Jean-Marie Le Pen: les larmes africaines s’expriment à travers un sourire

Jean Marie Le Pen, co-fondateur du Front national (FN)

La nouvelle a fait le tour du monde le 7 janvier dernier. Jean-Marie Le Pen, co-fondateur du Front national (FN) et figure de l’extrême-droite en France est décédé à l’âge de 96 ans. En Afrique, de quelque façon qu’on prenne cette disparition, les hommages semblent fondamentalement hantés par un thème central: les dérapages racistes de Jean-Marie Le Pen.

Sous la forme d’une intuition ou d’un rappel du vrai, une bonne partie de la presse africaine s’appuie sur l’observation du rôle de cet homme dans la promotion d’une image dégradante du continent. En effet, la plupart des titres parus dès l’annonce de l’homme politique français n’ont pas fait autre chose qu’associer Jean-Marie Le Pen et la haine viscérale de la race noire.


Et Le Pays de le dire sèchement: «Le raciste s’en est allé». «Si les Français retiennent du père de Marine Le Pen, l’image d’un tribun trublion, l’Afrique se souvient des saillies les plus ignobles de cet homme qui n’avait jamais caché son aversion envers les Noirs, accusés d’être à l’origine de tous les malheurs de la France», écrit le quotidien burkinabé.

« Jean-Marie Le Pen n’avait pas le racisme sélectif. Mais sa cible de prédilection restait tout de même les Noirs et les Arabes… Autant d’outrances xénophobes dont il usait et abusait pour exister médiatiquement, tout en donnant à voir le réel fondement idéologique du FN. Et qui ont ouvert la voie à une libération du discours raciste en France», signale Jeune Afrique.

«Celui qui a commencé par être l’éditeur de disques de chansons nazies était un partisan de la colonisation et croyait en l’inégalité des races. La souveraineté et le bien-être des Africains étaient le cadet de ses soucis.», soutient un éditorial paru dans Afrique XXI.


En gros, les mots qu’utilise la presse africaine ne permettent pas donc pas de rendre d’hommage particulier à la survenue de la mort de Jean-Marie Le Pen. Sans doute parce que ce deuil donne-t-il et la terrible chance de lecture du bilan de l’homme dans sa représentation des peuples africains.

Et si on cherche maintenant (au-delà de la référence à la peine ressentie) ce qui peut être dit autrement, il apparaît vite que l’oraison funèbre devient une performance impossible. Parce que, sous les dehors de la sincérité et de l’émotivité, on est contraint à tenir un discours rhétorique et artificiel. C’est la raison pour laquelle tout «discours d’hommage à Jean-Marie Le Pen», repéré dans une bonne partie de la presse africaine, est entièrement cadré par des contraintes historiques si fortes.


Faisant le bilan de cette discussion, nous devrons donc conclure que nous n’avons pas encore trouvé un moyen vraiment satisfaisant, ni de justifier, ni de mettre en forme, un hommage à Jean-Marie Le Pen à l’occasion de sa mort. Pour ce qui est d’un hommage à cet homme, sa philosophie s’oppose, nous l’avons vu, par tous ses traits fondamentaux à la possibilité même d’un tel hommage: non pas qu’il n’y a pas d’hommage à rendre, mais parce que, si hommage il y a et qu’on veuille le lier à la mort de Jean-Marie Le Pen en tant que personne humaine, il n’y a aucune raison de ne pas le rendre spécialement à la fin de sa vie. Si maintenant nous nous tournons vers l’hommage à l’homme politique, nous venons d’établir qu’un tel hommage, garrotté par une série d’insultes contre l’Afrique, ne peut se constituer que dans l’assemblage de formules virulentes.

Avec Radiointegration.com

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