Décédé à 88 ans, le pape François laisse une empreinte singulière sur l’Afrique. De sa visite marquante en RDC à ses appels pour la paix et la justice sociale, retour sur le combat d’un pontife qui a donné une voix aux sans-voix.
Le pape François clôture un pontificat marqué par une attention rare envers les marges du monde. Premier pape venu du Sud, il restera dans l’histoire comme une voix obstinée pour les pauvres, les exclus et les oubliés. En Afrique, et tout particulièrement en République démocratique du Congo (RDC), son héritage résonne avec une force particulière.
Kinshasa 2023 : une visite qui a réveillé les consciences
Lorsque le pape François foule le sol congolais en février 2023, c’est un événement historique : le chef de l’Église catholique n’avait plus visité la RDC depuis Jean-Paul II en 1985. Mais François, fidèle à son style pastoral, dépasse la simple image. Son discours à Kinshasa, dénonçant avec vigueur l’ »étranglement économique » du continent africain, reste gravé dans les mémoires.
Au-delà des paroles, cette visite a aussi ravivé l’élan de l’Église catholique locale, acteur majeur de la société civile congolaise. Elle a encouragé une remobilisation sociale autour de la paix, de l’éducation et de la dignité humaine, même si les effets concrets sur la stabilité politique du pays restent limités à ce jour.
Des mots puissants face aux armes : le pape et la paix à l’Est
Le pontificat de François a été ponctué d’appels constants à la paix dans l’Est de la RDC, notamment dans les régions ravagées par les conflits armés. Dans son style caractéristique, il n’a pas hésité à nommer les responsables milices, acteurs économiques, puissances étrangères appelant à un désarmement véritable et à une justice équitable.
Mais son influence a-t-elle été autre chose que symbolique ? Certains observateurs soulignent que son autorité morale a renforcé la pression internationale pour des enquêtes sur les violences, et qu’il a contribué à légitimer les efforts de médiation de l’Église congolaise, souvent en première ligne sur le terrain.
Contre l’exploitation, pour la dignité : la voix du Sud pour l’Afrique
François n’a cessé de dénoncer la « globalisation de l’indifférence ». En Afrique, cela s’est traduit par des prises de position marquantes : critique ouverte de l’exploitation minière qui « pille les ressources et détruit les peuples », défense des migrants africains traités comme des « marchandises », et soutien indéfectible aux droits des peuples autochtones.
Son encyclique Laudato Si’, bien qu’universelle, trouve une résonance particulière en Afrique, où l’écologie et la justice sociale sont intimement liées.
Une figure morale au service des peuples oubliés
Le pape François a peut-être été le dernier pape des pauvres dans un monde de plus en plus polarisé. Son héritage en Afrique, et en RDC en particulier, ne tient pas tant à des actes diplomatiques visibles qu’à une ligne morale forte, ancrée dans une éthique du soin, de la justice et de la vérité.
À l’heure où l’Église congolaise poursuit son combat pour la paix et la dignité humaine, elle le fera avec, en mémoire, la voix ferme et compatissante d’un pape qui n’a jamais cessé de tendre la main aux oubliés du monde.
Christiane EKAMBO
