Etat », a-t-elle déclaré, lors du « Grand rendez-vous Europe 1-Les Échos-Cnews ».
Originaire de Roubaix (nord de la France), Fodil Tahar Aouidate était apparu dans une vidéo peu après les attentats du 13 novembre 2015 en France, qui avaient fait 130 morts . Il y disait son « grand plaisir et grand bonheur de voir ces mécréants souffrir » et menaçait : « On continuera à frapper chez vous. »
Celui qui avait été emprisonné en France plusieurs mois pour trafic de drogue a été enregistré dans les archives administratives de l’OEI comme un « combattant », selon un document à en-tête du groupe présenté par le juge.
Il était connu du renseignement français pour ses liens avec la mouvance salafiste belge, notamment Abdelhamid Abaaoud, un des organisateurs présumés du 13-Novembre.
Deux de ses sœurs ont été condamnées en France pour « financement du terrorisme », car elles ont, selon le tribunal, envoyé 15 000 euros en Syrie, notamment des allocations familiales perçues par des membres de leur famille après leur départ.

Avec AFP et Reuters

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