Ouganda: abandon des poursuites contre deux chanteurs ayant « perturbé » Museveni

Le ministère public ougandais a abandonné les poursuites contre deux musiciens qui étaient accusés d’avoir « perturbé la paix d’esprit du président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, avec une chanson suggérant qu’il devrait passer la main, a-t-on appris de source judiciaire.
Le chanteur David Mugema et le producteur John Muwanguzi avaient été arrêtés fin 2017 et étaient poursuivis pour avoir composé et diffusé sur internet une chanson intitulée « Mzei Wumula », qui signifie en luganda « Prends ta retraite, vieil homme ».

Le procureur arguait que la chanson « perturbait la paix d’esprit » du président Museveni, 73 ans.
« La direction du ministère public a écrit pour dire au tribunal que l’Etat a retiré les accusations », a déclaré à l’AFP Solomon Muyita, porte-parole de la justice ougandaise, sans expliquer les raisons de ce retrait. « Il n’y a plus de charges retenues contre les deux hommes », qui avaient été libérés sous caution fin 2017.
Ils avaient été arrêtés alors que le Parlement débattait d’une réforme constitutionnelle controversée supprimant l’âge limite fixé jusqu’alors à 75 ans pour être élu président. Cette réforme avait finalement été approuvée le 20 décembre par le Parlement, puis ratifiée par M. Museveni.
Lire aussi : Deux musiciens libérés après une chanson perturbant le président en Ouganda
Le texte réintroduit une limite au nombre de mandats présidentiels, qui avait été supprimée en 2005. Mais cette limite, fixée à deux mandats de cinq ans, n’entrera en vigueur qu’après la prochaine élection, ce qui pourrait permettre à M. Museveni de se présenter à nouveau à deux reprises.
Bien que la chanson de MM. Mugema et Muwanguzi ne nomme pas M. Museveni, le clip vidéo l’accompagnant mélange des images de lui et d’anciens chefs d’État ayant été déposés, comme l’Irakien Saddam Hussein ou le Zimbabwéen Robert Mugabe.
« Tu dois prendre ta retraite maintenant », scande la chanson. « Ceux qui refusent de partir pacifiquement, où sont-ils ? ». Le clip montre aussi des images de la police réprimant des manifestations.
Avec AFP

Laisser un commentaire