L’appropriation du genocost : Un pas crucial pour la reconnaissance internationale du génocide en RDC (Gouvernement congolais)

Le jeudi 3 avril 2025, Patrick Muyaya Katembwe, ministre de la Communication et Médias, a organisé un briefing de presse à Kinshasa pour faire un focus sur la table ronde sur l’appropriation du genocost, un événement qui s’était tenu sous l’égide du président Félix Tshisekedi. L’objectif de cette table ronde était de sensibiliser la population congolaise à la reconnaissance du génocide perpétré sur le territoire de la République Démocratique du Congo (RDC), et de promouvoir l’appropriation nationale de ce concept.

Lors de ce briefing organisé au studio Mama Angebi de la RTNC, Kevin Ngunga, Directeur Général Adjoint du FONAREV (Fonds National de Réparation des Victimes des Violences Sexuelles liées aux Conflits et des Victimes des Crimes contre la Paix et la Sécurité de l’Humanité), et le professeur Serge Makaya, coordonnateur du comité scientifique de cette Table Ronde, ont pris la parole pour éclairer l’opinion publique sur les enjeux de cette démarche.

A l’entame de sa présentation, le ministre Patrick Muyaya a souligné l’importance de ce processus, en paraphrasant les mots du président Tshisekedi : « Il nous faut marquer notre solidarité non seulement avec les victimes du passé, mais aussi avec les victimes actuelles. Il ne faut pas oublier, il ne faut jamais répéter, mais il faut commencer à guérir ». Faisant l’historique du genocost, le DG adjoint Kevin Ngung a indiqué que cette table ronde s’inscrit dans un long parcours pour garantir que les victimes du génocide en RDC obtiennent justice et réparation.

« L’État congolais, en particulier depuis 2019, s’est engagé à mettre en œuvre des mesures de soutien aux victimes. Le gouvernement a aussi œuvré pour l’adoption de la loi n°22/065 de décembre 2022, qui protège et répare les victimes des violences liées aux conflits », a-t-il expliqué. Le genocost, terme désignant la journée nationale d’hommage aux victimes des violences de guerre, s’inscrit dans ce cadre. Il vise à permettre aux Congolais de prendre collectivement conscience de la réalité du génocide et d’agir pour éviter de futurs massacres, tout en promouvant une culture de la paix. Pour Kevin Ngunga : « Il est impératif que le monde reconnaisse que des génocides ont eu lieu en RDC, en grande partie pour des raisons économiques liées à l’exploitation des ressources naturelles ».

Vers la reconnaissance internationale du génocide congolais

Le professeur Serge Makaya, également coordonnateur de la commission interministérielle d’aide aux victimes, a fait remarquer que la reconnaissance internationale du génocide congolais est un processus complexe. Il a expliqué que la qualification d’un événement comme génocide nécessite une démarche minutieuse, à commencer par l’établissement des faits, la reconstitution des scènes, et la démonstration d’une intention systématique de détruire un groupe ciblé. Le professeur a également précisé que seuls quelques génocides ont été reconnus à l’échelle internationale, et que la RDC doit d’abord procéder à une appropriation nationale du terme avant d’engager des démarches sur le plan international.

Patrick Muyaya a évoqué la thèse selon laquelle les massacres en RDC sont liés à des intérêts économiques, notamment l’exploitation des ressources minières du pays. Pour lui, ces violences ne sont pas des événements isolés, mais font partie d’une stratégie visant à détruire des groupes sociaux et à piller les richesses du pays. Le professeur Makaya a confirmé cette analyse, soulignant que la société civile perçoit ces massacres comme une tentative d’appropriation illégale des richesses congolaises et a renchéri que la journée genocost vise à rendre hommage aux victimes et à leurs secouristes, et à encourager la solidarité du peuple congolais.

Christiane EKAMBO

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