Les mouvements citoyens et groupes de pression s’insurgent contre l’identification obligatoire et monnayée des voitures et véhicules à vitres teintées soit fumées sur l’ensemble de la province du Nord-Kivu (RDC).
Dans une déclaration publiée le mercredi 20 mars 2024 dans la ville de Butembo, ces activistes rejettent l’option sécuritaire avancée par le gouverneur militaire, Peter Chirimwami pour justifier la mesure d’enregistrement qualifiée « d’escroquerie » et dont les frais sont passés de 20 à 70 dollars américains.
Journal des Nations s’est entretenu avec ces acteurs et vous propose l’intégralité de ces échanges avec Jean-Pierre Kasma, l’un des militants de la Lucha (Lutte pour le Changement) section de Butembo.
Journaldesnations : Comment réagissent la Lucha et d’autres groupes de jeunes face à la mesure d’enregistrement des véhicules à vitres teintées d’origine prise par le gouverneur militaire ?
Jean-Pierre Kasma : Nous dénonçons cette mesure qui est d’abord illégale parce que nous sommes tous informés que l’Assemblée provinciale n’est pas en train de fonctionner. Il n’y a aucun édit sur lequel repose cette nouvelle taxe, donc pour nous c’est une taxe illégale. Mais aussi nous disons que c’est une taxe inopportune par le fait que nous ne connaissons pas le vrai soubassement de cette taxe, nous ne connaissons pas non plus la destination de cet argent parce qu’avec des raisons avancées, on nous parle des raisons sécuritaires.
Journal des Nations: Pour vous, cette raison ne tient pas débout ?
Jean-Pierre Kasma : Pas du tout. Est-ce qu’un bandit qui a une mission d’opérer peut ne pas faire enregistrer sa voiture pour avoir un libre passage. Nous pensons que ce n’est pas une garantie pour que la sécurité règne dans notre région. Ce qui nous étonne c’est de voir que des militaires se montrent puissant devant la pauvre population pendant les opérations de bouclage. Pour nous, ça ne passe pas. Cette taxe doit être annulée et l’argent déjà perçu doit être restitué aux bénéficiaires parce que nous sommes dans une zone qui devrait être déclarée ‘’zone sinistrée’’. Nous appelons donc le gouverneur à revenir sur sa décision. Et selon les informations à notre possession, il y aurait des comptes opaques sur lesquels sont virés ces fonds et nous ne comprenons pas pourquoi cette mesure doit continuer à être conservée, nous nous opposons catégoriquement.
Journal des Nations: A vous entendre parlez, vous êtes pour l’enregistrement et non pour le paiement de l’enregistrement ?
Jean-Pierre Kasma : Nous ne sommes même pas pour l’enregistrement parce que l’enregistrement n’est pas une garantie. Tout le monde peut faire enregistrer sa voiture et passer librement, nous sommes d’accord que les véhicules sont identifiables par leurs plaques. S’il faut qu’on identifie les véhicules qu’on passe par ce mécanisme d’immatriculation, mais enregistrer les véhicules à vitres teintées n’est pas une mesure qui va palier au grand défi que nous traversons dans notre région.
Journal des Nations: Et pour le moment l’on exige même l’identification d’une vitre fumée d’arrière pourtant d’origine…
Jean-Pierre Kasma : C’est seulement une escroquerie parce que quelqu’un qui a déjà fourni un effort de rendre claire toutes les autres vitres à l’exception de la dernière vitre celle de l’arrière qui est souvent une vitre teintée, lui exigé 70$ c’est une pure escroquerie. Donc ceux qui sont en train de céder à des intimidations nous les appelons aussi à résister. Au-delà de lever la mesure, ceux qui sont victimes de cette mesure illégale doivent se joindre à notre lutte pour obtenir gain de cause. Ce que nous craignons, lors des opérations de bouclage, les militaires armés sont sollicités pour contraindre le chauffeur de s’arrêter. Nous savons qu’il y a des soldats indisciplinés avec une solde insatisfaisante et avec tous les stupéfiants auxquels ils se livrent, nous craignons que ces militaires incontrôlés une fois qu’il y a une discussion avec le conducteur du véhicule, et le militaire tire sur le conducteur. C’est une imprudence car nous avons assisté à des cas pires où un militaire tire sur un civil à cause de 1000fc alors pour une somme de 70$.
Journal des Nations: Votre message aux députés provinciaux qui doivent parler au nom des électeurs ?
Jean-Pierre Kasma : Que les députés nouvellement élus voient le gouverneur militaire pour solliciter la suppression de ladite taxe. Même s’ils n’ont pas commencé à siéger, ils doivent défendre leurs électeurs. Mais aussi, les députés doivent suivre et vérifier l’affectation de l’argent reçu jusque-là. C’est une escroquerie que nous devons décourager par tous les moyens. Même des actions populaires seront initiés pour mettre un terme à cette opération
sans aucun soubassement.
Propos recueillis par Djiress Baloki/Journaldesnations.net