Les relations diplomatiques entre la RDC et la Belgique sont toujours tendues, constate-t-on. La dernière sortie médiatique du président congolais Joseph Kabila au journal Le Soir alimente les débats non
seulement à Kinshasa, mais aussi à Bruxelles.
«Le problème avec les Belges, c’est ce que j’appelle l’état d’esprit. Il y a des gens qui, en Belgique, croient que le Congo est encore une colonie, que les Belges doivent toujours avoir de l’ascendant sur les Congolais, tranche le président. Qu’est-ce qui nous divise avec la Belgique? Je considère que nous sommes des hommes libres, que le Congo est un pays indépendant et que nous n’avons pas de comptes à rendre à un ministre des Affaires étrangères qui se trouve en Belgique», avait
déclaré le Raïs congolais à notre consœur Belge Collette Braeckman.
Au cours d’un entretien qu’il nous a accordé dans son bureau de travail, le Vice-Premier ministre belge et ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a souligné que la Belgique ne se mêle pas des questions internes de la
RDC. «Je ne trouve aucun pêché si nous souhaitons que les engagements
pris par les Congolais entre eux soient respectés. Nous avons vu en décembre 2016, les acteurs politiques de la RDC signer des accords après des discussions organisées par les évêques de la CENCO (ndlr : conférence épiscopale nationale du Congo). Je ne vois pas tout ce qui
a d’ingérence lorsqu’on souhaite sa mise en application », a-t-il avancé.
Selon Didier Reynders, la Belgique est prête à toute coopération avec la RDC et cela se passera dans le respect des règles.
S’agissant de la décision par les autorités congolaises de ne pas accréditer les observateurs de l’Union européenne, le Vice-Premier ministre belge et ministre des Affaires étrangères estime que cela ne
constitue en aucun cas un problème. Selon lui, le souhait est que les élections se passent dans toute transparence.
Réagissant à la question de savoir si c’est possible que les sanctions infligées à certaines autorités congolaises, dont Emmanuel Ramazani Shadary, candidat FCC à la présidentielle du 23 décembre, pourrait
être levées, comme souhaité par l’Union africaine, le patron de la
diplomatie belge a fait savoir« qu’il ne s’agit pas d’une décision de
la Belgique mais plutôt de l’ensemble des pays membres de l’Union
européenne qui vont se décider à ce sujet ». Ce qui n’est pas vraiment
évident.
Position de la RDC vis-à-vis de la Maison Schengen
Depuis la fermeture de la Maison Schengen à Kinshasa, l’obtention des
visas pour l’espace Schengen n’est pas facile. Plusieurs Congolais
sont victimes de cette situation qui entrave à la libre circulation des uns et autres. Les rendez-vous d’affaires ou médicaux sont parfois annulés avec toutes ses conséquences.
Evoquant cette question au journal Le Soir, le président est ferme :« Ils peuvent aussi aller ailleurs dans le monde, il y a plus de 150 pays où ils pourraient aller. Il y a un prix à payer pour tout, y compris pour la dignité. De toute façon, je ne crois pas que cette
situation va durer. Il faudra trouver une solution, qui soit en faveur du respect, envers nos deux peuples. Entre le peuple belge et le peuple congolais, il ne peut pas y avoir de problème».
Réagissant à cela, le vice-premier ministre Reynders précise qu’on ne peut pas
imposer un modèle de fonctionnement à l’Union européenne. Il qualifie
aussi cela « d’ingérence ».
Patrick NZAZI