Depuis l’annonce du décès du Pape François, les réseaux sociaux congolais vibrent d’une émotion palpable. Comme une marée numérique, les messages de tristesse, de reconnaissance et de prières inondent les fils d’actualité.
À travers Facebook, X (anciennement Twitter), Instagram ou encore TikTok, les jeunes Congolais, majoritairement catholiques et hyperconnectés, expriment un deuil profond, mêlé à une nostalgie bouleversante.
Un deuil 2.0 : hashtags, hommages et prières virtuelles
Les hashtags #ReposeEnPaixFrançois, #MerciSaintPère, #PapaYaBiso (notre Père) sont devenus viraux en quelques heures. Sur TikTok, les vidéos de la visite pontificale de février 2023 sont remises en avant, commentées avec émotion et parfois accompagnées de chants religieux, repris en chœur par des jeunes visiblement touchés.
Des témoignages se multiplient : « Je me souviens encore du 3 février 2023 au Stade des Martyrs. Il nous avait dit de ne pas vendre notre avenir. Ce jour-là, j’ai compris que l’Église se souciait vraiment de nous », écrit Prisca, 22 ans, étudiante à l’Université de Kinshasa. À ses côtés, des milliers de jeunes rédigent des messages poignants, mêlant foi, culture populaire et souvenirs intimes.
Un lien fort avec la jeunesse congolaise
La douleur exprimée aujourd’hui sur la toile est le miroir d’un lien déjà fort, tissé entre le Pape François et la jeunesse congolaise. Sa venue historique en République démocratique du Congo, et en particulier la catéchèse publique qu’il avait animée au Stade des Martyrs de Kinshasa, avait marqué les esprits. Ce jour-là, François n’était pas seulement le chef de l’Église catholique, il était le père, le conseiller, le guide d’une jeunesse en quête de repères.
Dans un langage direct et sans fard, il avait exhorté les jeunes à refuser la corruption, à rejeter la haine et à « ne pas se laisser voler l’espérance ». Ce discours, gravé dans les mémoires, est aujourd’hui rediffusé en boucle sur les réseaux. Plusieurs influenceurs catholiques congolais, comme Frère Jules RDC ou Mama Grâce de Kin, ont d’ailleurs relancé les extraits vidéo de cette journée historique.
Un deuil communautaire, mais surtout générationnel
Ce phénomène de deuil en ligne révèle une facette nouvelle de la sociologie religieuse en RDC : la foi se vit aussi dans le numérique. Les jeunes ne se contentent plus des messes dominicales, ils investissent leurs émotions, leurs convictions et leur foi sur les plateformes numériques, où ils trouvent un écho immédiat, communautaire, parfois thérapeutique.
Le sociologue Théophile Ngoma analyse : « Ce n’est pas simplement un hommage à un chef spirituel. C’est un cri du cœur d’une jeunesse qui a trouvé, en François, une voix qui l’écoutait. Le numérique devient ici un espace de communion. »
Un héritage à faire vivre
Alors que l’Église entre dans une période de transition, les jeunes Congolais rappellent à travers leurs publications qu’ils sont prêts à poursuivre l’œuvre du Pape François. Beaucoup évoquent son message d’écologie, de paix et de justice sociale. D’autres appellent à une plus grande implication dans la vie ecclésiale et citoyenne, comme un prolongement naturel de ce qu’il avait semé lors de sa visite.
La jeunesse catholique congolaise pleure aujourd’hui un père spirituel. Mais elle montre aussi, à travers le prisme des réseaux sociaux, qu’elle est debout, unie et décidée à garder vivant le feu de l’espérance qu’il avait rallumé en elle.
