Une tribune publiée dans le prestigieux quotidien juge sévèrement les premiers mois à l’Elysée du président français, dont l’attitude est qualifiée « d’arrogante ».
Pour l’universitaire, ce désamour est la conséquence de la faiblesse du projet d’Emmanuel Macron, qu’il estime « bien trop centré sur sa personnalité ». « Son attrait vient essentiellement de sa jeunesse, de son dynamisme, de son allure et de ses qualités oratoires. [Mais] une fois que le charme est rompu, il ne reste rien à ses soutiens pour l’apprécier ».
Pour Chris Bickerton, Emmanuel Macron – « l’enfant chéri de l’élite libérale mondiale » – a perdu son aura construite autour de son image anti-establishment à cause de son « attitude arrogante vis-à-vis du pouvoir ». Et l’intellectuel de citer sa déclaration au sujet d' »une présidence plus jupiterienne« , son discours au Congrès de Versailles, ou encore ses propos au sujet de la loi Travail qu’il vend comme « une révolution copernicienne« . « Beaucoup de Français se sont hérissés de ces accents monarchiques », écrit l’éditorialiste.
« Les retombées seront minimes »
L’action du président de la République, et notamment sa grande réforme du Code du travail, ne trouve pas non plus grâce à ses yeux. « Toute baisse continue du chômage en France serait la bienvenue, mais l’expérience d’autres pays suggère que cela impliquerait de nouvelles formes d’inégalité. En Allemagne, la réforme du marché du travail a mené à la prolifération de mini-jobs, un travail à temps partiel peu régulé et qui a pris la place du travail à temps plein dans certains secteurs ». Et d’ajouter : « la politique économique d’Emmanuel Macron favorise les employeurs par rapport aux salariés et ébrèche ce qui reste de l’Etat-providence français ».
Enfin, Chris Bickerton est également des plus sceptiques au sujet de la politique européenne d’Emmanuel Marcon. « Il a expliqué aux électeurs français que s’ils consentaient à des sacrifices, l’Union Européenne – et en particulier l’Allemagne – serait plus à même de proposer à la France des traités plus avantageux. » D’ailleurs, l’éditorialiste ne manque pas de souligner « les mots chaleureux de Berlin » concernant la loi Travail. Mais selon lui, « si Angela Merkel remporte [les élections fédérales du 24 septembre], son mandat ne sera pas celui d’une union fiscale européenne. [..] Elle n’a apporté son soutien qu’à une version très modeste de ce que propose Macron. Les retombées des sacrifices auxquelles la France aura souscrit seront minimes – et son Président ne sera sûrement pas plus populaire qu’il ne l’est actuellement ».
Avec Lepoint.fr