Le vainqueur de l’élection présidentielle du 30 décembre dernier en République démocratique du Congo (RDC) est bien l’opposant Martin Fayulu Madidi – et non Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo -, a affirmé lundi à Bruxelles l’ancien archevêque de Kinshasa, Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, en se fondant sur les données recueillies par l’Eglise catholique. « Effectivement, c’est lui qui a gagné les élections », a déclaré l’ancien primat de l’Eglise catholique congolaise à des journalistes lors d’une visite au Sénat belge, quelques heures avant de s’exprimer en soirée devant les Grandes conférences catholiques sur le thème « Quel avenir pour le Congo? « .
Mgr Monsengwo, un vétéran de la scène politique et religieuse congolaise qui n’exerce plus, à 79 ans, de fonction officielle depuis la fin de l’an dernier, a souligné que « c’est là le problème » (le fait que M. Fayulu n’ait pas été déclaré vainqueur du scrutin par la Commission nationale électorale indépendante, un verdict ensuite confirmé par la Cour constitutionnelle qui a proclamé la victoire de M. Tshisekedi).
« Les évêques (réunis au sein de la Conférence épiscopale nationale du Congo, Cenco, qui avait déployé une mission de quelque 40.000 observateurs électoraux) ont dit clairement que d’après leurs observateurs, c’est Fayulu qui a gagné les élections », a-t-il poursuivi.
La Cenco a affirmé dès début janvier – avant l’annonce des résultats par la Céni, seule habilitée à le faire en vertu de la loi congolaise – « que les données à sa disposition issues des procès-verbaux des bureaux de vote consacre le choix d’un candidat comme président de la République », sans jamais préciser quelles étaient ces données ni révéler le nom du vainqueur.
Selon Mgr Monsengwo, ces données ont été comparées avec celles du parti de M. Tshisekedi (l’Union pour la Démocratie et le Progrès social, UDPS, la formation historique d’opposition en RDC). « Et bien c’est Fayulu qui a gagné les élections », a répété l’ex-archevêque.
Mgr Monsengwo, figure morale et populaire déjà sous le régime du maréchal Mobutu Sese Seko (24 novembre 1965- 17 mai 1997), s’inscrit dans l’histoire de l’Église du Congo, engagée depuis l’indépendance de la Belgique, le 30 juin 1960, dans les questions de société. Il avait présidé en 1992-1993 la Conférence nationale souveraine (CNS), supposée libéraliser le pouvoir au Zaïre, puis une sorte de Parlement de transition, avant d’être écarté.
En 2011, le cardinal avait déjà contesté la réélection du président Joseph Kabila, en estimant que les résultats de la présidentielle – face à l’opposant historique Etienne Tshisekedi wa Mulumba – n’étaient « conformes ni à la vérité, ni à la justice ».
« Que les médiocres dégagent » avait-il encore lancé au début 2018 en visant le régime du président Kabila, après la répression meurtrière d’une marche catholique demandant le départ du chef de l’Etat, dont le second mandat s’était achevé en décembre 2016. Les élections pour désigner un successeur à M. Kabila ont finalement eu lieu le 30 décembre dernier, mais elles ont donné lieu à d’innombrables contestations, dont celle de M. Fayulu, qui continue à revendiquer la victoire avec 61% des voix et dénonce un accord entre MM. Kabila et Tshisekedi au détriment de la « vérité des urnes ».