Nord-Kivu : André Miguel, le miroir de l’admiration d’un génie de l’art-visuel à l’Est de la RDC

Dans la ville de Butembo (Nord-Kivu), il est parmi les artistes brillants et passionnés dans l’art visuel. Il s’agit de Sengi André Miguel, Directeur du CTGM, Centre des travaux généralisés et maintenance, une agence de communication visuelle, et d’encadrement des jeunes et des anciens peintres dans les zones en conflit. 

Originaire de la province de Haut-Uélé, l’artiste-peintre vit dans la ville commerciale depuis quatre ans, où il force son admiration dans la communication visuelle. Dans son récit lundi 10 juillet 2023, le jeune entrepreneur affirme avoir appris à dessiner et à décorer dès le bas âge, un talent hérité de son père, enseignant à l’école primaire. 

L’artiste André Miguel Sengi dans son atelier au micro de notre correspondant à l’est Djiress Baloki

Dans son cabinet, plusieurs tableaux artistiques y sont exposés, transmettant différents messages. C’est entre autres des images pour décrier la misère des femmes suite à l’insécurité au Nord-Kivu et en Ituri à l’Est de la République Démocratique du Congo, sensibiliser à propos de la protection de la faune et la flore pour les générations actuelles et futures. André Miguel nous parle de son génie, et son dévouement dans l’art-visuel dans cet entretien réalisé par journaldesnations.net. 

journaldesnations.net : que peut-on retenir de ce jeune André Miguel devant nous? 

André Miguel : Je suis Directeur artistique du CTGM, centre des travaux généralisés et maintenance. C’est d’abord une agence de communication visuelle. C’est aussi un centre d’encadrement des jeunes dans les zones en conflit. Je ne suis pas natif de la région. Je suis venu de la Province de Haut-Uélé, à Isiro. Je suis venu à Butembo pour raison d’études. J’ai étudié à l’UAC, Université de l’Assomption au Congo, en communication. Et ça fait 4 ans que je suis dans la ville de Butembo. 

journaldesnations.net : qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans l’art-visuel ?   

André Miguel : C’est depuis mon enfance. Cet art, je l’ai hérité de mon père parce qu’il était enseignant. Alors, il avait une bonne calligraphie, et moi j’ai hérité de cette bonne main. Ce que j’ai ensuite développé jusqu’à ce jour. En plus, je suis allé me perfectionner en Ouganda. 

Journaldesantions.net : Sur les murs, on trouve certaines de vos  réalisations. Retenons, l’image de cette dame foncée dans son visage

André Miguel : Oui, ce tableau représente la vie que mène la femme du Kivu, de l’Ituri suite à l’insécurité. Les plaies représentent la souffrance, et la couleur noire devant son visage montre que son avenir est sombre, l’avenir est flou. C’est un message qui interpelle tout le monde. Parce que tout le monde a une part de responsabilité dans cette insécurité. 

Journaldesnatons.net : De l’autre côté, ce sont des animaux dans un parc. Tout autour, c’est une verdure et des arbres. C’est quoi le message ? 

André Miguel : cela représente directement la faune et la flore, donc la nature. Nous devons protéger la nature parce que c’est elle, la mère, notre vie en dépend. Nous devons à tout prix sensibiliser toutes les générations sur l’importance de la protection de l’environnement. L’apport de tout un chacun demeure indispensable en décourageant, surtout le déboisement et la chasse des animaux sauvages. 

Journaldesntions.net : Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés dans cet art ? 

André Miguel: Oui, il y a des défis. D’abord, il y a des personnes qui ne s’intéressent pas vraiment aux œuvres d’art. L’autre défi est qu’il y a des gens qui nous engagent pour aller travailler chez eux, et souvent quand on finit le travail, le payement devient tout un problème. Mais, cela ne doit pas nous décourager. Sinon, nous faisons de notre mieux pour nous dépasser parce que c’est vraiment un gros défi à relever. 

Journaldesnations.net : Quel est votre secret de réussite pour forcer votre admiration ? 

André Miguel : Le secret de la réussite, c’est presque comme tout le monde. C’est la passion. Il faut aimer ce que vous faites. Parce que si vous aimez votre travail, cela est considéré comme un levier pour vous permettre à aller là où vous voulez. D’ailleurs, aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’on a réussi parce que nous continuons à nous battre. 

Journaldesnations.net : Et l’art-visuel paie bien…

André Miguel : Non, on ne peut pas chômer parce que même s’il n’y a pas des commandes, vous vous concentrez à réaliser des tableaux qui vous viennent en tête, puis concevoir des tableaux qui ont trait avec la vie de la communauté. Et là, vous les mettez sur le marché. Bref, c’est l’argent que vous allez gagner. J’encourage la communauté à s’intéresser à l’art visuel, surtout que la motivation est personnelle. On peut s’inspirer aux personnes qui vous paraissent modèles. Franchement, dans ce sens, l’art visuel paie bien. 

Journaldesnations.net : André Miguel, merci

Propos recueillis par Djiress BALOKI/Nord-Kivu